Le texte prend en compte la Constitution du 25 février 1992 de la République du Mali. En clair, le gouvernement de transition et les groupes armés ont convenu de faire recours au dialogue et à la négociation pour le règlement politique équitable et définitif de la crise, de respecter l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali, de considérer la forme républicaine et laïque de l’Etat, de rejeter toute forme d’extrémisme et de terrorisme…
L’accord de Ouaga, facilité par le médiateur de la Cedeao, Blaise Compaoré, vise à favoriser la tenue de l’élection présidentielle du 28 juillet prochain sur toute l’étendue du territoire, y compris à Kidal. Toute chose qui nécessite le retour de l’Armée nationale et de l’Administration centrale dans Kidal. Le même texte autorise le cantonnement des rebelles sur des sites de regroupement, hors de Kidal.
A la lecture de l’accord signé, on se pose la question de savoir pourquoi autant de temps perdu pour aboutir à un résultat qui aurait pu être obtenu avant l’infiltration des groupes armés défendeurs de la Charia islamique ?
Deux semaines après sa signature, l’accord de Ouaga continue d’animer le débat public à Bamako. Si la majorité des formations politiques ont salué le deal concluant du gouvernement malien, certains restent sceptiques quant à son respect par les groupes armés.
La Minusma prend fonction
Le Conseil de sécurité de l’ONU a validé, en fin juin, le mandat de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). La force onusienne remplacera la Misma qui a combattu auprès des forces maliennes et françaises depuis la contre-attaque des groupes armés contre la ville de Konna, en janvier 2013.
Cette force onusienne, au nombre de 12 600 hommes, aura comme principale mission de sécuriser les grandes villes du Nord et d’accompagner le processus de transition à Bamako et dans le reste du pays. Elle vient pour favoriser des conditions idoines pour l’organisation de l’élection présidentielle ce 28 juillet. Le déploiement des casques bleus démarre le 1er juillet.
Dans l’histoire des Casques bleus, jamais une mission n’a présenté autant de risques. Des menaces terroristes permanentes. Une résistance qui se fait au-delà des frontières du pays où se déroule la mission. Des actes isolés qui peuvent surprendre la mission, à tout moment. Bref, une mission compliquée pour les amis du Mali. Dans cette mission, une bonne partie des troupes françaises resteront pour poursuivre leurs actions.
La Force Serval, qui a joué un rôle capital dans la libération des régions Nord, restera encore sur ses positions, malgré le retrait progressif d’une bonne partie de ses troupes. Quelque 3 000 hommes sont toujours sur place pour soutenir l’installation de la Minusma. Mais à partir de la fin de l’année, 2000 autres hommes rejoindront leurs bases, soit en France, soit en Côte d’Ivoire.
Mais déjà, les équipes ont entamé des actions sur le terrain
Les principaux responsables de la Minusma et la Misma se sont rendus à Kidal le 28 juin pour des prises de contact. Le Représentant Spécial du Secrétaire Général et Chef de la Minusma, Bert Koenders, accompagné de Pierre Buyoya, Haut Représentant de l’Union africaine et Chef de la Misma, ont rencontré le chef traditionnel de Kidal, Intalla Ag Attaher, les représentants du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (Hcua) ainsi que les membres de la Société civile, a rapporté la Minusma dans un communiqué de presse.
«C’est la première fois que la communauté internationale accompagne la supervision de la mise en œuvre d’un tel accord au Mali. La réussite des dispositions prévues dans cet accord dépend de la volonté politique de l’ensemble de ses signataires» a déclaré M. Koenders. «Certains points peuvent représenter un défi à mettre en application. Néanmoins, je tiens à saluer votre courage et les efforts consentis jusqu’à présent. Il convient, à présent, d’appliquer les termes de l’accord», a-t-il ajouté.
Un léger mieux au sein des troupes maliennes
La crise au Sud du Mali, qui avait accentué celle du Nord, vient de connaitre un nouveau tournant décisif avec la réconciliation des troupes antagonistes. Grâce à l’intermédiation du Président Diocounda Traoré, des leaders communautaires et religieux, les «bérets rouges» ont réintégré maintenant les rangs de l’armée malienne. Dans une cérémonie le 26 juin dernier, les deux parties se sont donné la main afin d’enterrer la hache de guerre. Le capitaine Amadou Haya Sanogo a personnellement pris part à la rencontre.
