Téranga Club Investment a été créé par des amis qui ont décidé d’échanger leurs expériences pour approfondir leur culture boursière et aussi mettre en commun leurs économies. «Souvent, ce sont des travailleurs qui cherchent à disposer d’un capital au bout d’une période de 5 ans. Une démarche pédagogique pour acquérir une culture boursière et avec un objectif de rendement. En mettant en commun nos petites épargnes, on peut disposer, au bout de 5 ans, d’un montant assez conséquent permettant de réaliser un investissement assez significatif», explique Mouhamed Soumaré, président du club.
Composé de cadres supérieurs, il était facile de fixer des montants convenables. «Chacun a mis un million, soit 30 millions au départ. Ce qui n’est pas si mal et chaque mois, c’est 100 000 Fcfa par membre, soit 3 millions au total. Imaginez qu’on le fasse sur 5 ans ? Mieux, à chaque anniversaire du club lancé en février 2013, on demande à tous un effort, une autre mise d’un million», explique-t-il.
Un demi-milliard attendu en 5 ans…
Avec cette épargne et les rendements attendus, le club va avoir un pactole assez conséquent grâce à un rendement actualisé de 11%. M. Soumaré précise que ces revenus sont réinjectés. «On va se retrouver avec une manne pas loin de 500 millions. Au bout de 5 ans, si Dieu nous prête vie, ça peut être intéressant… On va alors nous faire respecter par les Autorités et vu le profil des épargnants, on va dire, voilà des gens qui ont amassé un capital collectivement et qui peuvent contribuer à faire un projet utile pour le pays», projette-t-il.
Ainsi, d’importants projets sont à imaginer. «On peut créer quelques PME… En réfléchissant, on peut être plus ambitieux», estime-t-il. A terme, M. Soumaré est convaincu qu’à ce rythme, il est possible de trouver des partenaires financiers pour monter un projet industriel et ainsi promouvoir l’emploi. «Et pourquoi pas trouver des partenaires extérieurs et monter une banque ? Surtout que l’union fait la force et comme nous mutualisons nos forces individuelles…», ajoute-t-il.
A l’heure où la France compte 1 200 clubs d’investissement, le Sénégal n’en a qu’un seul. «Il y a beaucoup de clubs d’investissement dans les pays développés. Ils sont créés par des groupes d’amis et/ou encouragés par l’Autorité du marché financier et réglementés par la Bourse qui fixe le nombre de membres. On a négocié pour en avoir 30 au lieu de 25. Il faut un minimum de 5 et un maximum de 25 à 30, selon les pays. Au Canada, on peut aller jusqu’à 50 personnes», explique-t-il.
Un moyen efficace pour animer le Marché
Il n’y a qu’un seul club au Sénégal. Pour M. Soumaré, c’est que le Marché est trop récent, depuis seulement 1998 et qu’il a besoin d’être animé pour grandir. Un rôle qui peut échoir aux clubs d’investissement. «Dans l’Uemoa, si on arrive à un millier de clubs avec des tailles critiques, on peut animer le marché secondaire et contribuer à une meilleure liquidité… Mais, il faut aussi des émissions obligataires, des opérations de fusion-acquisitions, des introductions en Bourse. Il y a certes des émissions intéressantes mais le marché secondaire n’est pas dynamique car la culture boursière n’est pas développée», avance-t-il.
Promouvoir les clubs d’investissement passe par propager la culture boursière. «Aujourd’hui, la BRVM est sensible à cette démarche, elle met les moyens. Pour gagner ce challenge, il faut qu’elle aide à former des initiateurs de futurs clubs d’investissement et à l’acquisition d’un minimum d’outils pour gérer un club (ex : un logiciel de gestion). Il faut aussi un minimum de contrôle et d’éthique des acteurs des clubs. On a commencé avec 30 millions, aujourd’hui, on est à 56 millions avec les cotisations, les placements, les revenus générés et les dividendes réinjectés», analyse-t-il.
Pour M. Soumaré, le financement de l’économie peut partir du Marché. «L’argent avec lequel on boursicote va dans des entreprises. L’économie, ce n’est pas seulement les gros financements mais c’est aussi la petite entreprise. On oublie de dynamiser les petites unités alors que, dans les pays développés, c’est un réseau de PME qui est l’ossature de l’économie. Puis, on organise le système du refinancement, des besoins en fonds de roulement, des formations quand c’est nécessaire…», analyse-t-il.
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