Si le défi de l’autosuffisance alimentaire en pomme de terre et oignon est sur le point d’être relevé, il demeure la question de la qualité qui plombe jusqu’à présent les efforts de l’État. Alors, producteurs, réveillez-vous !
C’est un secteur qui a vu une forte implication de l’État avec une politique d’encouragement et de protection sur plusieurs années. Une volonté politique qui se manifeste par des gels d’importation et des quotas bien encadrés, pour ne pas concurrencer l’oignon local. L’objectif avoué étant d’arriver, entre 2016 et 2017, à atteindre 350 000 tonnes d’oignon et 75 000 T de pomme de terre pour satisfaire la demande nationale grâce à la production des Niayes et de la Vallée.
La production d’oignon est passée de 90 000 T en 2001 à 245 000 T en 2014. Cela s’explique par l’accompagnement de l’État à travers la subvention de l’engrais et la régulation du marché. Celle de pomme de terre est passée de 12 000 T en 2012 à 14 000 T en 2013 pour atteindre 29 000 T en 2015. Soit une progression constante, mais loin de satisfaire la moitié de la demande nationale.
Pour combler le déficit de production et assurer l’autosuffisance en oignon et pomme de terre à l’horizon 2017, les actions du gouvernement s’articulent autour de 2 objectifs. Il s’agit de la production d’un capital semencier suffisant et de qualité et de la couverture entière de l’intersaison pour éviter que le gel des importations soit levé pour quelques mois. Afin d’atteindre ces résultats, l’Etat mise sur le volet Filière Oignon du Programme Accéléré de l’Agriculture au Sénégal (PRACAS), estimé à 20,90 milliards FCFA.
Surveiller les fraudeurs
La décision des autorités de suspendre l’importation d’oignon étranger pendant 7 mois, pour permettre aux producteurs locaux d’écouler sur le marché national leur produit, ne suffit pas à calmer les craintes de ces derniers. En effet, profitant de la levée de cette interdiction, certains commerçants importent plus d’oignon que les besoins du marché. Une manière de se faire un stock qu’ils écouleront sans difficultés après le retour du gel. Certains Sénégalais préférant payer plus cher l’oignon importé plutôt que celui local qu’ils jugent moins goûteux. Ainsi, l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) a mis en place un système de contrôle des importations depuis 2014 pour contrôler les flux d’oignon entrant au Sénégal. «On ne peut plus importer plus que le marché ne peut absorber en un mois», déclarait le DG de l’ARM, Amadou Abdoul Sy, lors de la mise en place de ce système de contrôle.
Le défi de la qualité
«Il est facile de crier au scandale et réclamer des mesures de protection contre l’agression des produits étrangers sur la production locale. Mais, c’est plus dur de répondre au défi de la production de qualité pour mériter de tels efforts de la part du gouvernement. C’est valable pour les producteurs d’oignon et de pomme de terre. Ces deux spéculations pâtissent d’une image parfois à cause de produits gorgés d’eau. Leur conservation est un problème sur la longue durée et leur stockage aussi. Si nous voulons relever le défi de la production alimentaire, il nous faut moderniser notre système de production et de commercialisation. L’absence de système de conservation et de stockage moderne est le maillon le plus faible du système de production agricole au Sénégal. Tant qu’on n’aura pas résolu le problème du stockage, de l’entreposage des produits périssables et non-périssables, on sera toujours face à des problèmes», déclarait Ousmane Sy Ndiaye (UNACOIS).
PRACAS : Des besoins de 581 milliards FCFA
Les besoins globaux de financement pour stimuler l’Agriculture sénégalaise sont évalués à 581 milliards FCFA, répartis comme suit : autosuffisance en Riz avec 424,7 milliards FCFA (73%), optimisation des performances de la filière Arachide avec 92 milliards FCFA (16%), autosuffisance en Oignon avec 20,9 milliards FCFA (4%) et développement des Fruits et Légumes de contre-saison avec 43,50 milliards FCFA (7%).
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