Groupe d’assurances leader dans la sous-région qui célèbre ses 20 ans, NSIA ambitionne de jouer encore les premiers rôles en Afrique. Son président, Jean Kacou Diagou, revient dans cet entretien avec REUSSIR, sur l’état de santé du groupe, les défis en termes de rentabilité et de gouvernance et surtout ses ambitions de puissance dans toute l’Afrique subsaharienne. Interview exclusive.
Quel est l’objet de votre présence à Dakar ?
Nous sommes à Dakar avec tout le groupe pour plusieurs évènements parallèles, dont le plus important est le comité stratégique,composé de directeurs généraux de toutes les sociétés et filiales du holding.Il s’agit, pour l’essentiel,d’échanger sur des sujets permettant d’améliorer la rentabilité des sociétés du groupe.
Quel est l’état actuel du groupe ?
Le groupe se porte assez bien mais, nous rêvonsde faire toujours mieux. C’est tout le sens de ce séminaire sur la rentabilité, la gouvernance et l’éthique. Il s’agit de trouver le levier qui permettra à chaque société du groupe d’être encore plus rentable et plus attractive vis-à-vis des investisseurs.
Quels sont les points sur lesquels il faut mettre l’accent pour accroître cette rentabilité ?
La rentabilité se fait d’abord sur le plan technique. Pour les sociétés d’assurances, elle est liée à la bonne tarification et à la bonne gestion des risques assurés. Il faut aussi tendre vers la maitrise des coûts d’acquisition, c’est- à-dire des frais généraux, commissions et autres.
Pour les banques, c’est pareil. Dans la politique de crédit faite par la banque, soit à des particuliers, soit à des entreprises, il est important de procéder à une différenciation. Chez les particuliers, il y a une plus grande liberté dans la tarification alors qu’au niveau des entreprises, il y a une telle concurrence qu’il faut faire attention aux montants des crédits alloués et aux risques encourus. C’est tout ceci qu’il faut savoir maitriser pour ne pas avoir des non-recouvrements des crédits auprès des clients. Mais les banques doivent aussi maitriser le coût d’acquisition ou d’exploitation comme elles l’appellent dans leur jargon. Tout cela fait partie de ce que nous appelons une bonne gouvernance qui doit avoir comme objectif principal, la rentabilité.
Aujourd’hui, le groupe NSIA a 20 ans. Pouvez-vous revenir sur son poids sur le marché de l’assurance en Afrique ?
Le groupe a 20 ans. Nous sommes partis de zéro et aujourd’hui, nous tournons, dans les Assurances, autour de 140 milliards FCFA de chiffre d’affaires. En Banque, nous avons un chiffre d’affairessupérieurà 50 milliards. En gros, nous sommes à 190 milliards de chiffres d’affaires pour le groupe. Ce qui fait de nous le 1ier groupe d’assurance de la sous-région.
En tant que 1ier groupe de la sous-région, vous avez des responsabilitésplus importantes. Que faire pour faire avancer l’assurance dans nos marchés ?
Vous savez, la plupart des sociétés de nos marchés ont essentiellement comme clients, les sociétés qu’elles soient petites ou grandes. Donc, les particuliers sont un peu délaissés. Nousnous considérons comme un groupe citoyen et nous avons réorienté notre politique vers un portefeuille de particuliers beaucoup plus important que par le passé. Nous allons même à la conquête de la micro-assurance. Il s’agit d’aller vers les populations non-salariées, mais qui peuvent avoir des moyens et leur proposer des contrats d’assurance ou d’épargne, pour prévenir contre les risques de décès.
Comment se comporte l’activité banque de votre groupe ? On en entend parler moins…
Tout simplement parce que notre cœur de métier d’origine, c’est l’Assurance. Ce n’est que récemment que nous sommes entrés dans la Banque. Nous avons créé un pôle Banque qui, petit à petit, se développe dans le périmètre où nous exerçons en Afrique de l’ouest et du centre, afin de mettre en œuvre notre projet d’entreprise qui est d’être leader en bancassurance. Donc, le pôle Banque est appelé à se développer.
Comment se comportent les filiales sénégalaises du groupe ?
Elles sont parmi les plus performantes du groupe. Elles dégagent des bénéfices et nous sommes satisfaits de leur gestion au Sénégal.
Il y a 20 ans que vous avez créé ce groupe, pouvez-vous nous rappeler les débuts, les difficultés ?
Nous avons réfléchi sur cette aventure de l’Assurance. Pas forcément le métier, mais aussi l’assurance dans ce que nous faisons. Quand nous avons créé cette 1èresociété qui, par la suite, s’est étendue dans la sous-région, c’était suivant une vision très claire. C’était de faire une chaîne de valeurs avec des Africains qui soient capables de concurrencer les multinationales. C’est pourquoi, nous l’avions appelé Nouvelle Société Interafricaine d’Assurance (NSIA). Dès l’origine, cette vision panafricaine était déjà là. Nous l’avons développée, petit à petit, et nous en sommes arrivés là, par un système de cercles concentriques. Nous avions commencé par la Côte d’Ivoire et chaque année, nous nous sommes développés en allant plus loin et en maitrisant notre périmètre géographique d’expansion. Cela nous a permis d’avoir une culture d’entreprise uniforme dans toutes les sociétés du groupe.
Quelles projections pour le futur proche ?
20 ans dans la vie d’une personne, c’est pratiquement l’âge de la maturité. Aujourd’hui, le groupe s’est réuni avec la présence de tous les directeurs de toutes les sociétés. Nous étions une quarantaine à réfléchir sur notre avenir et nous avons sorti ce que l’on appelle «le projet d’entreprise du groupe» qui vise à en faire un groupe financier international, géréselon des normes internationales. Notre ambition est de devenir un groupe financier leader en bancassurance, avec une gestion attractive du personnel, les meilleurs du domaine, afin d’offrir aux populations des produits innovants et performants. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas à vendre.Certes, un fonds d’investissement américain est actionnaire dans le groupe à hauteur de 26%, mais il doit sortir du capital et ils sont entrain de trouver un acquéreur qui remplit certains critères pour nous accompagner dans notre développement. Nous avons l’ambition de nous étendre dans d’autres pays africains, hors de notre zone traditionnelle qui est l’Afrique de l’ouest et du centre que nous couvrons à 75%. Nous voulons partir vers la RDC, l’Angola, Mozambique, l’Afrique de l’est…
Nous voulons aussi développer le pôle Banque, un gros challenge, parce que les capitalisations dans les banques ne sont pas les mêmes que dans les assurances.
La succession?
Si Dieu me prête vie, je suis encore là. Mais, comme nul n’est éternel, la succession est préparée méthodiquement…
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