«Les taxis-bagages servent à transporter de la marchandise mais aussi, ils sont utilisés pour le déménagement», explique Mohamed Bobo Barry, la vingtaine, les clefs d’une voiture à la main. Trouvé à la Rue Fleurus au Plateau (Dakar centre), Mohamed se livre à cette activité depuis 2006. Comme la plupart de ses camarades, il gare son véhicule en attendant de la marchandise à transporter. Ici, les courses se font en fonction des connaissances. «Ce sont les clients qui choisissent le chauffeur. Parfois, ils nous appelle pour demander de prendre des bagages auprès de leurs fournisseurs pour les amener chez eux», dit-il.
Sous le poids de la concurrence, ces jeunes ne prennent pas souvent la peine de vérifier ce qu’ils chargent dans leur véhicule. «Ici, on ne sélectionne pas ce qu’on prend en chargement mais plutôt ce que la voiture peut contenir. Il nous arrive souvent de prendre des bagages qui ont une fausse facture», ajoute le jeune Barry.
Si Mohamed et ses camarades se précipitent sur les bagages, c’est tout à fait le contraire pour ces transporteurs de Thiaroye Guinaw Rail, une localité située dans la banlieue dakaroise. Ils affirment qu’ils inspectent toujours les produits avant de les prendre.
«Les bagages importés doivent avoir une facture et un numéro de déclaration s’ils doivent être transportés hors de Dakar. Ce numéro permettra à la Douane, en cas de saisie du matériel, de savoir le conteneur qui avait déchargé ces bagages», soutient Amath Diack, transporteur de taxi-bagages.
«Si ce numéro est différent de celui qui est enregistré au Port Autonome de Dakar, les bagages seront saisis par la Douane et le propriétaire sera obligé de payer des amendes. Si c’est de la fraude, la voiture est aussi saisie et le chauffeur est considéré comme un complice», poursuit Amath. Ce dernier, qui exerce ce travail depuis plus de dix ans, revient sur les conditions de travail. «Avant, on pouvait verser 10 000 FCFA/ jour. Mais depuis 2008, le travail est au ralenti. Les clients m’appelaient, un jour avant, pour réserver une course. Certains m’attendaient sur les bancs du garage et je contactais des collègues transporteurs pour leur confier certains clients», fait-il savoir.
Aujourd’hui, le marché des taxi-bagages devient de plus en plus saturé. Ces chauffeurs qui ne gagnent, pour la plupart du temps, qu’entre 40 000 et 50 000 FCFA par mois, peuvent quelques fois, avoir 100 000 FCFA à la fin du mois. La somme est, en général, partagée en trois parts égales : celle du véhicule pour sa maintenance, celle du propriétaire et celle du chauffeur qui se réserve le droit de payer ses employés comme les jeunes qui chargent et déchargent les bagages.
«On travaille pour se nourrir au jour le jour. Et on est obligé de faire de la surcharge pour s’en sortir car on n’a pas le choix», révèle Fodé Sylla, chauffeur guinéen au marché Thiaroye de Guinaw Ray.
Fodé estime que les commerçants participent au ralentissement de leur chiffre d’affaires. «Beaucoup de commerçants achètent leur propres voitures. Chacun doit faire son travail car une personne ne doit pas faire plusieurs boulots à la fois. Cela freine l’économie», se désole Fodé Sylla.
Même si le transport des bagages nourrit à peine son homme, le secteur est loin d’être sur le point de sombrer. Beaucoup de jeunes s’y mettent en espérant, un jour, être embauchés.
«C’est un métier qui peut être prometteur car de taxi-bagagiste, on peut devenir chauffeur de voiture d’un particulier. Je connais beaucoup d’ex-collègues qui ont été embauchés par des gens pour qui ils transportaient des bagages», admet Mohamed Bobo Barry.
Discussion à ce sujet post