Après dix ans à la tête de la Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurances (FSSA), vous avez décidé de ne pas vous représenter à la tête de cette structure. Quel bilan tirez-vous de votre présidence ?
Soutenu par une équipe engagée, mes cinq (5) mandats de deux (2) ans ont été marqués par d’importantes réalisations, parmi lesquelles la défiscalisation des Assurances de personnes et l’allégement de la fiscalité des produits dommages, ainsi que la systématisation de la délivrance de l’attestation carte-brune CEDEAO.
Il y a aussi la mise en place de Taxawuleen-Constat à l’amiable gratuit, la dématérialisation de l’Assurance facultés à travers le système d’information ORBUS et l’organisation des premières journées portes ouvertes de l’Assurance. Sans compter une forte communication sur les produits de masse comme la Multirisque Habitation (MRH) et les Indemnités de Fin de Carrière (IFC).
La FSSA a aussi réalisé le projet de construction de la Maison de l’Assurance et initié l’élaboration d’un plan stratégique de développement de l’Assurance sénégalaise qui permettra une forte progression du chiffre d’affaires du secteur qui a atteint la barre des 150 milliards de FCFA. Tous ces résultats ont valu à la FSSA d’être primée en 2011 «meilleur marché» par la FANAF, lors de la première édition du prix Ahmadou KOUROUMA et au marché sénégalais d’être l’invité d’honneur au Rendez-vous de Casablanca en 2017.
Avec le recul, quel serait, selon vous, les défis qui attendent la corporation des assureurs et surtout son nouveau Président ?
Je réitère ma confiance au nouveau bureau et à son Président, Mouhamadou Noba, qui était membre du bureau sortant donc co-acteur de toutes ces réalisations. Les grands défis qui attendent la corporation des assureurs, à travers son bureau, devront figurer dans le Plan Stratégique de Développement de l’Assurance PSDA en cours d’élaboration. Les grands axes de cette étude s’articulent autour de l’amélioration du taux de pénétration de l’Assurance, à travers l’augmentation du nombre d’Assurances obligatoires qui est actuellement de cinq (5), alors que le marché français en compte plus de 105. Ceci aura un fort impact sur le chiffre d’affaires.
«La CNART va s’inscrire dans la dynamique de la mise en œuvre du plan stratégique élaboré par la FSSA»
Nous sommes conscients que l’atteinte de notre objectif qui est le développement de la culture de l’Assurance est inhérente à une nette amélioration de la qualité de service, à travers, principalement, une accélération de la cadence de règlement des sinistres.
Maintenant que vous avez repris vos activités à la CNART, pouvez-vous nous parler d’elle ?
La Compagnie Nationale d’Assurances et de Réassurances des Transporteurs (CNART) est une société d’Assurances IARDT agréée par arrêté ministériel en date du 31 Décembre 1999. Son Capital initial de Cinq Cent Millions de Francs (500.000.000 FCFA) est passé en 2008 à un milliard (1.000.000.000) de FCFA puis à 1,5 milliard (1 500.000.000) de FCFA en 2010. Elle atteindra les 5 milliards (3 000 000 000) exigés par la CIMA au plus tard à la fin de l’année 2017. Le capital de la société est à 100% souscrit par des opérateurs économiques sénégalais issus de divers secteurs d’activités.
Pour se rapprocher de la population, la Cnart a développé, dès sa création, une politique de gestion de proximité en implantant plusieurs agences à Dakar et dans les régions et en collaborant avec un grand nombre d’intermédiaires indépendants. La société a su accroitre sa rentabilité par la gestion d’actifs financiers (actions, obligations, …), les dépôts en banque, le développement de l’immobilier etc. La Cnart est aujourd’hui en progression constante, ce qui lui a valu son sixième rang dans le marché sénégalais qui compte 18 compagnies IARDT. Elle va s’inscrire dans la dynamique de la mise en œuvre du plan stratégique élaboré par la FSSA.
Le secteur a-t-il les moyens d’accompagner le financement des grands projets lancés dans le cadre du Plan Sénégal Emergent et la micro-assurance ?
Notre statut d’investisseur institutionnel nous met en position de pouvoir participer, de manière significative, au financement des programmes du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Mais un constat s’impose, le secteur informel, fortement représenté dans la population active et les couches vulnérables, n’est pas pris en charge dans les produits commercialisés. Ce constat a entraîné le développement de la micro-assurance, à travers la création du Pool de Micro Assurance Santé (Pmas) pour faciliter l’accès aux soins de santé et de la Compagnie Nationale d’Assurances Agricole de Sénégal (Cnaas) pour couvrir les risques liés au secteur primaire.
Nous sommes conscients qu’il reste beaucoup à faire et nous sommes soutenus par le législateur supranational (CIMA) qui a créé un cadre réglementaire pour le développement de la micro-assurance dans nos pays, à travers la délivrance d’un agrément pour proposer des produits de micro-assurance.
Aujourd’hui, tous les domaines d’activités sont influencés par le numérique. Au niveau de la CNART, comment comptez-vous prendre ce virage du digital ?
La CNART a compris que le développement de l’Assurance passe par le digital qui est une révolution incontournable, un accélérateur d’innovations. Mais il faut souligner que la transformation digitale n’est pas un phénomène nouveau : l’informatique d’entreprise en était le premier palier. Dans ce processus orienté client, chaque entreprise doit définir sa stratégie pour réussir à attirer de nouveaux clients et à fidéliser ses assurés. Les grands axes d’un processus de digitalisation peuvent s’articuler autour d’une présence sur le web via un site Internet intégrant les réseaux sociaux, le développement de l’Assurance électronique, la mise en place d’un extranet ouvert aux assurés, de l’utilisation des objets connectés, de la collecte et l’analyse des données afin de proposer des offres personnalisées etc.
«Nous sommes tous conscients que le digital est notre meilleur allié pour jouer pleinement notre rôle»
Cette digitalisation du parcours client devra entraîner une réorganisation de nos équipes internes pour assurer l’instantanéité dans les échanges avec nos clients et prospects. En effet, la réactivité des assureurs lors du traitement des requêtes des assurés améliore l’expérience client qui est considérée comme une source d’influence pour la satisfaction et la fidélisation des clients. Nos entreprises devront acquérir des outils de gestion qui permettront de centraliser les informations des assurés et d’automatiser les processus de gestion des contrats et de paiement des sinistres, afin de gagner en productivité et d’assurer un meilleur suivi des assurés et bénéficiaires de contrats.
La transformation digitale est devenue un axe prioritaire pour toutes les entreprises qui souhaitent se développer dans un monde de plus en plus globalisé, connecté et dématérialisé. Elle affecte le cœur même de l’activité de l’entreprise : son business, son organisation, son mode de management.
Nous sommes tous conscients que le digital est notre meilleur allié pour jouer pleinement notre rôle.
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