Quand bien même c’était la fin de l’hiver et le début du printemps, il faisait encore très froid, pour un Sahélien, quand j’ai débarqué à Toronto en ce début d’après-midi du 12 mars. Moins 5 degrés de température…
Ce n’était vraiment pas la fête. Même si le soleil était au rendez-vous et que j’étais bien emmitouflé, avec le manteau de rigueur, le pullover, l’écharpe, le chapeau. Sauf les gants… Bonjour dans ce pays du grand froid où le chauffage est de rigueur, partout… sauf dans la rue. Et le contraste est saisissant. Et ça me rappelle un séjour à Dubaï, en pleine chaleur estivale, avec 50 degrés à l’ombre, et un confrère avait sorti ce bon mot, «Dubaï, c’est le paradis dedans et l’enfer dehors». Ici, aussi, c’est tout comme. Mais à l’envers…
Inutile de vous dire que j’ai dormi, comme un loir, durant ce weekend d’avant les choses sérieuses. Dès le lundi, il fallait commencer les rendez-vous avec les contacts, déjà pré- établis, par le Service commercial de l’Ambassade du Canada sous la houlette de mes amis, Carlos, Aminata et Amina. Un trio de choc !
Ensuite, il fallait suivre au pas de charge les différents ateliers de la Conférence sur «l’Afrique en essor», au site de MaRS, un centre d’innovation, rencontrer et discuter avec les panélistes et autres participants. Canadiens comme Africains… Avec un discours tellement optimiste et engagé qu’on s’est dit «mais bon Dieu, ils vont tous prendre le prochain vol en partance sur l’Afrique pour aller gagner de l’argent. Vite fait et bien fait !» Un peu de caricature mais pas loin des faits…
Même pour nous autres Africains, ça fait du baume au cœur de savoir qu’il y a, de par le monde, des gens qui nous aiment à la folie (surtout les coopérants et autres missionnaires), des gens d’affaires qui veulent investir en Afrique et qui sont convaincus qu’on peut gagner de l’Afrique et qui, malgré les différences culturelles, sont prêts à payer le prix. De la patience, de la persévérance et de la présence. Il faut être là, vivre avec les Africains, essayer de les comprendre et si ça prend, c’est le début d’une relation qui peut valoir d’immenses satisfactions. Qui ne sont pas seulement pas matérielles. Un supplément d’âme quelque fois…
Il y a déjà 9 ans, en 2002, j’avais vécu la même sensation, toujours au Canada, à Kananaskis, cette fois ci, lors du Sommet du Sommet du G8, lors du lancement du NEPAD. Avec les envolées lyriques d’un certain Abdoulaye Wade…
Ensuite, cap sur Montréal pour rencontrer les Sénégalais du Canada. Qui sont maintenant une communauté en phase de consolidation. Hier, la plupart étaient venus, soit pour étudier ou pour chercher du travail. Mais avec un timing limité. Aujourd’hui, la plupart sont devenus des Canadiens de cœur et de raison, surtout des résidents à plein temps. Ce qui change tout. Aujourd’hui, la question est de se définir comme une composante à part entière de ce Canada multiculturel, tout en essayant de préserver le meilleur de nous-même, de notre sénégalité, voire de notre islamité. Des questions existentialistes qui se posent, partout ailleurs, en Europe et en Amérique, où vivent des communautés sénégalaises émigrées…
A Montréal, nous avons rencontré de belles réussites de Sénégalais. Parvenus à des postes de responsabilités dans les compagnies où ils travaillent et respectés pour leur cursus académique et leur valeur professionnelle. Ils constituent une fierté nationale. Aussi, c’est un plaisir immense, en tant que journaliste, de faire découvrir ces hommes et femmes du Sénégal de la Diaspora, qui font honneur à leur pays d’origine. Comme Boucar Diouf qui est une star nationale au Québec. Alors que c’est un fils de paysans du Sine, devenu océanographe au Québec, qui s’est reconverti comme humoriste. Il avait même été désigné porte-parole lors de la Fête nationale du Québec en juin 2009. La consécration suprême !
Pour boucler la boucle, nous avons fait un petit saut à Washington. Pour rendre visite à la famille et à des amis. C’était un certain 19 mars 2011. Pour la plupart d’entre eux, le Sénégal allait être à feu et à sang… Ah bon ? On dirait qu’on ne parlait pas du même Sénégal…
BDW
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