A l’origine de sa création, figure le programme «Zéro bidonville» initié par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique. « En effet, c’est dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet que le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, par la loi n°2020.24 du 02 Juillet 2020, a autorisé la prise de participation publique majoritaire de l’État dans la société anonyme dénommée SAFRU S.A », souligne son Directeur général Maïssa Mahécor Diouf qui indique que le Programme « Zéro Bidonvilles » (PROZEDIB) est un programme intersectoriel et pluri-institutionnel qui cible plus de 2.500.000 de personnes, soit près de 300.000 ménages habitant dans les bidonvilles. Pour faciliter l’atteinte de ses objectifs, le PROZEBID est articulé autour de quatre domaines d’intervention, à savoir : la mise à niveau des bidonvilles ; l’augmentation significative de l’offre en logements par la construction, sur cinq ans, de 100.000 logements abordables ; la revitalisation économique des bidonvilles après leur mise à niveau ; et la promotion de la gouvernance et de l’équité territoriale. Ainsi, pour offrir aux Sénégalais à faibles revenus des logements décents à des coûts compris entre 11 et 12 millions de FCFA, l’État du Sénégal a mis en branle un ensemble de mécanismes complémentaires soutenus par des facilitations fiscales.
Faciliter l’accès au logement
Pour ce qui concerne le programme 100.000 logements sociaux, Daga Kholpa, localité située dans le département de Rufisque, a été choisie comme site pour lancer le programme et les travaux sont en cours, à en croire M. Diouf. « Aujourd’hui, nous avons déjà délimité une superficie de 500 ha sur environ 2.800 ha et avons commencé le paiement des impenses. La prise de possession sera effective incessamment », dit-il. Concrètement à Daga Kholpa, la SAFRU prendra en charge les travaux d’aménagement évalués à 3,5 millions par logement, afin de faciliter l’accès à un foncier sécurisé. Ainsi des assiettes seront aménagées gratuitement et mises à la disposition de promoteurs hautement qualifiés et rigoureusement sélectionnés, à travers des conventions, avec d’autres mesures afin d’atteindre la cible de 12 millions de FCfa comme prix unitaire des maisons qui seront proposées aux Sénégalais. « Et c’est le lieu de saluer la décision historique du Chef de l’État en faveur des victimes de NAMORA. En effet, 65 ha à Daga Kholpa seront mis à leur disposition pour réparer ces dommages », informe-t-il. Une vieille doléance vient d’être résolue pour ces nombreuses familles victimes de ce qu’on peut qualifier de grave scandale foncier.
D’ailleurs, il reconnaît que les attentes par rapport à ce projet sont ambitieuses et multiples. En effet, ce projet contribuera considérablement à la réduction de la pauvreté et est appelé à jouer un rôle déterminant dans la relance de l’économie post-Covid. Il se positionne comme un nouveau moteur de croissance, de créations d’emplois, d’inclusion sociale et de promotion de l’équité territoriale. Il va aussi contribuer au renforcement des métropoles d’équilibre, au développement de nouveaux sites industriels avec une bonne maîtrise de l’urbanisation.
Plusieurs milliards d’investissements
Il est connu que le financement d’un tel projet nécessite beaucoup de ressources. Selon le Directeur général de la SAFRU, le coût global du projet est estimé à 2.320 milliards de FCFA à supporter par les différents acteurs, chacun à la hauteur de ses capacités financières et de ses responsabilités professionnelles dans la chaîne de valeur. C’est donc dire que, dans une initiative aussi encadrée et formalisée que ce projet, il faut s’attendre à ce que toutes les transactions financières au premier degré se fassent à travers des institutions de financement (banques et autres). Il annonce que les banques et, dans une certaine mesure le Trésor public, seront donc au cœur des opérations de financement du projet au double titre de gestionnaires des comptes clients et d’émetteurs de créances. « Il est attendu que ses acteurs de premier plan (État, promoteurs, acquéreurs) contribuent au financement du projet. Ainsi l’État contribuera sous forme d’exonérations (manque à gagner) fiscales et de participation à la prise en charge des travaux de viabilisation primaires (directement en tant que maître d’ouvrage ou par l’intermédiaire de la SAFRU ou de sociétés de même nature). Pour ce qui concerne les promoteurs, ils cofinanceront, comme leurs efforts propres, les premières activités de leurs programmes en contrepartie des crédits revolving octroyés par les banques. Enfin, les acquéreurs contribueront sous forme d’apport personnel en contrepartie de la mise en place des crédits acquéreurs », souligne Mahécor Diouf. A son avis, le foncier est un élément de coût hautement spéculatif qui impacte le prix de sortie de tout investissement. « Aussi, tout foncier accueillant des infrastructures voit sa valeur propre s’apprécier. Il arrive même que des sites environnants, situés dans un rayon plus ou moins distant, bénéficient de cette plus-value foncière sous l’influence et les effets induits des investissements hors site », soutient-il.
