La publication du rapport d’audit de la Cour des Comptes portant sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024 a suscité une vive réaction au sein de l’opinion publique sénégalaise.
Pour rappel, le rapport expose plusieurs dysfonctionnements majeurs ainsi qu’un manque de transparence dans l’évaluation des dépenses fiscales.
Il met également en évidence des mouvements financiers suspects impliquant les comptes spéciaux du Trésor et des écarts inexpliqués dans la gestion des dépenses publiques.
Par ailleurs, le rapport révèle que d’importantes dettes bancaires ont été contractées hors budget et que certains fonds n’ont pas été reversés au Trésor public.
Cité par le communique du Conseil des ministres du mercredi 19 février, le président sénégalais a demandé au Premier Ministre de lui proposer un chronogramme de mise en œuvre de toutes les recommandations du rapport d’audit de la Cour des comptes et de lui faire parvenir, dans les « meilleurs délais », un programme spécial de maîtrise des dépenses publiques, en tenant compte des impératifs économiques et sociaux, à court et moyen termes, dictés par le déploiement de la vision « Sénégal 2050 ».
Il a aussi souligné l’importance d’une bonne maitrise des programmes budgétaires, des plans de financement et de trésorerie de l’Etat pour les trois prochaines années, des dépenses fiscales et de la dette publique.
Sur ce dernier point, il a demandé au Ministre des Finances et du Budget et au Ministre chargé de l’Economie de proposer, sous la coordination du Premier Ministre, une nouvelle réglementation sur les conditions et modalités d’émission des emprunts de l’Etat ainsi qu’un nouveau cadre organisationnel de pilotage et de gestion de la dette publique.
Le Premier Ministre veillera également à la préparation rapide par le Ministre des Finances et du Budget d’un projet de loi rectificative des finances, en perspective du débat d’orientation budgétaire.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a indiqué au Premier Ministre, au Ministre des Finances et du Budget et au Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, l’urgence d’asseoir l’intégrité de l’information financière en termes de fiabilité, d’exhaustivité, d’exactitude et de sincérité, d’accélérer la digitalisation et l’interopérabilité des systèmes d’informations économiques, financières et comptables de l’Etat.
Il plaide également pour la nécessité de renforcer la supervision du processus de cadrage macroéconomique, d’améliorer la planification triennale consensuelle des investissements publics financés sur ressources externes et internes et des partenariats public-privé.
Il a indiqué que la situation de vérité assumée est l’occasion d’engager une transformation objective et en profondeur des administrations économiques, financières et comptables de l’Etat et de leurs interrelations avec les partenaires et le système financier.
Il en appelle à un véritable changement de paradigme dans la gouvernance administrative, économique, financière et comptable de l’Etat.
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