Au-delà de la couleur de la peau, le Libanais au Mali se reconnait surtout par un sens aigu des affaires. Ils sont dans tous les secteurs, surtout dans la distribution, la restauration, l’alimentation, le transport…
Ils sont, en général, partis du Liban à la recherche d’une vie meilleure en fuyant l’occupation israélienne. Certains sont partis sans jamais regarder en arrière. «J’aime bien la philosophie des Libanais vivant en Afrique. Ils savent pourquoi ils sont là. J’aime leur sens des affaires», explique Ismail Dicko, commerçant au grand marché de Bamako.
Par contre, Modibo, jeune diplômé sans emploi qui travaillait de temps en temps avec des Libanais étant étudiant, pense que les autorités leur donnent trop de libertés. «Ils ne paient pas bien leurs employés et ne les respectent pas. Quand tu les vois crier sur les employés, tu te dis dans quel pays on se trouve ?», a-t-il poursuivi. «Le Libanais, c’est l’argent qui l’intéresse. Toute chose qu’il peut vendre pour se faire de l’argent, il le fait», voilà comment Justin Berthé les qualifie. «Quand je vois comment certains employeurs libanais maltraitent nos sœurs travaillant chez eux, je suis révolté. Ils n’ont aucun sens du respect», s’indigne Justin.
Le Libanais, qu’il soit expatrié ou naturalisé malien, est réputé capable de tout faire ou tout accepter en affaires, pourvu que cela lui rapporte. Ce qui pousse la majorité de la population à se méfier d’eux. Même si cette méfiance n’empêche pas le développement des affaires, elle freine parfois leur intégration sociale. Le Libanais du Mali est aujourd’hui un Malien d’un point de vue administratif. Né au pays, naturalisé avec tous les avantages, mais toujours étranger à cause d’un qualificatif, et pas du moindre : «le gain à tout prix».
Des icônes des affaires
On ne peut parler de succès libanais au Mali sans parler du groupe Achcar Mali Industrie (AMI), un grand empire qui a débuté son activité industrielle au Mali depuis 1950 avec le patriarche Emile Achcar. Il créa la confiserie Emile Achcar, la 1ère aventure de la grande confiserie du pays. Selon le groupe, sur son site (www.gieami.net), le fondateur a racheté en 1954 un complexe industriel où seront fabriqués de la glace et de la limonade ; des briques cuites, des carreaux de ciment et aussi de l’huile et du savon. «Ce premier embryon industriel au Mali prit une expansion croissante en répondant aux besoins d’une clientèle exigeante sur la qualité des produits qu’elle consommait». Ainsi se sont créées progressivement toutes les sociétés du groupe : la Grande Confiserie du Mali (GCM), les Grands Moulins du Mali (GMM), l’Usine d’Aliments Bétail (UAB) et la Société des Eaux Minérales (SEMM). La famille Achcar s’est imposée sur le marché malien et ouest-africain. Ils ont été aussi cités dans les Panama Papers pour des investissements offshores.
Les Achcar sont aujourd’hui des Libanais bien intégrés au Mali. Ils sont parmi les plus acceptés car ils se considèrent eux-mêmes des Maliens à travers leurs activités quotidiennes, en participant à la vie sociale et politique. Ils financent des projets de développement social et des partis politiques, parfois au pouvoir, sans vraiment faire de la politique politicienne. Les Achcar sont un bel exemple de réussite libanaise et d’intégration car chaque Malien consomme chaque jour, au moins, un produit fabriqué par le groupe. «Ils ont même une radio implantée à Bamako», s’étonne un journaliste analyste.
Il y a aussi les Libanais qui détiennent les grandes surfaces. Comme Azar Libre service, appartenant à Bassem Azar qui en possède 2 dans 2 quartiers huppés de Bamako. A côté de Azar Balabougou, se trouve Amnadine, un des plus grands restaurants de Bamako. Ils sont aussi parfois des débutants. Parfois de mère malienne et de père libanais. Ils sont aussi parfois, comme tout Malien, mêlé dans des sales affaires : trafic de drogue, commerce illicite, banditisme, etc.
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