Malgré la lenteur de la reprise mondiale après la crise financière que nous avons traversée, la situation actuelle est meilleure que nous ne pensons généralement.
Ce début d’année 2014 nous incite à être plus optimistes. Aux États-Unis, la croissance économique devrait s’approcher des 3%, avec un million d’emplois créés au cours de l’année écoulée. La croissance chinoise est modérée mais se maintiendra probablement au-dessus des 7% ; et même la zone euro renoue enfin avec la croissance. Bien entendu, la reprise reste fragile et le resserrement monétaire américain devra être géré avec précaution.
Néanmoins, il faut rappeler que le revenu mondial par habitant s’est accru de plus de 60% au cours de la dernière décennie et que la classe moyenne mondiale devrait passer d’1,8 milliard d’individus aujourd’hui à quelque 3,2 milliards d’ici dix ans. Dans la plupart des pays les plus peuplés de la planète, tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie, ainsi que l’Afrique, des centaines de millions de personnes ont rejoint les rangs de la classe moyenne.
Cette amélioration est en grande partie due à l’évolution de nos modes de pensée, à l’intuition que la libéralisation des échanges et une efficacité gouvernementale accrue contribuent à la prospérité ; et que des citoyens avertis et engagés ont autant voire davantage de pouvoir sur leur propre destin que n’importe quel gouvernement n’en aura jamais.
L’histoire récente nous enseigne que le véritable progrès se fonde toujours sur des principes simples. Il ne faut jamais dépenser l’argent que l’on n’a pas ; aucun pays n’a jamais atteint la prospérité en se contentant de prélever des impôts ou de distribuer des subventions ; le problème de la dette et du déficit ne se résout pas en s’endettant davantage et en creusant le déficit ; enfin, les bénéfices des entreprises sont le signe de leur réussite et donc un motif de fierté.
De fait, une société ne peut prospérer sans une économie solide, qui elle-même requiert l’existence d’un secteur privé rentable. Le grand enjeu, partout, est de promouvoir une croissance et un emploi durables, portés par le secteur privé.
À la présidence du G20, l’Australie est bien placée pour contribuer à la relance de la croissance économique mondiale, laquelle dépend à la fois de l’environnement international et des politiques menées au niveau national.
La raison d’être du G20 est de traiter des problèmes que les États nations ne sont pas capables de résoudre seuls. Notre programme de travail accordera donc la priorité aux domaines qui bénéficieront le plus d’une action internationale coordonnée : le commerce, les infrastructures, la fiscalité et le système bancaire.
Comme toujours, le commerce sera prioritaire, car chaque échange commercial libre entre deux entités entraîne une création de richesse.
Le G20 devrait tout au moins réitérer son opposition à tout protectionnisme et sa détermination à œuvrer en faveur de marchés plus libres. Chaque pays devrait s’attacher à renouveler son engagement en faveur de la libéralisation des échanges bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux.
À long terme, le commerce bénéficie à tous, puisqu’il pousse chaque pays à se spécialiser dans les domaines qui font sa force. Une économie mondialisée, favorisant l’investissement international, est dans l’intérêt de tous car elle crée davantage de richesse et donc d’emplois.
L’un des effets secondaires de la mondialisation est de permettre aux entreprises de profiter de différents régimes fiscaux.
Le G20 continuera à chercher des solutions au problème que posent ces sociétés qui dégagent des bénéfices pour les consacrer à rechercher des opportunités fiscales plutôt que commerciales. Ceci repose sur un principe fondamental : il est normal de payer des impôts dans le pays où les bénéfices ont été réalisés.
Si les dirigeants des nations qui représentent 85% du PIB de la planète parviennent seulement à s’accorder sur les principes devant être fixés pour garantir une fiscalité juste, à l’heure de la mondialisation, alors nous aurons réalisé une avancée décisive.
J’espère avoir un échange franc avec les dirigeants du G20 à propos des grands défis auxquels nous sommes confrontés, notamment la révolution numérique et ses implications en matière de fiscalité, de commerce et d’intégration mondiale.
Par ailleurs, presque tous les pays souffrent d’un manque d’infrastructures et rencontrent des difficultés à financer celles dont ils ont besoin. L’OCDE estime que plus de 50 000 milliards de dollars d’investissement dans les infrastructures sont nécessaires à travers le monde d’ici à 2030.
Il faut faciliter le développement de projets d’infrastructures, notamment en attirant davantage de capitaux privés grâce à des politiques de fixation des prix raisonnables et à de meilleures pratiques réglementaires.
Mon ambition est de réunir responsables politiques, financiers et constructeurs afin d’évoquer le financement à long terme des projets d’infrastructures.
Le G20 a adopté sa forme actuelle en réponse à la crise déclenchée par de mauvaises pratiques bancaires.
Le renforcement de la résilience du secteur financier est donc au cœur des activités du G20. Cela consiste notamment à pouvoir prévenir ou à gérer la faillite des grands établissements financiers mondiaux, à rendre les marchés de produits dérivés plus sûrs, et à intensifier la surveillance du secteur bancaire parallèle.
La régulation du secteur financier est un processus qui requiert un perpétuel ajustement ; elle exige des autorités qu’elles se tiennent constamment informées des évolutions du secteur, au lieu d’avoir toujours une longueur de retard comme c’était le cas avant la crise.
L’Australie estime que le rôle du G20 est de simplifier la vie des citoyens que les gouvernements se doivent de servir. Car enfin, le G20 n’est pas une affaire de gouvernements ; c’est une instance au service du peuple, notre maître à tous.
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