Avec les voitures d’occasion qui peuvent être importés jusqu’à l’âge de 8 ans, l’accès à un véhicule est devenu moins cher qu’auparavant alors que, du côté des concessionnaires, c’est la peur au ventre. Au moment où les ventes de véhicules neufs connaissent un coup d’arrêt, ceux d’occasion prennent l’ascenseur. Pour Assane Ndiaye, Directeur d’exploitation d’Espace Auto, c’est une promesse du candidat Macky Sall que devenu Président, il a voulu tenir pour un peu élargir et permettre aux Sénégalais de s’acheter un véhicule. «Ce qui se fait ressentir parce que, d’après les statistiques, on a recensé plus de 4000 véhicules d’occasion importés. A mon avis, c’est la mesure, qui est passée de 5 à 8 ans, qui a favorisé l’importation et a suscité un tel boom des véhicules d’occasion», estime-t-il. Comme résigné, il est conscient qu’il faut peaufiner des stratégies pour résister. «Nous sommes des professionnels de l’automobile. Nous sommes en train de développer des stratégies pour mieux nous positionner par rapport à ce marché qui, à mon avis, dans un futur proche, les gens comprendront qu’acheter un véhicule neuf est beaucoup plus avantageux qu’un véhicule d’occasion. Une voiture qui a 8 ans, au bout de 2 ans, il aura 10 ans et c’est beaucoup trop pour une machine. Ils comprendront alors… La mesure est là, tout le monde essaie d’en tirer profit. Je pense aussi que, nous concessionnaires, devons montrer aux gens qu’ils ont des avantages en achetant des véhicules neufs», assure-t-il. Même si elle reconnait que certains concessionnaires sont plus touchés que d’autres, Mme Sy de CCBM Automobiles estime que par la force des choses, ça va créer un climat défavorable pour les véhicules neufs. «Le marché sénégalais est extrêmement concurrentiel. Les gens ne vont pas se dire ‘oui je viens, je veux cette voiture’. L’acheteur-type, il va faire le tour de toutes les concessions, et au Sénégal, on n’est pas dépourvu de concessions, pas du tout…», convainc-t-elle.
Le Service après-vente comme principal argument
Si le patron de la CFAO estime qu’il faut développer des financements pour vendre plus et relever le secteur des véhicules neufs, ses collègues prennent le Service après-vente comme valeur ajoutée (SAV), pouvant pousser un client à préférer le véhicule neuf à celui d’occasion. Il faut que les produits financiers se développent au Sénégal. Il faut que l’économie nationale se développe avec plus d’investissements. Pour cela, il y aura beaucoup d’entreprises qui vont investir dans le pays, qui vont acheter des véhicules neufs. La population aura un pouvoir d’achat beaucoup plus important. «Les importateurs particuliers, ce sont rarement des entreprises. Ce sont des personnes physiques qui achètent en Europe des lots de voitures, qui n’embauchent pas de personnels, n’ont pas de SAV, pas de charges, qui passent, souvent, à travers les mailles du filet. Réellement, ce ne sont pas de sociétés formelles. C’est différent des concessionnaires qui ont des relations privilégiées avec un constructeur et offrent une garantie constructrice. Donc, des entreprises ne vont pas se hasarder à acheter des véhicules sans garanties, des véhicules pour lesquels, à la moindre panne, le client est laissé au désarroi», se défend M. Diop, Directeur commercial de Carrefour Automobile. Comme pour appuyer la plaidoirie de son collègue, M. Barth estime que le concessionnaire a l’avantage d’offrir un suivi et un SAV de qualité. «Avec les voitures d’occasion, ce n’est pas forcément le cas alors que, souvent, ce sont des voitures haut de gamme. Je ne suis même pas sûr qu’elles aient 5 ans. A propos du financement de la voiture d’occasion, soit vous le payez cash, soit on vous l’offre. Si on vous envoie la voiture, vous payez les droits de douane ici. J’ai essayé de faire venir, il y a un moment, des camions d’occasion parce qu’ici, il n’y avait pas de marché de camions neufs. Mais plus jamais de ma vie, je n’en ferai. Nous avons compris que ce n’était pas notre domaine. Chez le concessionnaire, au-delà de la voiture, il y a la formation, l’entretien, le service après-vente… Pour l’occasion, on vend et c’est tout. On ne sait même pas s’il paye les impôts», dit-il. Et la donne est dure pour les concessionnaires. Parce que si l’on en croit toujours M. Barth, le concessionnaire qui ne vend pas 30 à 40 voitures par mois, il ne peut pas vivre. «S’il n’y a pas une remise en question dans certaines structures, le loyer et autres…certains ne pourront pas continuer à survivre…», dit-il. Au-delà du SAV, la structuration qui caractérise les concessionnaires fait qu’ils bénéficient de la confiance des banques. Tout le contraire des importateurs de l’informel. C’est du moins ce que laisse penser M. Ndiaye d’Espace Auto. Selon lui, «les banques ont besoin d’entreprises structurées et formelles avant de prendre tout risque. A ce niveau, c’est un réel avantage. C’est-à-dire un salarié, aujourd’hui, qui achète un véhicule et qui ne veut pas payer cash 4 millions. S’il a un niveau de salaire qui lui permet d’avoir un prêt à la banque, c’est déjà un avantage».
Il poursuit sa réflexion en soutenant que «le 2ème avantage, c’est la garantie sur les véhicules. Vous achetez un véhicule d’occasion, vous l’amenez ici au Sénégal, sans garantie. Tous les problèmes qui pourront y advenir, c’est à vous de les supporter alors que le concessionnaire va vous donner une garantie qui n’émane pas de lui, mais du constructeur. L’autre avantage aussi, c’est le SAV qui suit parce que ce sont des véhicules qui sont tropicalisés d’origine. On sait que les véhicules qui viennent au Sénégal doivent répondre aux normes et le constructeur prend tout cela en compte. Le véhicule que l’on importe n’est pas conçu pour le Sénégal», finit-il par conclure.
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