Entre la reconquête totale des régions du Nord et l’organisation d’élections générales en juillet prochain, les autorités de la transition au Mali se trouvent bousculées par le temps et la pression des populations locales et de la communauté internationale. La pression est si forte que la machine politique montre parfois ses défaillances et son incapacité à résoudre certaines questions.
Depuis le début du mois de mars 2013, Bamako fonctionne à un rythme cadencé à cause des coupures intempestives qui affectent les activités socioéconomiques du pays. Le secteur industriel se soumet au rythme des délestages nocturnes et journaliers réduisant ainsi l’activité économiques au niveau des différentes chaines de production. A cela s’ajoute l’état d’urgence prolongé par le Président Dioncounda Traoré.
L’après-guerre est aujourd’hui la question la plus préoccupante pour bon nombre de Maliens et d’observateurs. Après le retour des déplacés internes et réfugiés, le challenge pour le Mali sera la reprise des activités de développement dans les différentes localités touchées par les séquelles du conflit. Mais, le plus difficile demeure la réconciliation nationale. Comment faire pour enterrer la hache de guerre et calmer les tensions xénophobes et l’esprit de vengeance ? C’est là l’autre étape du processus de retour à la paix au Mali.
Reprise totale de la coopération
Les différents partenaires du Mali, au plan bilatéral comme multilatéral, signent progressivement leur retour. Dans ce sens, plusieurs pays comme la France, la Chine, l’Allemagne et la Grande Bretagne ont dépêché des émissaires à Bamako pour annoncer la reprise des activités de coopération avec le pays.
Lors d’une visite au Mali, le ministre fédéral allemand de la Coopération a salué la bonne marche de l’organe de transition au Mali et annoncé que son pays allait reprendre systématiquement la coopération bilatérale. Dirk Niebel a informé que «l’Allemagne, l’Union Européenne et le Canada mettront à la disposition du Mali une enveloppe de 650 000 euros» afin d’accompagner le processus de mise en de la feuille de route transitoire.
En mi-mars, le Mali avait signé un document intitulé Cadre conjoint des Nations unies d’appui à la transition du Mali (CCAT). Il a été paraphé par le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiéman H. Coulibaly et le Représentant-résident des agences du Système des Nations unies au Mali, Aurélien A. Agbenonci. A terme, c’est près de 93,11 milliards Fcfa qui seront alloués au Mali pour les deux prochaines années.
70% des régions libérées
Le 8 mars, le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, a annoncé à Bamako que les régions du Nord Mali, sous occupation des groupes armés, ont été libérées à 70%. Le Mali et ses alliés africains et français mènent la dernière étape de l’opération de reconquête. Lors de cette visite, Le Drian a réitéré que la France poursuivra sa mission au Mali jusqu’à la libération totale des régions du Nord. «Je suis ici pour remercier les troupes françaises et m’imprégner des réalités du terrain. Je suis également venu rencontrer les autorités politiques du pays afin de discuter de l’avenir du pays», avait-il expliqué.
Il a dit qu’il était confiant à la bonne fin de l’Opération Serval. «Nous sommes face à des groupes armés déterminés. C’est la dernière étape de l’opération de la reconquête, mais la plus difficile aussi», a dit Le Drian. «Nous avons fait 70% du chemin mais nous devons faire 100%», a-t-il repris devant les troupes françaises.
Divorce entre Koulouba et la Maison de la Presse
La presse privée malienne (radio, journaux et sites web) a décrété une «journée sans presse» à partir du 12 mars. L’ensemble de ces organes avaient arrêté leurs publications jusqu’à la libération du Directeur du quotidien Le Républicain, arrêté une semaine plus tôt.
Boukary Dao a été arrêté suite à la publication d’un article sur la base d’une lettre ouverte de militaires au front adressé au Président par intérim. «Nous avons plus de d’agressions et d’arrestations de journalistes sous Dioncounda que sous Amadou Toumani Touré. C’est une situation que nous ne pouvons pas accepter», avait déclaré Alexis Kalembry, porte-parole du groupement patronal de la presse malienne. Qui affirme que ni le Premier ministre Diago Cissoko, ni le ministre de la Communication Manga Dembélé n’ont eu d’oreilles attentives à leurs sollicitations pour libérer le journaliste emprisonné.
Après quelques jours de «presse morte», le Directeur du Républicain a été transféré. En attendant son jugement prévu le 16 avril prochain, Boukary Daou est incarcéré à la prison centrale de Bamako. «Je suis en train de tout mettre en ouvre pour obtenir une liberté provisoire pour mon client. Dans le cas échéant, nous irons dans le fond des débats le 16 avril», a expliqué Me Cheick Oumar Konaré, avocat de Boukary Daou.
Le 28 février, un autre journaliste à Niono (100 km de Ségou) a été agressé. Dramane Traore de la Radio Kayira (proche de l’Opposition) a été agressé chez lui par des individus armés. Il a été admis le 2 mars dans un hôpital de Bamako pour des soins après avoir reçu un coup de couteau sur le crâne.
Pour dire «non» à tous ces excès, la presse malienne à tout simplement décidé de communiquer par le silence et rompre toute collaboration avec les autorités de la transition. «Nous avons décidé de ne plus couvrir les activités institutionnelles jusqu’à la libération de notre confrère», a confié Makan Koné, Président de la Maison de la Presse.
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