En charge de la politique d’informatisation définie par l’Etat, l’ADIE ambitionne de finaliser son projet de la téléphonie afin de réduire la facture de l’Etat.
La révélation a été faite par son Directeur Général, Khassoum Wone, qui nous explique que les priorités ont été clairement définies par le Président de la République. «Nous sommes en train de prioriser un gros chantier, la téléphonie de l’Etat, commencé depuis quelques années et nous comptons le terminer dans les plus brefs délais», annonce-t-il.
En effet, si l’Etat tient à avoir son propre système de téléphonie, cela s’explique par le budget colossal affecté pour payer ses factures téléphoniques.
En 2011, cette facture avait atteint un pic de 18 milliards dont 13 milliards pour le mobile. Cette information avait été donnée en juin 2011, lors du lancement du projet «Téléphonie de l’Etat». En début 2013, la facture sur le mobile était réduite à 8 milliards et il a été annoncé récemment une baisse de 7 milliards, pour passer à 1 milliard Fcfa.
Avec ces montants faramineux qui échappent aux opérateurs, l’ADIE ne risque-t-elle pas d’être considérée comme un concurrent par les sociétés de téléphonie ?
«En réalité, nous sommes un opérateur pour l’Administration pour l’instant, dans notre statut. Nous avons les infrastructures d’un opérateur télécoms mais notre public-cible, c’est l’Administration mais il y a des évolutions en cours…», esquisse M. Wone.
D’autre part, M. Wone informe que l’autre grand projet de l’ADIE est de finaliser l’Intranet administratif qui doit se poursuivre dans les régions qui n’étaient pas couvertes jusqu’ici. «Nous allons jusqu’en Casamance. Nous avons déjà couvert 7 régions durant la première phase du projet. La seconde phase vient de démarrer et va couvrir la quasi-totalité du territoire national. Le reste va suivre… L’autre projet-phare, c’est tout ce qui tourne autour de l’audit physique et biométrique des agents de l’Etat. Nous l’avons débuté en novembre 2012. L’idée, c’est d’abord de recenser tous les agents, faire une harmonisation du fichier de la Fonction publique pour que les services du Solde et de la Fonction publique aient le même fichier. Pour l’instant, il y a plus de 30 mille agents qu’on peut appeler en ‘‘contentieux’’. Nous sommes en train de faire les derniers réglages…», a-t-il expliqué.
Aujourd’hui, dans le souci d’une gestion rationnelle du temps, l’ADIE envisage de doter l’Administration de moyens encore plus pratiques. Selon M. Wone, il s’agit de moderniser la manière de fonctionner de l’Administration de sorte que les agents n’aient plus à se déplacer pour aller à des réunions, un peu partout. «Nous pouvons avec des outils comme la visioconférence ou la téléphonie, faire des réunions à distance. C’est un outil fort de bonne gouvernance parce que nous allons mettre en place certains outils informatiques qui feront effectivement que la gestion sera beaucoup plus fiable…», annonce-t-il.
Des partenaires asiatiques, en attendant les PME sénégalaises
Même si l’ADIE n’exclut pas de soutenir les PME sénégalaises évoluant dans le secteur des TIC par le biais des partenariats public/privé, force est de constater qu’à ses débuts, elle a été essentiellement appuyée par des entreprises asiatiques.
«Jusqu’ici, nous avons beaucoup travaillé avec la coopération chinoise qui nous a financé en infrastructures avec le projet Egov et il y a aussi la coopération coréenne», indique M. Wone. Qui précise cependant que, dans sa mission, l’ADIE favorise le développement d’un véritable écosystème des TIC par la promotion des jeunes porteurs de projet, les entreprises TIC… «C’est pourquoi, nous avons relancé le projet de cyber-village sur le site du Technopole qui doit être à la fois un centre de formation pour les jeunes, un centre d’incubation en accueillant le CTIC et un centre de création de valeurs ajoutées, en aidant les entreprises à s’installer. Notre autre combat, c’est de tout faire pour que l’informatique soit utile à tous les secteurs, surtout ceux considérés comme prioritaires par le gouvernement. Dans ce domaine, nous allons accélérer notre contribution au projet de télémédecine, ainsi qu’aux projets qui tournent autour du e-learning», déclare-t-il.
Mais, l’ADIE semble confrontée à une législation qui est cependant en train d’être modifiée. «Il y a justement des lois sur lesquelles nous sommes en train de travailler pour favoriser la préférence nationale. Quelques fois, nous avons des financements liés. C’est-à-dire la Chine nous finance mais nous exige de travailler avec des entreprises chinoises. Mais, dans la mesure du possible, tout ce que l’on fait profite au privé national», dit-il.
Toutefois, l’ADIE se heurte à un autre vrai casse-tête, dénommé «financement». Selon M. Wone, souvent des promoteurs ont de bons projets et de bonnes idées, mais très souvent, ils n’ont pas les moyens et l’accompagnement nécessaire pour les réaliser. «C’est quelque chose que je note, de manière récurrente, les difficultés d’accès au financement », reconnait-il.
Par ailleurs, l’ADIE devra aussi aller vers les universités où l’accès à internet constitue encore un luxe, pour certains. Le DG de l’ADIE semble, d’ailleurs, en être conscient. Il révèle que des actions en coordination, avec les universités, ont dernièrement été lancées avec l’ARTP. «Nous avons amené le wifi à l’UGB de Saint- Louis et il y a un projet similaire pour l’UCAD de Dakar. Nous allons lutter contre la fracture numérique ; faire en telle sorte que l’internet soit partout, c’est une de nos missions. Nous sommes en train d’amener l’internet le plus loin possible, y compris dans le monde rural. Aujourd’hui, l’internet est présent dans 35 départements du pays, via l’ADIE », assure-t-il.
Quid du passage de l’analogique au numérique ? M. Wone reconnait que c’est un projet dans lequel l’ADIE n’a pas joué, au début, le rôle qui devait être le sien. Mais, un retard qu’elle compte bien rattraper parce que selon M. Wone, dans le passage au numérique, la plus grande partie, c’est la transmission de données. «Il faut un réseau national de grande envergure pour porter les images télévisées».
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