Le travail domestique non rémunéré serait évalué à 30% du Produit intérieur brut (PIB) du Sénégal en 2011, s’il était pris en compte dans les comptes nationaux, a-t-on appris, lors d’un atelier de restitution des résultats d’une étude réalisée sur le sujet.
Ces recherches ont été réalisées par le Centre de recherche en économie appliquée de l’Université de Thiès (CREFAT) sur la base des conclusions de l’Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS) de 2011. Elles montrent que le travail domestique non rémunéré est principalement dominé par le fait de s’occuper des enfants et des personnes âgées qui reviendrait selon les simulations à 11% du PIB. Les chercheurs ont évalué à 4,7% le temps consacré à la cuisine au profit de ses proches et enfin, à 4,3%, le fait d’aller faire des courses pour la famille.
Le Dr. Latif Dramani, coordonnateur du CREFAT qui a conduit l’étude, a expliqué que les travaux ne concernent pas les tâches accomplies par des employés de maisons qui sont rémunérés pour leurs prestations. « Ce travail est déjà calculé dans les comptes nationaux du pays », a-t-il précisé, en indiquant que dans le cadre de l’étude, il est question du travail accompli par les femmes au foyer et parfois des hommes au profit de leurs proches sans percevoir une contrepartie financière.
Les simulations faites pour valoriser ce temps de travail renseignent qu’en 2011, il aurait pu représenter 15,5 du PIB du secteur primaire alors que dans le secondaire, cette part est évaluée à 23,3%.
Dans le PIB national, l’apport du travail domestique des femmes a été quantifié à 19,1% contre 9,2 pour les hommes en 2011. L’étude indique aussi que par jour, l’homme consacre en moyenne trente minutes aux besognes de la maison alors que la femme y met généralement sept heures. Paradoxalement, notent les chercheurs du CREFAT, les hommes consomment beaucoup plus d’heures de travail domestique que les femmes.
Le Nettoyage, la blanchisserie, la cuisine, le baby-sitting, les soins aux personnes âgées, le bricolage, chercher de l’eau, chercher du bois et faire des courses sont les neuf activités domestiques que les recherches ont relevé pour le contexte sénégalais.
« Cette étude permet à terme d’entrer dans le détail de l’analyse des effets des différentes politiques publiques qui devraient concourir à consolider, stabiliser ou infléchir les équilibres et arbitrages au sein des familles quant à la place et au rôle respectif des hommes et femmes tant en matière d’offre de travail domestique ou non domestique », a développé le Dr. Dramani.
Il a mentionné que l’étude a été réalisée dans le cadre du projet « Counting Women’s Work » (CWW), initié par des chercheurs des universités du Nord et du Sud. Son but est de mieux cerner la problématique du genre dans la participation à la création de la richesse dans les différents pays. Le CWW qui a été lancé en mai 2014 à Cape Town, en Afrique du Sud, prend en compte l’Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya et le Sénégal sur le continent africain. Ailleurs dans le monde, les Etats-Unis, la Slovénie, l’Inde, le Vietnam et l’Uruguay sont concernés.
Pour le Sénégal, l’étude menée par le CREFAT a été appuyée par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA, sigLe en anglais).
PANA
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