Quelle meilleure place pour les œuvres de la collection privée du professeur Bassirou Dieng qu’à la bibliothèque ? Aucune. C’est ainsi qu’a répondu sa famille en faisant don de sa bibliothèque personnelle au département de Lettre Modernes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Par la voix de sa fille, 720 livres dont ses propres œuvres et des livres issus de sa bibliothèque personnelle, des œuvres qu’il gardait précieusement et jalousement, sont rendus à qui de droit. « Aujourd’hui, ce legs vous revient de droit. De là où il est, il ne peut être que comblé. Comblé de savoir que le partage du savoir et la générosité qui le caractérisait n’ont pas été rompus par ses familles. Comblé de savoir que sa famille reste attachée à ce qu’il avait de plus cher, c’est-à-dire le monde universitaire », a déclaré madame Astou Dieng lors de la cérémonie d’hommage qui coïncidait avec la présentation du douzième numéro de la Revue Sénégalaise de Langues et de Littérature « Science et Tradition » qui lui a été dédié.
Une cérémonie marquée par des témoignages de personnes qui ont eu à pratiquer l’intellectuel hors pair qu’il était. Sa dimension humaniste à travers les relations qu’il entretenait aussi bien avec ces collaborateurs qu’avec sa famille biologique est ressortie durant la manifestation. Parlant justement de ses relations professionnelles, le corps professoral du département de Lettre Moderne est revenu sur ce qui a retenu du Pr Dieng. C’est le cas de son ami et collègue, le Professeur Amadou Ly affirme que Bassirou était un érudit du savoir. « Un grand travailleur, un maître plus qu’un professeur, qui a élaboré du savoir et contribué à un approfondissement de ce qu’on lui a appris en en tirant des thèses et théories propres à lui . Il était un chercheur remarquable, bien pénétré des structurations et du fonctionnement du texte oral ou écrit et doté d’une connaissance parfaite de la société. Il était un savant généreux de son savoir, disposé à aider les étudiants à améliorer leurs recherches », a fait savoir le professeur Ly. Ce qui lui a valu sans doute d’être l’un des rares enseignants à qui on a rendu hommage après avoir tiré leur révérence a laissé entendre Pr Ly. Il reste convaincu que l’œuvre de Bassirou Dieng continuera d’être perpétuée par sa famille universitaire et celle biologique pour revivifiée l’amour qu’il avait du travail.
« Un savant généreux de son savoir »
C’est dans le domaine des sentiments, de l’intelligence, que nous sentons quelle perte terrible signifie sa mort pour l’Ucad – Ils ne sont pas légion les hommes de son expérience, de son envergure a déclaré le Professeur Diamé Signaté dans un vibrant hommage à son ami Bassirou Dieng. « Généreux jusque dans l’âme, le professeur Bassirou Dieng, dans ses rapports avec autrui, a toujours été attentif au fait que la différence nécessite la tolérance, qu’elle exige aussi courage et effort ; car il est plus facile d’imiter que de créer, de succomber à la passivité que de se vouloir responsable, de se laisser guider, que de se frayer soi-même un chemin, de répondre à des mots d’ordre que de conserver son intégrité et son indépendance. C’est en cela que l’on reconnaît l’Homme et c’est finalement la plus grande leçon de sagesse que nous retiendrons du Professeur Bassirou Dieng », a écrit le professeur titulaire d’université, ancien ministre et ancien ambassadeur.
Dans la même foulée, d’autres témoignages de ce type ont fusé. « Bassirou Dieng a choisi d’être au service de l’Université Cheikh Anta Diop et de son pays. Plus d’une fois, il a eu l’opportunité d’aller monnayer ses compétences dans des universités plus nanties. Il a cependant choisi de demeurer dans son pays, à l’université, pour contribuer à la formation de sa jeunesse », dira Mamadou Ndiaye directeur de l’Ecole doctorale +Arts, culture et civilisations.
Bassirou Dieng (1956-2016) a écrit de nombreux ouvrages dont « L’épopée de Cheikh Ahmadou Bamba » de Serigne Moussa Ka (Jasaa u sakÓor u géej gi, Jasaa u sakÓor u jéerj ji), Dakar, PUD, 2006 (en collaboration avec D. Faye), « Du Tiédo au talibé », « Les épopées d’Afrique noire », « Les épopées du Kajoor », « Contes et mythes wolof » « L’épopée de Cheikh Ahmadou Bamba ».
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