Malgré un exercice 2013 en demi-teinte, la BIS est en train de dérouler un plan stratégique de renforcement de sa structure financière, d’élargissement de son réseau et de diversifications de ses services et produits. Le Sukuk, produit-phare de la Finance islamique initié pour 100 Milliards FCFA avec l’Etat du Sénégal va être élargi au Secteur privé ainsi qu’aux Collectivités locales.
Faites nous un commentaire de l’exercice 2013
L’exercice 2013 a été assez satisfaisant compte tenu de l’environnement économique marqué par une tendance au ralentissement, voire à la stagnation de l’économie. Les activités bancaires ont, pour l’essentiel, porté sur le court et le moyen terme du fait d’une volatilité relative du marché. Ce qui nécessite un effort de renouvellement permanent du fonds de commerce.
Concernant la BIS en 2013, nous nous sommes surtout focalisés sur le développement du réseau, la préservation de certains acquis, le renforcement de notre présence dans la région de Dakar et de Touba. Nous nous sommes également employés à améliorer le profil qualitatif de notre portefeuille. Aujourd’hui, en termes de crédits en souffrance par rapport au total des financements, nous avons parmi les meilleurs ratios de la place. Nous avons aussi mis en œuvre une politique de renforcement des fonds propres. Ce qui a rehaussé la solvabilité de la banque et son assise financière. Nos fonds Propres ressortent à près de 25 milliards FCFA, nous nous portons bien, de ce point de vue. Nous avons aussi essayé de rationnaliser des activités qui sont mieux dirigées et plus compétitives au regard de la rentabilité pure.
Nous avons fini par sortir un résultat d’un peu plus de 2 milliards. Par rapport à la taille du bilan et aux fonds propres, c’est assez satisfaisant. Maintenant, le total bilan a pu se comprimer à cause de la mesure des autorités publiques de retrait d’un certain nombre de dépôts. Du coup, notre total bilan s’est contracté et je puis vous assurer que nous avons rattrapé, par ailleurs, une bonne partie des fonds restitués à l’Etat suite à cette mesure.
Mais on a constaté les contre-performances sur 2 exercices…
C’est parce que les dépôts restitués l’ont effectivement été sur ces 2 exercices. J’ai l’habitude de dire que la Finance islamique s’adresse à l’Etat, mais aussi aux entreprises et ménages. Il faut comprendre que l’offre destinée à l’Etat est d’une taille critique assez significative qui devrait en faire un Partenaire privilégié. Le Sukuk que le Groupe a lancé en a été une parfaite illustration. Beaucoup de Sénégalais pensent que notre action se limite au financement du pèlerinage, chiffré à quelques milliards. Nous sommes intéressés par les grands travaux, les programmes d’infrastructures, le financement de certains secteurs stratégiques et ça nécessite des ressources assez importantes. En retour, les dépôts de l’Etat nous intéressent et il s’agit, pour nous, d’offrir des conditions de rémunération avantageuses et compétitives par rapport au marché.
Ces contre-performances ne sont-elles pas le contre- coup des croissances explosives des 1ière années ou est-ce à dire que l’âge d’or est fini ?
Non, du tout, loin s’en faut ! Nous avons démarré en 2009 avec 3 agences et aujourd’hui, on est à +20 agences. Nous offrons aussi des services monétiques grâce à l’investissement dans un réseau de distributeurs (GAB). Nous nous sommes dotés d’un nouveau système d’information et c’est assez coûteux. Nous essayons de mettre en place un business model qui soit viable, rentable et assis sur une base clientèle stable parce que plus élargie.
Quand nous démarrions en 2009, nous sommes partis de très petit. Il y a eu des événements exceptionnels dans la vie de la banque qui ont favorisé sa croissance. Aujourd’hui qu’on est à près de 150 milliards de total bilan, la croissance ne sera pas au même pourcentage, certainement. Il sera difficile de doubler le total bilan, d’une année à l’autre. Nous restons quand même sur une croissance assez acceptable tenant compte de la correction faite suite au retrait des dépôts importants de l’Etat et de la conjoncture économique moins favorable.
Est-ce -à-dire que vous avez mis en place les stratégies qu’il faut pour une relance continue ?
Oui ! Parce que nous sommes déjà au Nord du Sénégal, à Saint-Louis, puis au Sud avec une ouverture prochaine à Ziguinchor et vers la région orientale. Le maillage va se poursuivre, la diversification des services et produits aussi. Nous sommes actuellement dans une campagne de lancement de nouveaux produits islamiques, d’épargne, d’investissement et de consommation. C’est vraiment dans cette densification de la base clientèle que se trouve la solution. Nous avons pu participer et réussir aussi le lancement du 1ier Sukuk de 100 milliards FCFA de l’Etat du Sénégal, sur invitation de ICD. ICD et CITI ont arrangé l’opération et BIS en est le dépositaire. Nous comptons utiliser cet instrument innovant de mobilisation d’épargne et de financement pour lever des fonds pour le Secteur privé et les Collectivités locales…
Pour le Sukuk de l’Etat, on dit que vous avez fait de «l’habillage islamique»…
Ce n’est pas un «habillage». L’opération a été arrangée, structurée de manière tout à fait islamique comme un Sukuk Al Ijarra et approuvée par la Charia Board. Un certificat de conformité a été délivré. Les Arrangeurs et l’Emetteur ne manqueront certainement pas de communiquer sur cette opération qui a été une parfaite réussite.
Il se dit que ç‘aurait été mieux si c’était l’investissement dans de nouvelles infrastructures mais pas la location de vieux immeubles…
Il existe différentes formes de Sukuk. Dans le cas d’espèces, nous sommes en présence d’un Sukuk Al Ijarra, les immeubles dont vous parlez ne sont concernés que par la valorisation de leur usufruit qui est cédé à un Fonds d’investissement contre un montant donné. En fonction des besoins de l’Emetteur, de l’objet de l’opération ou de la maturité on choisit une structure bien donnée. On pouvait avoir à construire des actifs nouveaux comme un Aérodrome, une autoroute, un pont, un marché, une gare, qu’une structure autre aurait été choisie.
Quels enseignements peut-on tirer de ce Sukuk de l’Etat du Sénégal, en termes du développement de la Finance islamique dans la zone UEMOA ?
Je pense que la Finance islamique a fini de convaincre les autorités du Sénégal et même de la sous-région. Donc, l’enseignement, c’est que c’est une opportunité, pour nos Etats, de diversifier leurs sources de financement et faire participer des investisseurs de profils variés dans le financement des projets publics. Le Marché s’est enrichi, l’Etat a eu des bailleurs additionnels et des investisseurs ont trouvé de nouvelles opportunités.
Vos perspectives à court et moyen terme ?
Nous avons beaucoup travaillé à la vulgarisation de cet instrument (Sukuk). Nous comptons élargir l’utilisation du Sukuk aux entreprises privées et collectivités locales. Pour ce faire, nous continuerons d’appeler à la révision du dispositif réglementaire des émissions de sukuk.
Nous allons étendre notre présence sur le réseau national, diversifier notre offre de services et améliorer la qualité de nos prestations.
Bien entendu, tout cela s’inscrit dans un effort permanent de quête de conformité, de rentabilité et de compétitivité des activités.
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