L’état des infrastructures nationales en dit long sur un pays et sur son ambition. Il a été démontré, par exemple, que nombre de pays africains perdent plusieurs points de PIB en raison de leurs problèmes d’énergie : il est alors extrêmement malaisé de développer des industries et d’attirer des investisseurs, avec tous les impacts négatifs sur l’économie, la création d’emplois et autres.
De même pour les pays avec un déficit en matière de télécommunications ou avec des réseaux de transport des biens et des personnes déficients (routes, chemins de fer).
Dans cette longue liste d’infrastructures d’importance capitale, les ports jouent un rôle majeur. Aujourd’hui, plus de 80% du commerce mondial, en progression constante, se fait à travers les ports. Les pays, bénéficiant d’un accès à la mer, s’organisent généralement pour disposer d’infrastructures portuaires plus ou moins optimales tandis que les pays enclavés mettent tout en œuvre pour tirer avantage des ports voisins pour leur subsistance. Dans les deux cas, l’économie même des pays en est fortement impactée.
Dans ce contexte, doit-on continuer à gérer nos ports comme d’habitude ou doit-on changer la donne ?
Plusieurs pistes de réflexion s’offrent à nous :
- L’imbrication de la politique et de la gestion desports dans les pays africains: de fait, compte tenu du volume d’argent en circulation dans les ports, les dirigeants qui prennent le pouvoir ont tendance à y placer leurs affidés en priorité. Il est pourtant primordial d’en confier la gestion à des professionnels, compte tenu du caractère très spécialisé des activités portuaires.
- La qualité des partenaires stratégiques internationaux: la tendance, observée en Afrique de l’Ouest notamment, porte sur des concessionnaires, détenteurs de conventions courant sur au moins 20 ans, qui ne respectent pas le minimum de leurs engagements contractuels en terme d’investissement et écartent tous les nouveaux arrivants. Les controverses qui accompagnent,en général, l’attribution de telles conventions sont systématiques et nécessitent davantage de transparence dans leur octroi. De plus, il convient de s’assurer que le management du port et le ministère de tutelle sont bien la locomotive du processus, plutôt que des considérations politiciennes.
- L’implication du secteur privé national: le gouvernement doit prendre toutes les mesures incitatives pour garantir la présence du secteur privé national dans les nombreuses activités du port, qui constitue un écosystème complet.
- Le port dans un contexte de corridor: il s’agit de penser le port dans un contexte régional et pas seulement national. Ce qui permet, non seulement d’accélérer le développement des autres infrastructures et voies d’accès de et vers le port, mais également de prendre en compte la compétition entre les différents ports d’une même région.
- Le port comme outil de décentralisation: au-delà de la capitale, il convient de voir le port comme un véhicule de développement du reste du territoire en tenant compte des spécificités de chaque région et en spécialisant les ports. Ainsi de la construction d’un port minéralier dans une zone à fort potentiel minier, d’un port dédié au tourisme dans telle autre zone, d’un port centré sur l’agrobusiness dans une troisième.
- Le port comme catalyseur d’innovation: il importe de tenir compte de la compétition farouche entre les ports. La moindre défaillance de l’un se fait au bénéfice de son voisin. Ainsi, chaque port a l’obligation d’être à la pointe sur les aspects soft (procédures administratives, barrières à l’entrée, procédures) comme sur les aspects hard (équipement, matériel, infrastructures).
En un mot, le port peut constituer, à lui seul, une locomotive de l’économie si et seulement sisa gestion sort du domaine politique pour être confiée à des experts du secteur. Il convient ainsi d’en améliorer la gouvernance et d’optimiser la transparence dans l’octroi des concessions. Il faut aussi s’assurer que le secteur privé y joue un rôle central. Il est enfin impératif que le plan de développement des ports anticipe la croissance de l’économie dont ils sont partie prenante et dont ils constituent la vitrine.
Par IbrahimaCheikhDiong,
PDG Africa Consulting and Trading (www.act-afrique.com)
Contact : contact@act-afrique.com
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