La force de l’image et du message passe mieux quand c’est une star qui est devant. Tous les marketeurs le savent et essaient d’allier l’image des produits qu’ils vendent à une personnalité de premier plan, capable de déclencher le réflexe d’achat. Le rappeur Dip Doundou Guiss est cette star bienfaisante pour la marque B and Shoes. Lancée depuis 2015 par l’entrepreneur Makhtar Baby et ses frères artisans, tous originaires de Ngaye, la marque a connu une notoriété grandissante après le tournage du clip du jeune chanteur de Grand-Yoff, sapé comme jamais aux couleurs et habits locaux.
« L’impact de Dip Doundou Guiss s’est fait ressentir aussi bien au niveau communicationnel qu’au niveau des ventes, parce que Dip est une star nationale. J’ai eu l’opportunité de travailler avec lui lors du tournage de son clip Sama Dome durant lequel, je me suis occupé des chaussures, des accessoires et d’une partie du décor. La critique a été positive et naturellement il y a eu un intérêt de la part de ses fans ou même des gens amateurs de rap ou pas qui ont vu le clip. Cela nous a permis d’avoir une grande visibilité, de susciter l’intérêt des amateurs et d’engranger de la crédibilité auprès du public, qui a pu découvrir notre large gamme de chaussures, notre point fort », avoue Makhtar Baby.
Avant cette quête de popularité, B and Shoes tentait de se démarquer du marché traditionnel des chaussures et de la maroquinerie nationale en proposant des chaussures fermées, des mocassins, des babouches de Ngaye, du nom de cette localité de la région de Thiès, considérée comme le pôle culturel et artisanal du Sénégal. Il fallait pour les membres de la famille Baby, produire et faire la promotion de produits made in Ngaye, en particulier et made in Sénégal en général. Insister sur la qualité du travail artisanal et l’aspect produit du terroir. Proposer plus que ce qui fait depuis des décennies en y apportant une touche de modernité, selon les cibles et les périodes. Ainsi, on peut trouver sur les articles B and Shoes, du wax, du bogolan… etc « On est assez ouvert par rapport à ce qui se fait sur le marché, et c’est cette variété qui nous permet entre autres, de réussir », affirme Makhtar Baby.
L’objectif de B and Shoes est de prouver à tous les Sénégalais d’abord et au reste du monde, ensuite que les chaussures ou accessoires faits à Ngaye sont d’aussi bonne qualité que ceux faits dans d’autres parties du monde. Makhtar et ses frères visent loin et ont de grandes ambitions d’où le nom B and Shoes. Certains pourraient penser que cela renvoie à Baby comme leur patronyme mais que non.
Un nom qui sonne bien
« Nous ne voulions pas nous limiter au marché national. Nous voulions un nom qui sonne bien, et qui marque rapidement les esprits, sénégalais comme étrangers. Nous avons fait des études de marché pour étudier tous les clients potentiels, et le plus grand marché est celui des États-Unis. Nous avons alors choisi un nom qui pourrait parler aussi bien aux Sénégalais qu’aux gens du monde entier. Pourtant, nous avons pensé choisir un nom sénégalais comme Dalou Ngaye, mais ce sont des appellations qui ont été déjà prises. Et au-delà de ça, Ngaye est un label : lorsqu’on parle de Ngaye, ça englobe tout ce qui concerne l’artisanat et pas seulement les chaussures. Le nom sonnait bizarre au début, mais les gens se sont rapidement habitués à B and Shoes. L’idée est que l’individu valorise son environnement à travers sa chaussure. C’est pourquoi on a choisi B (du verbe To Be en anglais, qui signifie Être en français) et Shoes (comprendre ici Chausser ou porter une chaussure, ndlr). Autrement dit, « soyez ce que vous chaussez », explique le jeune entrepreneur.
B and Shoes est donc une contribution d’une famille à la promotion d’une localité, d’un savoir-faire traditionnel qui tente de se moderniser et de coller à l’ère du temps. A cet effet, l’utilisation du digital pour exposer et vendre en ligne sur différentes plateformes est devenue banale pour la famille Baby et leurs collaborateurs. Oui ! B and Shoes travaille en collaboration avec 1500 artisans de Ngaye pour aider à faire connaître leurs produits. « J’ai fait des études en Économie et gestion à l’université, donc je sais globalement comment fonctionne une entreprise. Ainsi, grâce au fruit de notre travail depuis quatre ans, on a pu élargir nos perspectives et les opportunités sont désormais plus nombreuses. En outre, depuis quelques années les Sénégalais s’intéressent davantage à ce qui se fait au niveau local. La tendance commence à venir mais assez rapidement à mon goût. Et ce complexe du produit de l’extérieur commence à s’effriter en faveur du local. Cependant, on n’a pas encore atteint le point de basculement qui ferait que le marché soit assez important pour attirer des industries et investisseurs susceptibles de le mondialiser au sens large. Je suis de ceux qui pensent que consommer local est un pilier économique. C’est un accélérateur économique qui peut avoir des retombées transversales pour réduire le chômage au Sénégal », fait-il savoir.
Finalement, pour lui, le made In Sénégal est une manière de vivre, une appropriation des produits et productions locaux, dans tous les domaines. Il faut un appui réel et ferme des gouvernants pour accompagner ce mouvement économiquement bénéfique pour le Sénégal. Cela passe par des séries de mesures incitatives à l’entrepreneuriat, à l’investissement et à l’éclosion de PME artisanales.
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