Après des périodes difficiles durant le 1er semestre de 2012, le secteur de la Micro-Finance a connu une certaine reprise en force. C’est, du moins, ce qui ressort du rapport basé sur le second semestre de l’année 2012.
En effet, il a été noté beaucoup d’améliorations. Parmi lesquelles, une progression notable du nombre de membres/clients des SFD qui passe 1 660 336 à 1 757 707, soit un taux de pénétration de la population totale de 13,30% à la fin du second semestre.
«Le nombre de comptes inactifs, depuis au moins deux ans, est estimé à 14 312 au 31 décembre 2012. Les usagers individuels de sexe féminin constituent 43,15% du sociétariat national. Une légère augmentation de l’encours des dépôts (+2,7%) qui passe de 164,3 à 168,72 milliards FCFA. Les dépôts à terme représentent 26,46%, soit 48 milliards FCFA. L’épargne collectée auprès du sociétariat féminin en 2012 se maintient à 44 milliards FCFA, soit près de 26% des dépôts. En outre, le nombre d’épargnants volontaires se chiffre à 1 327 965, soit 76% du sociétariat global, une croissance significative de l’encours de crédit (+8,2%) qui passe de 207,7 à 225 milliards FCFA. Les crédits octroyés aux SFD par les banques et autres structures de refinancement passent de 27,65 milliards à 38 milliards FCFA», indique le rapport de la Direction de la Micro Finance.
Par ailleurs, le nombre d’emprunteurs actifs a connu une augmentation importante de l’ordre de 11,1%, pour passer de 380 319 à 422 6000. Ce qui donne un crédit moyen de 531 735 FCFA (contre 546 220 FCFA au 30 juin 2012).
Le bon comportement des femmes
Si aujourd’hui, les emprunts actifs ont atteint ces gros montants, c’est, en grande partie, grâce au dynamisme des femmes. Le rapport indique que l’encours des crédits femmes se chiffre à près de 60 milliards FCFA, soit 26,27% du total. «À la fin du second semestre de 2012, les femmes constituaient environ 56% des emprunteurs actifs», lit-on.
Aussi, l’encours de dépôts est passé de 44,4 à 44,17 milliards FCFA. Tous les indicateurs d’accès des femmes aux services financiers se sont ainsi améliorés.
«La proportion de femmes dans le sociétariat global et le nombre d’emprunteurs actifs a augmenté au cours du second semestre de 2012. Au 31 décembre 2012, celles-ci constituaient 43% du sociétariat et 56% des emprunteurs actifs pour un encours de crédit de près de 60 milliards FCFA. Ce qui constitue un crédit moyen de 249 675 FCFA, soit la moitié du crédit moyen global. D’ailleurs, le crédit moyen aux femmes suit une tendance à la baisse, passant de 377 690 FCFA en 2011 à 283 700 FCFA au 30 juin 2012», indique le rapport.
Non sans préciser que la part des «dépôts féminins» a baissé d’un point, passant de 27% à 26%. Cette proportion reste globalement faible et n’a jamais atteint 30%, ces dix dernières années. En effet, actives principalement dans les activités génératrices de revenus, les femmes ont un besoin en financement relativement faible et constituent aussi de petites épargnantes.
Par ailleurs, Dakar est en tête dans bon nombre d’indicateurs. «Par rapport à la couverture des différentes régions administratives du pays (ancien découpage à 11 régions) par les SFD, 27% des points de services sont localisés à Dakar contre 17% à Thiès, 10% à Louga, 9% à Ziguinchor, 8% à Saint-Louis et 8% à Kaolack», indique le rapport.
Mieux, Dakar enregistre un taux de pénétration global de 27,4% contre 16,9% pour Ziguinchor, 15,5% pour Thiès, 9,6% à Kaolack et 9,3% pour Louga, alors que la moyenne nationale se situe à environ 13,3%.
La capitale mobilise aujourd’hui 46% des dépôts contre 15% à Thiès, 8% à Ziguinchor et 7% à Kaolack. Même constat pour l’encours de crédit pour lequel la capitale concentre 44% concentrés, contre 15% à Thiès, 9% à Kaolack et 6% à Ziguinchor.
Cependant, même s’il faut saluer la légère hausse de l’actif des SFD qui est passé de 310 à 317,5 milliards FCFA, il faut, en même temps, noter que la qualité du portefeuille des SFD s’est dégradée avec un ratio du PAR à 90 jours de 5,49% (contre 4,35% en juin 2012) et un taux d’abandon de créances de 1,39% (contre 1,15% en juin 2012).
Aussi, le rapport note une baisse du ratio d’autosuffisance opérationnelle qui passe de 114,26% à 109,13% et une baisse continue du ratio de capitalisation qui passe de 29,78% à 26,83%.
