En 2016, l’État du Sénégal à travers la loi d’orientation sociale, a senti l’opportunité de créer le Fonds de l’Habitat Social (FHS) pour accompagner le projet de construction des 100 000 logements. En effet, cette structure, considérée comme le levier de financement du projet, a commencé ses activités seulement au mois de juin 2020, selon M Ousmane Wade, Administrateur général du FHS.
Ainsi il revient sur les raisons qui ont incité le chef de l’État à mettre en place cet outil. « C’est à partir d’un constat que le FHS a été créé. Au Sénégal des études ont montré que 96% des personnes qui veulent acquérir des logements n’ont pas de revenus réguliers ou bien disposent de faibles ressources financières. À côté il y’a également 80% de salariés dont les revenus ne leur permettent pas d’avoir des logements » a fait remarquer l’Administrateur du fonds qui vient d’installer fraichement ses équipes dans ses nouveaux locaux, sis à la Cité Keur Gorgui, à Dakar.
À cela s’ajoute également, le fait que généralement, tous les demandeurs de logement ne sont pas, pour la plupart du temps, éligibles auprès des banques pour obtenir des crédits logement, faute de garanties. D’où la détermination de l’État du Sénégal d’impulser une nouvelle approche pour corriger cette lacune.
D’où la mise en place des initiatives publiques d’accompagnement comme le FHS qui se positionne comme une garantie sûre pour les institutions financières partenaires. « L’État a mis en place le fonds pour l’habitat social pour apporter des garanties exigées par les banques et institutions financières en vue de permettre aux Sénégalais demandeurs de crédits logements de pouvoir y accéder » explique Ousmane Wade.
Donc ce qui lie le fonds à l’ensemble des institutions financières c’est une convention de partenariat qui va être signée et qui va fixer les règles, et les modalités de fonctionnement.
Comment fonctionne le FHS
Le FHS est financé par une taxe parafiscale fiscale sur le ciment à raison de 2000 FCFA prélevée sur chaque tonne de ciment auprès des cimentiers du Sénégal. Ce sont ces montants là que l’État mobilise pour garantir les prêts destinés à l’appui des logements aux primo accédant à revenus faibles ou modestes » renseigne-t-il.
C’est une taxe qui est collectée par la Direction générale des impôts et domaines auprès de différents cimentiers du Sénégal et qui est versée dans un compte spécial ouvert au nom du FHS. « A la date d’aujourd’hui nous avons reçu trois versements parce que le fonds a commencé ses activités au mois de juin » révèle M Wade, sans préciser le montant collecté.
Il est aussi revenu sur les raisons de la lenteur notée dans la collecte de la taxe, imputant cette situation par la situation compliquée engendrée par la crise sanitaire du coronavirus qui n’épargne pas les cimentiers et aucun autre secteur de la vie économique « Le montant des versements qu’on reçoit a évolué mais ce n’est pas très évident avec le contexte actuel du Covid-19 un peu difficile où toutes les activités sont au ralenti. C’est tout de même des montants appréciables qui ont permis de démarrer les activités ».
Dans le cadre de ce projet, l’État du Sénégal a décidé de prendre en charge le volet aménagement à travers le Fonds de l’Habitat Social pour financer une partie des VRD (Voiries et Réseaux Divers). Ainsi le fonds intervient à tous les niveaux dans la construction des logements. D’habitude ce sont les promoteurs qui le faisaient et le répercutaient directement sur le coût de vente et c’est pourquoi le logement coutait cher » selon Ousmane Wade.
La question de la spéculation foncière
La question de la spéculation foncière est très largement prise en compte dans le projet des 100 000 logements. « Ce qui se passait avant, c’est que ce sont les promoteurs eux -mêmes qui achetaient le foncier et qui le répercutaient sur le prix total du logement et c’est ça qui enchérissait le coût. Dans le cadre du projet des 100 000 logements le changement dans la pratique s’imposait » soutient M Wade. Il avance que « cette fois-ci, l’État a décidé de sécuriser le foncier. On a mis en place un mécanisme qui nous a permis non seulement de titrer le foncier acquis auprès des communes, mais aussi de le sécuriser de le remettre aux promoteurs de façon transparente et contrôlée de façon qu’il n’y ait plus de spéculation comme cela se faisait auparavant ».
Aujourd’hui si l’État vous affecte une assiette foncière pour un projet immobilier explique M Wade, il est adossé à un cahier de charges qui est la règle de délivrance des produits de logements. Donc, il n’y’a pas moyen de prendre le foncier et de spéculer. Les échéances sont bien fixées et les promoteurs sont tenus de les respecter parce qu’ils vont signer une convention adossée à un cahier de charges et des délais de livraison bien encadrés.
La Communication autour du projet
L’engouement notée autour du projet des 100 000 logements est dû au fait que c’est un besoin primaire pour les populations. « Je crois que le troisième besoin qui vient après se nourrir et se vêtir, c’est se loger qui est fondamental pour mettre la personne en sécurité. C’est pourquoi l’État a mis en place deux structures pour accompagner le projet des 100 000 logements. C’est la société d’Aménagement Foncier et de Rénovation Urbaine (SAFRU) et le Fonds de l’Habitat Social (FHS). Ce sont deux structures respectivement d’appui technique et financier qui viennent véritablement appuyer l’acquéreur et le promoteur en même temps. Ce qui participe à amoindrir le coût du logement et rendre accessible le logement pour le citoyen lambda qui veut un logement. Aujourd’hui l’État subventionne directement le logement social en supportant presque plus de 40% du coût du logement ».
L’autre élément non négligeable qui explique l’intérêt que suscite ce projet auprès des populations, c’est qu’il y’a derrière une bonne communication autour du projet. « Le lancement il ya trois mois de l’inscription digitale avait reçu plus de 235 000 demandes en l’espace de quelques jours seulement. Donc on va continuer à vulgariser la campagne et aujourd’hui au moment où nous parlons on connait les projets qui vont démarrer, les cités qui seront construites » renseigne Wade.
Avant de conclure : « On va continuer cette communication pour permettre aux citoyens de connaitre les projets qui vont démarrer et les modalités d’acquisition de ces logements. Les mécanismes d’accompagnement mis en place par l’État pour contribuer à faire baisser les prix du logement et les rendre accessibles. Là également on continuera la communication pour accompagner les Sénégalais à acquérir des logements qui ne sont pas soumis à la seule règle de la concurrence ou aux règles du marché. C’est parce que l’État a pris sur lui de subventionner plus de 40 % du cout du logement ».
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