D’ailleurs, il estime que cette plus-value foncière pourrait être mise à profit par l’État pour faire face à ses énormes obligations financières. « Dans le contexte économique actuel, il ne sera pas aisé pour l’État de décaisser tout l’argent nécessaire pour la viabilisation. Pour surmonter cette contrainte et par le canal de la SAFRU S.A, il est prévu d’utiliser une portion du foncier qui sera libéré et aménagé pour couvrir une partie des frais liés à l’aménagement. Pour chaque zone, les prix du marché recueillis auprès des structures compétentes (Services des Domaines, Notaires, etc.) serviront de références pour calculer et tirer avantage de la plus-value foncière sous forme de partenariat avec les acteurs intéressés comme les promoteurs, les entrepreneurs des BTP ou autres investisseurs », renseigne Mahécor Diouf.
Une approche révolutionnaire
Au demeurant, le foncier constitue encore aujourd’hui un véritable problème. A même de susciter beaucoup de controverses. Dans le cadre du projet, la gestion peut permettre de parer à ce genre de problèmes. Le Directeur général de la SAFRU S.A certifie que, pour une bonne mise en œuvre du projet, il faudrait donc mobiliser dans les meilleurs délais et à moindre coûts le foncier public nécessaire pour les 100.000 logements. « Ce foncier est disponible dans les pôles urbains conçus pour abriter toutes les fonctions de la ville moderne et dans les assiettes du domaine national à l’intérieur des périmètres sous le contrôle des collectivités territoriales », dévoile-t-il. A ce sujet, il confirme que la mise en place de deux approches permettra d’avoir un maillage structurant. L’Approche « Pôles urbains » avec 60% des logements du projet prévus dans le triangle Dakar-Thiès-Mbour qui abrite déjà 6 des 29 pôles urbains. « Ces Pôles, particulièrement ceux de Diamniadio, du Lac Rose et de Daga Kholpa qui sont les plus avancés en termes d’immatriculation et d’autres procédures de sécurisation foncières, disposent d’assiettes dédiées à l’habitat. Ils peuvent ainsi servir de sites pilotes face aux exigences de célérité attachées au projet », expose Mahécor Diouf. Qui y ajoute aussi l’Approche « Assiettes des Collectivités territoriales ». « C’est ainsi que 40% des logements seront réalisés hors des régions de Dakar et de Thiès, dans des villes de plus de 10.000 habitants. D’où la nécessité d’impliquer les autorités locales dans l’identification, la sécurisation et l’affectation des assiettes foncières se trouvant dans leur territoire et pouvant être facilement mobilisées », garantit-il.
Une envergure nationale
Il souligne à cet effet que le projet a une envergure nationale et vise à assurer un bon maillage du pays. Aussi rappelle-t-il que le projet porte sur la construction de 100 000 logements, dont 60% seront réalisés dans le triangle Dakar-Thiès-Mbour et 40% dans toutes les autres villes du Sénégal de plus de dix mille (10 000) habitants, conformément aux orientations stratégiques du Plan d’aménagement et de développement territorial (PNADT) qui promeut l’érection de métropoles d’équilibre. « La répartition est faite ainsi avec 50% des logements destinés aux demandeurs primo-accédant dont le revenu mensuel ne dépasse pas 450 000 FCFA. Ils seront choisis sur la plateforme d’inscription mise en place par l’État. Egalement 20% seront réservés à nos compatriotes de la Diaspora qui doivent être accompagnés et surtout rassurés ; et 30% seront d’un standing plus élevé pour assurer une mixité sociale, mais surtout permettre au promoteur de faire une péréquation financière », affirme-t-il.
Aujourd’hui, il annonce que les promoteurs et les sites de la phase pilote sont déjà identifiés. Il s’agit de quinze projets répartis entre les régions de Dakar à Bambilor sur 3 sites, de Thiès à Notto Diobass, Tivaouane, Mont-Rolland, Diass et Sandiara, de Saint-Louis à Gandon et Podor, de Kaolack dans la Ville de Kaolack, de Kolda dans la Ville de Kolda, de Tambacounda à Bakel, de Louga à Kébémer et de Fatick à Gossas.
Néanmoins, ce ne sera pas à la SAFRU que sera confiée la gestion des logements sociaux une fois le chantier réceptionné. « Il faut juste rappeler que la SAFRU intervient en amont de la construction des logements. Elle a en charge la bonne mise en œuvre de l’aménagement du site de Daga Kholpa (amener des réseaux primaires : eau, électricité, assainissement ; réalisation des voiries principales) dans le respect des exigences environnementales. Elle réalisera également des équipements publics au niveau des sites aménagés avec une mixité fonctionnelle », évoque-t-il.
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