Ainsi, 30 demandes de divorce ont été enregistrés dans la région de Dakar, la capitale, entre Avril, Mai et Juin, détaille le journal Le Quotidien. Alors que lors du premier trimestre 2020, l’on avait recensé seulement 5 cas. Soit donc une multiplication par 6 des demandes de divorce.
« En 2019, lors du 2ème trimestre, donc avril, mai, juin 2019, on a procédé à 18 médiations familiales. Aujourd’hui, on en est à 30 médiations. Pour dire que cela a presque doublé alors que le mois de juin n’est pas encore terminé », relève M. Oumar Ndiaye, Coordonnateur de l’Action éducative et de protection en milieu ouvert (AEMO) dans la région de Dakar, cité par le Quotidien.
L’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), présente dans les 14 régions du Sénégal, est un service du ministère de la Justice et un organe de la Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale (DEPS). Elle assure fondamentalement la mission de protection judiciaire et sociale de la jeunesse.
‘’Restez chez Vous’’
M. Oumar Ndiaye explique qu’il existe une corrélation ‘’très forte’’ entre le confinement imposé durant cette période de pandémie du coronavirus et la recrudescence de demandes de divorce. Bon nombre de couples n’ont pas réussi à profiter de cette période où le slogan : ‘’Restez chez Vous’’ était de rigueur pour surmonter leurs querelles. Le constat est que la plupart des demandeurs de divorce accumulent 5 à 6 années de vie de couple.
Le phénomène du divorce est devenu récurrent au Sénégal. De nombreux mariages durent le temps d’une rose. Des chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) qui montrent que les cas de divorce sont plus nombreux dans la région de Dakar (2,5%).
La capitale est suivie par les régions de Matam et Saint-Louis (Nord) avec 1,5% chacune (identique à la moyenne nationale). La région de Sédhiou (Sud) avec 0,5% enregistre la plus faible proportion de personnes divorcées, suivie de Kédougou (Sud Est) et Kaffrine (Centre) avec 0,7% chacune »
Et contrairement à une idée très répandue, les femmes sont souvent initiatrices de la demande de divorce. Ainsi, selon une étude de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) datée d’Avril 2002, après les années 2000, un mariage sur trois se soldait par un divorce au Sénégal. L’étude de l’IRD souligne que dans 80% des cas, c’est la femme qui demande le divorce.
La population féminine
Peuplé par 16 209 personnes, le Sénégal compte plus de femmes que d’hommes. Selon des données issues des projections démographiques réalisées par l’ANSD pour la période 2013-2063, la population féminine se chiffre à 8 140 343 et celle masculine de 8 068 782.
Pour expliquer la propension des femmes à initier les demandes de divorce, des spécialistes du droit de la famille avancent l’évolution des mœurs. L’on cite également le fait que la femme ait changé de statut. Elle a acquis plus d’indépendance dans la société. ‘’Avant, la fille se mariait à l’âge de 16 ans. Maintenant, la plupart des femmes se marient au-delà de cet âge. L’école aide beaucoup d’entre elles à réfléchir et à analyser les problèmes à tel point que beaucoup de femmes n’acceptent plus les conditions de vie que leurs grands-parents acceptaient’’, explique l’Islamologue Bamba Ndiaye. Il y a aussi le fait que les femmes sont devenues plus exigeantes parce qu’elles connaissent mieux leurs droits
Juridiquement parlant le divorce est la rupture du lien conjugal prononcé par un juge. Le Code de la famille du Sénégal adopté en juin 1972 stipule que le mariage ne peut être contracté qu’entre un homme âgé de plus de 18 ans et une femme âgée de plus de 16 ans. Mais, de plus en plus, des voix s’élèvent parmi les populations pour demander d’harmoniser l’âge du mariage à 18 ans, comme le stipule la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
Discussion à ce sujet post