Inaccessibilité financière
Le fossé ou fracture numérique est rarement appréhendé sous l’angle de l’accessibilité financière des populations aux outils et contenus numériques or cela constitue une importante cause de disparité pour les couches sociales à faible revenu. Quelle serait la pertinence d’une résolution de l’accessibilité géographique par la réalisation d’un aménagement numérique conséquent et la disponibilité généralisée du haut débit, si les populations n’ont pas les moyens financiers qui leur permettent d’exploiter ces ressources et de bénéficier ainsi des services fournis?
Le principe de solidarité numérique a certes été consacré dans l’article 61 de la Déclaration de principes de Genève qui invite «toutes les parties prenantes à adhérer au Pacte de solidarité numérique» énoncé dans le Plan d’action de Genève.
Inauguré en avril 2005 à Genève, la création d’un Fonds de solidarité numérique a été accueillie favorablement lors du Sommet mondial sur la société de l’information (Genève 2003-Tunis 2005) et du Sommet du Millénaire qui s’est tenu à New York en septembre 2005.
Il urge aujourd’hui de dépasser les déclarations d’intentions et de passer aux actes en mettant en œuvre de manière effective des mécanismes de financement volontaire des projets numériques.
Proposition 2 : « Inscrire dans une résolution les dispositions élargissant les composantes du paquet de services universels de base à l’accès aux services Internet et fixant une norme qui serait un pourcentage du budget national des Etats à consacrer exclusivement au financement de l’accès à ces services ».
Fracture genre
La résolution 70 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) adoptée en 2010 à Guadalajara (Mexique) préconise l’égalité homme-femme et l’autonomisation de la gent féminine grâce aux TiCs. A ce titre M. Hamadoun Touré, Secrétaire général de l’UIT déclare: «Au cours de la prochaine décennie, le nombre d’emplois dans le secteur des TIC devrait dépasser de deux millions celui des professionnels à même de les pourvoir. C’est une chance extraordinaire pour les jeunes filles et les jeunes femmes dans un monde où l’on compte plus de 70 millions de jeunes au chômage.» Il ajoute : « Les TIC contribuent à améliorer la vie de tous les habitants de la planète en leur donnant accès à de meilleurs soins de santé, une meilleure éducation, une meilleure gestion de l’environnement, de meilleures communications et une meilleure gouvernance. »
Dans ce contexte, persister à perpétuer les pratiques et stratégies anciennes de développement de l’économie numérique, équivaudrait à passer à coté de l’enjeu réel et se condamner à répéter/consolider des visions, des processus et des approches obsolètes qui n’ont pas fait leur preuve en termes d’efficacité, d’inclusion de toutes les franges de la population et de changement social et qui oblitèrent le potentiel de changement de la société de l’information. Il urge d’intégrer la dimension genre qui favoriserait une discrimination positive tendant à réserver à la gent féminine une plce de choix dans les stratégies et politiques nouvelles en termes d’usage des TICs.
Proposition 3 : Renforcer les initiatives inscrites dans la résolution 70 de Guadalajara et multiplier les programmes visant à inciter les filles à d’avantage investir les filières scientifiques liées aux TICs (concours nationaux et internationaux dotés de prix, programmes spéciaux réservées aux filles, etc.) et fixer des seuils à atteindre dans une féminisation des métiers TICs.
Analphabétisme numérique
Une autre cause d’accentuation du fossé numérique est le taux encore très élevé d’hommes et de femmes, certes lettrés, mais qui ne savent pas utiliser l’ordinateurs et les autres outils numériques, bloqués qu’ils sont par une barrière psychologique qu’ils pensent infranchissable. Ce fossé numérique qui « est une inégalité face aux possibilités d’accéder et de contribuer à l’information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC. Ces éléments sont quelques-uns des plus visibles du fossé numérique, qui se traduit en réalité par une combinaison de facteurs socio-économiques plus vastes, en particulier l’insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l’accès, le manque de création locale de contenus et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d’activités à forte intensité d’information. » Elie Michel dans » Le fossé numérique. L’Internet, facteur de nouvelles inégalités ? « , Problèmes politiques et sociaux, La Documentation française, n° 861, août 2001, p. 32.
Mor Ndiaye Mbaye
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