La Guinée Bissau travaille d’arrache-pied pour lutter contre la pêche illégale à travers des patrouilles conjointes menées par Greenpeace et le département de la surveillance des pêches de la Guinée Bissau, le FISCAP.
Le président de la Guinée Bissau, José Mario Vaz a prévu de lutter contre la pêche illégale. Raison pour laquelle il a rendu visite au bateau de Greenpeace « Esperanza » qui, durant la surveillance des eaux nationales, a réussi à arraisonner quatre bateaux de pêche qui commettaient des infractions. Une initiative louée par Chef de projet à bord de l’Esperanza, Pavel Klinckhamers qui se désole cette situation.
« Le fait que nous ayons mis la main sur autant de navires en 5 jours seulement, confirme la situation alarmante qui prévaut dans les eaux ouest-africaines, digne d’un Far West. Les compagnies de pêche et leurs navires ont simplement pris l’habitude de profiter de la faiblesse de la capacité de la Guinée Bissau à assurer une surveillance complète de sa Zone Économique Exclusive (ZEE) et les résultats de nos recherches montrent que des opérations illégales s’y déroulent quotidiennement. Nous saluons l’engagement au plus haut niveau du gouvernement Bissau Guinéen pour freiner la situation actuelle », explique Pavel Klinckhamers
Les navires arraisonnés ont tous été conduits au port de Bissau ; leurs équipages et leurs propriétaires font actuellement l’objet d’enquêtes approfondies de la part des autorités locales pour cause de transbordement illégal en mer, non-affichage de noms lisibles sur les navires, non-paiement d’amendes et usage d’engins de pêche non autorisés. Ces navires proviennent généralement de la Chine, des iles Comores et de l’Espagne pour exercer activité illégale au large des eaux de la Guinée Bissau.
Pourtant, en Afrique de l’Ouest, le poisson demeure une des principales sources de protéines animales pour la population et les activités liées à la pêche représentent une source vitale de revenus et d’emplois pour beaucoup de personnes. Malheureusement, ce continent reste le seul continent où la pêche n’est pas régularisé et les entreprises de pêche étrangères en profitent pour fructifier leur économie. Une situation désolante selon Dr Ibrahima Cissé, responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique. « L’Afrique de l’Ouest est la seule région au monde où la consommation du poisson est en déclin en raison de la surexploitation des ressources par trop de navires et des activités de pêche illégales. Les répercussions de l’épuisement des stocks de poissons sur la sécurité alimentaire et l’économie dans certains des pays les plus vulnérables du monde sont extrêmement préoccupantes et nous devons y faire face », dixit-il.
La pêche illégale, non réglementée et non déclarée en Afrique de l’Ouest (pêche INN), contribuerait à réduire de 300.000 le nombre d’emplois dans le secteur de la pêche artisanale, et de 2010 à 2016, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée et la Sierra Leone ont perdu environ 2,3 Milliards de dollars par an en chiffre d’affaires, tandis qu’un montant minimal de 13 millions de dollars a été récupéré grâce au suivi, au contrôle et à la surveillance, (MCS). Le nombre le plus élevé d’infractions de pêche INN en Afrique de l’Ouest s’est produit en Guinée-Bissau. En 2014, en une semaine de patrouille, les autorités de la Guinée-Bissau ont documenté jusqu’à huit navires pêchant illégalement.
Bandiaré NDOYE
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