S’étendant sur 28.000 km2, la Guinée-Bissau a démarré son processus de décentralisation en décembre 1994. Un acte venant en complément au processus de privatisation qui, lui, avait été initié en 1986. Toutefois, il faudra attendre l’année 1997 pour voir la mise en application de la Loi portant décentralisation.
Pour l’économiste, Aberto Djata, interrogé sur un tel décalage, l’Etat bissau-guinéen manque manifestement de volonté pour mettre en œuvre la décentralisation. Pourtant en s’engageant dans les processus de décentralisation et de privatisation, les autorités bissau-guinéennes avaient pour objectif principal de procéder à la restructuration de l’économie en vue de répondre à une pression politique grandissante allant dans le sens d’une plus grande démocratisation des institutions du pays.
De fait, la Loi portant décentralisation attribuait aux régions et aux autres pouvoirs décentralisés de nouvelles fonctions de décision, d’exécution et de contrôle. La responsabilité de gérer le financement du développement étant laissée au gouvernement.
Dans les faits, cette politique de décentralisation s’est arrêtée au stade des bonnes intentions dans la mesure où aucune des structures décentralisées n’a reçu de la part de l’Etat des concours financiers lui permettant de faire face aux nouvelles fonctions que leur impute la décentralisation.
Selon Alberto Djata : «le gouvernement n’a jamais voulu que la décentralisation aboutisse car le pouvoir central est financé par les régions qui lui fournissent l’essentiel des taxes collectées. Voulant toujours contrôler ces richesses, l’Etat n’a pas intérêt à ce que la décentralisation se fasse ».
Ainsi, dans ses deux composantes, développement rural et politique, la décentralisation en Guinée-Bissau se porte très mal. Selon les analystes, elle n’est rien d’autre qu’une forte déconcentration des services centraux de l’Etat.
Cette déconcentration s’est traduite, dix ans après le processus de privatisation, par un programme de restructuration administrative conduit par le ministère de l’Agriculture. L’objectif étant de donner un contenu réel à la déconcentration en lui faisant jouer un rôle au niveau local.
A en croire, l’économiste Alberto Djata, il a fallu attendre 2005 pour voir le gouvernement, soutenu par les institutions internationales comme le PNUD, l’UNICEF et la Banque Mondiale, créer au niveau des régions et des départements des commissions d’installation des autorités locales.
Malheureusement, ‘’ces commissions n’ont pas marché’’, a-t-il souligné non sans relever qu’’’en 2014, le gouvernement encore soutenu par l’UEMOA et la CEDEAO est parvenu à mettre en place la commission d’installation des autorités locales’’. Cette structure a fini son mandat en décembre 2016.
‘’Les choses sont bien dessinées sur le papier car chaque région a son plan de développement. Ce qui est une évolution majeure’’, affirme l’économiste qui se montre pessimiste pour la suite, vu que l’Etat fait preuve d’un réel manque de volonté dans la mise en place d’une véritable politique de décentralisation.
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