La faiblesse de l’épargne pousse les SFD à s’endetter
Aujourd’hui, si les SFD connaissent un regain d’activités, cela s’explique, en grande partie, par la forte croissance du portefeuille de prêts. Et cette montée en puissance est tirée essentiellement par les grands réseaux et quelques institutions émergentes. «Le CMS et ACEP ont vu leur portefeuille croître respectivement de 5,61 et 5,60 milliards FCFA et MICROCRED–Sénégal de 3,40 milliards FCFA. Cette croissance a surtout bénéficié aux régions de Dakar (+10,2 Mds FCFA) et de Thiès (+5 Mds FCFA), mais aussi à Diourbel (+3 Mds FCFA), Saint-Louis (+2,4 Mds FCFA) et Kaolack (+2 Mds FCFA)», indique le rapport.
Par ailleurs, il est à noter l’amélioration de la pénétration des SFD au profit surtout des régions de Matam, Dakar, Diourbel et Tambacounda. Selon le rapport de la DMF, l’augmentation du nombre d’emprunteurs actifs est à l’actif essentiellement des institutions émergentes comme CAURIE-MF (+15 460) et U-IMCEC (+9 435) mais aussi de PAMECAS (+7 231).
Avec des épargnes à croissance relativement faible de seulement l’ordre de 2,7%, comment les SFD arrivent-ils à financer ?
En effet, les SFD sont davantage endettés auprès des banques et structures de refinancement afin de satisfaire la forte demande enregistrée, notamment à Dakar et Kaolack. Ce recours accru au refinancement a surtout concerné les grands réseaux (ACEP, CMS et PAMECAS), renseigne le rapport qui précise que ce regain de dynamisme a accru la charge de travail des agents de crédit et entrainé une dégradation de la qualité du portefeuille. «Le PAR à 90 jours dépasse la norme de performance de 3% dans tous les SFD de l’échantillon, sauf à CAURIE–Micro finance et à la MECAP (institutions assez particulières) et aussi à MICROCRED–Sénégal. Les institutions dont le portefeuille est fortement concentré dans les activités économiques rurales (COOPEC RESOPP, REMEC Niayes, MEC FEPRODES, URMECS, etc.) sont plus touchées et affichent généralement un ratio du PAR à 90 jours à deux chiffres», dit le rapport.
Après un regain en 2012, le 1er semestre 2013 fait état d’un ralentissement
Malgré la progression de l’actif total du secteur et du volume des dépôts (notamment des dépôts à terme), le 1er semestre 2013 a été marqué par un net ralentissement de l’activité des SFD. En effet, on note une baisse du portefeuille brut de prêts, du nombre d’emprunteurs actifs, du prêt moyen et du niveau d’endettement des SFD.
Pour la baisse de l’encours de crédit, la deuxième enregistrée depuis 2005, elle est plus marquée par le CMS (- 6,42 Mds FCFA), ACEP (-0,78 Md FCFA) et MICROCRED (-0,75 Md FCFA).
Au niveau des régions, les baisses sont plus remarquables à Dakar (-16,6 Mds FCFA), Thiès (-1,44 Md FCFA) et Matam (-1,14 Md FCFA). En effet, si les SFD ont diminué l’encours des crédits, cela traduit une stratégie de repli des SFD qui, face à la détérioration de la qualité du portefeuille observée depuis juin 2012, ont mis l’accent sur le recouvrement et la distribution prudente du crédit.
Le ratio du PAR à 90 jours reste supérieur à la norme de 3% dans toutes les institutions de l’échantillon sauf à CAURIE-Micro finance, à la MECAP et à MICROCRED Sénégal.
«Pour les institutions intervenant spécialement en milieu rural (REMEC, COOPEC RESOPP, MEC FEPRODES, URMECS, etc.), le ratio du PAR est à des niveaux inquiétants et se situe en moyenne à 25% pour le PAR à 90 jours et près de 40% pour le PAR à 30 jours. Cette situation négative a pour effet une baisse du ratio d’autonomie opérationnelle (RAO) et du ratio de capitalisation.
Le RAO poursuit sa chute, entamée depuis 2011, et s‘éloigne davantage de la norme internationale de 130%. Parmi les 16 institutions de l‘échantillon, ACEP, U–IMCEC et URMECS arrivent uniquement à dépasser ce seuil et 09 sont en deçà de 100%», révèle le rapport.
Par ailleurs, le 1er semestre 2013 est marqué par la diminution du ratio de capitalisation. Une diminution, étroitement liée à la baisse des fonds propres qui sont passés de 85 à 77 Mds FCFA, alors que l’actif total a augmenté de 8,5 Mds FCFA au cours du 1er semestre 2013. Le ratio de capitalisation reste cependant globalement supérieur au seuil de 15%, fixé par la BCEAO et dans la plupart des IMF suivies.
«L’augmentation de l‘actif n‘a pas d‘effets positifs directs sur l‘accès au crédit. En effet, la part du portefeuille de prêts dans l‘actif total a décru passant de 71% à 66% », précise-t-on. A noter que, pour ce 1er semestre, le nombre de membres/clients des SFD est passé de 1 757 707 à 1 859 426, soit un taux de pénétration de la population totale de 13,78%.
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