La souveraineté numérique est plus un principe qu’une réalité. En effet, l’évolution des technologies, leur interaction, l’optimisation des infrastructures, la rationalisation des coûts et le statut de l’utilisateur sont autant de concepts qui ont été pensé de façon assez générique qu’il est aujourd’hui assez hasardeux de parler de souveraineté dans le numérique. La souveraineté renvoie à l’exercice de la puissance publique sur le territoire d’un l’Etat considéré.
Le numérique peut-il être circonscrit à un territoire et à l’ensemble des personnes qui y vivent ? La réponse est OUI mais la complexité réside dans la capacité à exercer les prérogatives assorties à la souveraineté.
En effet, un État doit avoir la capacité d’intervenir pour une utilisation convenable du digital dans l’espace pour lequel il peut revendiquer sa souveraineté ?
Ainsi, le champ d’application de la souveraineté sur le numérique pourra couvrir les accès, les contenus, les usages la fiscalité, la cybersécurité, la cyberdéfense, …. En clair, un Etat peut interdire, restreinte, moduler, contraindre les utilisateurs et les usages du digital sur l’espace sur lequel s’exerce sa souveraineté. La plupart des pays sont outillés en conséquence ou ont la volonté de l’être. La mission de protection des populations est une mission régalienne à la charge des Etats.
Si je me limite au cas du Sénégal, on va se rendre compte que le concept de souveraineté subit quelques contraintes dans son opérationnalisation. D’abord il faut cesser de penser que la souveraineté numérique ne se limite pas à la localisation des données.
Si nous restons sur l’Etat Sénégalais, on se rend compte que la souveraineté numérique est une quasi fiction. Nos cartes d’identité, nos passeports, nos permis de conduire, notre système de contrôle aux frontières, notre état civil et bien d’autres systèmes critiques ont été totalement ou partiellement concédés à des entreprises étrangères alors que les compétences locales existent.
Si on quitte le domaine des données, il reste encore des domaines de souveraineté où la mise en œuvre suppose des capacités de contrôle et une grande rigueur dans l’application des lois et règlements. Ces domaines sont les suivants : L’accès à des services ou des contenus destinés aux adultes par des mineurs, L’évasion fiscale, la promotion des aliments et produits médicamenteux illégaux.
En résumé, la souveraineté dans le numérique est un enjeu qu’il faudrait adresser sous plusieurs prismes. Il faut tenir compte de l’intérêt des entreprises qui créent des emplois s’assurer que le dispositif réglementaire est en adéquation avec les ambitions.
À ce stade de la construction digitale du Sénégal, il est important de faire de la souveraineté numérique un élément structurant sur lequel repose nos ambitions de développement. La souveraineté numérique est un impératif pour assurer la sécurisation des emplois, la sauvegarde de nos valeurs et celle de notre culture. Il
faut mener de larges concertations sur la place du numérique dans notre gouvernance, dans notre économie et dans notre sécurité nationale. A l’ère de l’intelligence artificielle, de nouvelles menaces pèsent sur la capacité des États à promouvoir la création d’emplois. Des pays comme le Sénégal sont en mesure de tirer profit de la vague de l’IA mais sont aussi à la merci de lourdes menaces.
Sur le registre des recommandations par rapport à l’enjeu de la souveraineté numérique, je pense qu’il est nécessaire, dans un premier temps, de construire une matrice qui mettra en évidence à la fois les risques et les opportunités. Ce travail doit être conduit dans une dynamique totalement inclusive, de sorte à n’épargner aucun segment de la vie économique et social. Il sera de plus en plus difficile d’envisager
le développement économique d’un pays sans considérer la donne digitale et celle de l’intelligence artificielle qui sont les nouvelles déterminantes de la vie des États, de la vie des entreprises et de la vie des sociétés.
Si nous considérons les coupures d’internet qui ont jalonné la période préélectorale au Sénégal, on se rendra compte qu’aucun organe n’a été en mesure de mesurer la perte économique induite par ce type de mesure.
En résumé, je pense que l’enjeu de. Souveraineté numérique est un enjeu qui continuera à alimenter les discussions dans certaines nations. Ces discussions sont destinées à protéger le marché plus qu’à exercer une souveraineté.
C’est le moment pour l’Afrique. C’est le moment pour le Sénégal de positionner le numérique comme un moteur de développement et d’en faire un outil que peuvent s’approprier toutes les couches de la population. Nous sommes donc à cette étape aujourd’hui. Nous sommes à un tournant technologique qui nous permet d’avoir des ambitions et nous donner les moyens de pouvoir réaliser nos ambitions.
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