La présidentielle entre espoir et incertitude
L’organisation de la Présidentielle au Mali, prévue le 28 juillet, se poursuit. Le ministère de l’Administration territoriale est en train de mettre les bouchées doubles pour terminer les derniers réglages. Mais du côté de la CENI, on doute fort si tout sera fin prêt. Autrement dit, le scrutin risque de connaitre un report si, toutes fois, certains préparatifs tels que la distribution des cartes ne sont pas à point. La distribution des cartes d’électeurs a démarré, le renouvellement du matériel électoral est en cours. Mais, avec les dures conditions climatiques et socioreligieuses (hivernage, canicule, ramadan) qui ne favorisent pas certaines opérations, l’incertitude s’installe. Mais, les Autorités de la transition vont-elles opter pour un report ? Wait and see…
De nombreuses candidatures déclarées…
Plusieurs candidats ont dévoilé leur intention de briguer la présidentielle. Parmi eux, quatre anciens Premiers ministres, Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, Modibo Sidibé (sous Amadou Toumani Touré), Soumana Sacko, l’ex-PM de la transition de 1991 avec ATT et enfin Cheick Modibo Diarra, récemment déposé par le capitaine Amadou Sanogo. Parmi les ténors, on peut également souligner Soumaïla Cissé, 2e à la Présidentielle de 2007 contre ATT, et aussi le candidat de l’Adema –Pasj, parti majoritaire dont est issu Dioncounda Traoré. L’ancien leader estudiantin Oumar Mariko, candidat du parti SADI, seul bord politique resté dans l’opposition durant les deux mandats d’ATT et qui a d’ailleurs salué le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Les tendances donnent favoris IBK, Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé et peut-être le candidat de l’Adema, Dramane Dembélé, ancien Directeur de la Géologie et des Mines, mais très peu connu du public malien. En effet, sa candidature a été presqu’une imposition de la jeunes du parti de l’ex-président Alpha Oumar Konaré. La jeunesse a voulu du sang neuf pour défendre, pour la première fois, les couleurs du parti. L’impopularité de Dramane Dembélé risque de donner un coup fatal à l’Adema qui, depuis le 1er mandat d’ATT, a grillé ses cartes de parti leader. La sanction de l’électorat risque d’être très sévère…
D’autres candidats comme Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé et IBK risquent les mêmes sanctions à cause de leur position et de leur gestion vis-à-vis de la crise sociopolitique. Difficile donc de faire un pronostic clair parmi tant de candidats. En tous les cas, l’électorat malien commence à réveiller sa conscience et entend prendre les choses en main pour sortir le pays de cette crise profonde.
Le remaniement qui fâche
Le président de la République par intérim a procédé, fin juin, à un léger réaménagement du gouvernement. Des permutations, ici et là, qui ont surpris plus d’un car survenues à quelques jours seulement du scrutin. Les ministères- clés tels que la Défense, les Affaires étrangères et Coopération internationale, l’Administration territoriale, la Sécurité intérieure, la Justice et l’Agriculture, n’ont pas senti le vent de la permutation.
En revanche, le plus grand changement a été opéré au niveau du ministère de l’Economie, des Finances et du Budget, précédemment dirigé par Tièna Coulibaly qui était le n° 2 du gouvernement. En effet, selon certaines sources, tout serait parti de là car Tiena Coulibaly, un homme «futé» et des fois trop rigoureux, aurait bloqué certains «dossiers à sous» à cause des lenteurs de procédures. Ne disposant pas beaucoup de temps, le gouvernement aurait décidé de le remplacer tout simplement par Mamadou Namory Traoré, auparavant ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les Institutions. Non seulement Tiena a été enlevé mais les Finances et le Budget ont été dissociés du méga-ministère de l’Economie, qui trimbale désormais l’Action humanitaire, et qui aura à gérer également des fonds dans ce cadre…
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