La Journée internationale des droits des femmes, ou journée internationale des femmes pour l’ONU, a été officialisée par les Nations-Unies en 1977. Elle est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde à la date du 8 mars. C’est aussi une occasion pour toutes les communautés de faire un bilan sur la situation des femmes. « Pour moi, le 8 mars c’est pour marquer les esprits. Une date symbolique durant laquelle pour toutes les femmes, toutes les idéologies et stratégies de lutte pour l’amélioration de la condition de vie des femmes convergent. Le 8 mars sert de « fixeur » pour mettre en synergie tout ce qu’on fait en faveur des femmes. C’est comme célébrer une naissance ou autre chose dans l’année », renseigne Nogaye Ndiaye. Pour l’entrepreneur il faut regarder au-delà de la date parce que la Femme se fête tous les jours. Maintenant, il y’a une journée de la femme car sinon on ne parlerait plus du tout, des droits des femmes. Au moins pendant une certaine période, les médias dans le sens large de leur compréhension, s’intéressent un peu aux femmes. Une journée du 8 mars c’est bien mais ce n’est pas assez, il faut parler davantage de place pour des femmes dans la société sénégalaise.
Plutôt monter des modèles de réussite Femme
Ainsi, le 8 mars c’est bien, mais pas assez, il faut plus, selon Ramatoulaye Diallo, CEO et fondatrice de la plateforme les gourmets, pour profiter de cette exposition médiatique hors du commun pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi. Des femmes qui pourraient servir d’exemples aux plus jeunes toujours en quête de référence. « Le 08 mars devrait être une journée où on magnifierait des femmes qui ont réussi, sans pour autant que ça soit un exploit. Ce n’est pas, parce qu’une femme a fait quelque chose qu’un homme aurait pu faire qu’on devait en faire une fête nationale. Parce qu’aujourd’hui, cela va à l’encontre de cette parité-là dont nous parlons tout le temps. Le combat ce n’est pas de faire une fête, un déjeuner ou une manifestation folklorique. Le combat il est ailleurs. Par exemple, l’année dernière j’ai été offusquée de voir une grande surface faire une promotion sur des produits de ménage, parce que c’est la journée de la femme. Vous vous rendez-compte ? Je trouve dommage qu’on en soit encore là en 2019. 2020 est le début d’une nouvelle décennie pour nous, notre décennie. Les gens de ma génération qui rentre dans la trentaine comme moi doivent maintenant jouer leur partition et faire bouger les lignes. Changer la donne en faveur des femmes », explique celle qui propose aux femmes actives, à travers sa plateforme, de passer en ligne des commandes de produits frais et de se faire livrer à domicile.
Moins de folklore
Même son de cloche chez Merry Béye. La présentatrice télé estime qu’on ne doit pas se limiter à fêter la femme que le 8 Mars. A l’en croire, il faut le faire tous les jours parce que la femme est la mère nourricière de la société, elle donne la vie. Tout part de la femme et tout revient à elle. Cependant, l’ancienne chroniqueuse de Réussir est pour que la forme de la célébration soit plus instructive et moins ludique. « J’aurais préféré que cela ne soit pas célébré à coup de tambour, de musique, de folklore avec des tissus mais plutôt organiser des séminaires pour voir comment améliorer la condition de la femme. Comment gagner encore plus de droits. Pour moi, cette façon de célébrer la femme c’est juste de la poudre aux yeux. Une façon de nous contenter comme si on nous jetait un morceau de viande. Il faut que les femmes en veulent un peu plus et qu’elles voient plus grand. Donc je suis pour le 8 mars, mais dans un autre format beaucoup plus innovateur et beaucoup plus bénéfique pour notre condition de femmes », développe-t-elle.
Droite dans ses bottes, Merry Béye assume son statut de femme compétente qui ose réclamer ses droits. Une posture qui lui vaut le qualificatif de féministe mais qui lui permet de se battre en faveur d’autres femmes pour une égalité des chances. « Parce qu’en fin de compte il n’y a que la compétence qui compte car tous les autres facteurs de blocage de l’émancipation de la femme proviennent d’une forme d’interprétation soit de la culture ou de la religion et ça, la compétence permet de l’effriter », ponctue-t-elle.
Se libérer par l’éducation
La journée de la femme ne permet pas de régler les problèmes mais cela permet d’en prendre conscience et de pouvoir y remédier. Mais une journée par an n’est pas suffisante pour faire évoluer les mentalités et espérer un jour une égalité entre les deux sexes. Il en faut plus, et ce plus c’est l’éducation. Elle seule permettra aux femmes assimiler le fait qu’elles soient des êtres humains à part entière et non des êtres humains à part. C’est du moins la conviction de Oumy Régina Sambou. Elle convoque à cet effet, le Coran pour justifier sa démarche. « Quand je lis le Coran, Dieu s’adresse aux croyants et aux croyantes. C’est aux femmes qu’il a dédié une sourate ‘’ la sourate Nissa’’. C’est aussi à la femme qu’il a dédié une sourate ‘’ la sourate Mariam’’. Ces deux seules références démontrent déjà à suffisance que les hommes et les femmes en islam sont égaux entre eux. Tout cela pour dire qu’elles ont énormément de droits dont on ne parle pas assez souvent. Surtout par certains prêcheurs qui ne convoquent que des hadiths qui invitent à la soumission. Une démarche surprenante mis en rapport avec la vie et l’œuvre du prophète (PSL) et de ses compagnons. On se rend compte avec la chronologie des faits que beaucoup de choses nous sont imposées alors qu’on ne devrait pas les accepter. Par exemple, il faut observer comment les femmes qui ont été à l’école coranique se comportent dans leurs foyers. Comment elles gèrent leurs familles, comment elles gèrent leurs hommes …… Pour moi c’est là qu’il faut viser. Il faut éduquer les filles, éduquer tout le monde parce que le mal du Sénégal c’est qu’on a pris l’éducation comme une option, alors que c’est un impératif », affirme la bloggeuse.
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