Ce 12 Juin il n’était point question de parler des signatures des contrats ou de leurs contenus, ni de la législation dans le domaine pour améliorer l’attrait du pays pour l’exploitation de nos hydrocarbures, ni du code pétrolier, mais il était réellement question de prospective et de politiques publiques. Disons que c’était un jour d’exposé d’une vision politique de long terme. C’était une occasion pour ceux qui ont répondu et pour les absents de créer de l’espoir chez notre peuple et de challenger le Président de la République actuel. Par excellence c’était le lieu de voir tous les leaders politiques surtout ceux qui aspirent à diriger le Sénégal nous dire quelles sont les priorités qu’ils auraient financées par nos nouveaux atouts que sont le pétrole et le gaz.
Nous trouvons dommage que toute l’opposition ait boycotté cette rencontre, mais cette politique de la chaise vide on y est habitué et nous éviterons de leur donner des leçons car ça en devient lassant de les inviter à adopter la posture républicaine qu’on attend d’eux. Pour finir sur cette parenthèse de boycott, ce qui est le plus dérangeant c’est ce que cela trahit. Car au lieu de voir que le pays attend de savoir quel est leur stratégie de développement qu’ils espèrent mettre en place à partir de la manne financière que générera le pétrole et le gaz, certains opposants pensent que c’est à Macky Sall qu’ils vont répondre. Ce que ça trahit, c’est une vision patrimoniale du pouvoir. Avec cette vision patrimoniale qu’ils ont de l’institution Président de la République, il faudra déchanter de nouvelles façon de faire la politique avec en corollaire un recul inquiétant du sentiment républicain chez notre plus haute élite politique.
Le peuple ne désespère pas tout de même que les leaders de notre opposition nous déclinent leurs orientations prioritaires, si ce n’est dans le cadre de la « concertation du Président Macky Sall » ça pourrait être organisé à l’Assemblée Nationale, ou par la société civile avec la participation des chaînes de télévision. Parce qu’un débat sur ce sujet ne sera pas vain.
Revenant à la concertation de la journée du 12 Juin 2018, il faut tout de même déplorer l’absence de termes de références (TDR) préalables qui aurait permis un meilleur déroulement de la concertation. Les interventions ont été nombreuses et de qualités pour celles qui ont respecté l’ordre du jour. Des innovations inattendues y ont été dites, nous pensons à la demande que ces ressources puissent financer les cérémonies religieuses dans notre pays. Et pourquoi pas ? L’idée est lancée et répond à la question posée même si nous nous empressons de dire que nos priorités sont ailleurs. Dans le cadre de l’organisation des interventions enregistrées faire un compte rendu efficace va être laborieux. Nous suggérons la conduite par le COS-PETROGAZ de recueillir les propositions écrites qui pourraient être faites par la classe politique et la société civile afin d’aboutir sur un projet de loi le plus consensuel possible.
Précisons qu’un début de réponse sur la gestion des revenus que va générer l’exploitation du pétrole et du gaz a été donné depuis le 27 décembre 2012 par la création du FONSIS (Fonds Souverain d’investissement stratégique du Sénégal) entre autres initiatives. Qu’en pensent les acteurs politiques de l’opposition? Sont-ils dans l’idée de renforcer notre fonds souverain ou de le supprimer? On veut savoir !
Quid de la péréquation sur l’éducation et la formation des jeunes? Les études supérieures devront-elles être prises en charge par nos recettes? Le secteur de la santé devrait-il être totalement ou en parti accessible sans frais? Comment financer l’innovation, la recherche et le développement dans les domaines IT, sciences et médicaux? Et au-delà des secteurs pointés comme prioritaire pour les pays en développement comme le nôtre, nous attendons une théorisation de notre politique de développement basée sur la structure actuelle de notre économique et les axes prioritaires actuelles du PSE (Plan Sénégal Emergent).
Autant de questions qui auraient pu être soulevées par une journée comme celle du 12 Juin 2018. A défaut d’avoir une réponse ce jour-là nous attendrons les périodes de débat comme la prochaine élection présidentielle parce qu’aucun candidat sérieux qui prétend diriger nos destinées ne pourra se soustraire à cet exercice et d’une façon transparente et assumée. D’ici là, la responsabilité en appellera au pouvoir en place à voter une loi dans ce sens.
Mohamed LY
Président Think Tank IPODE
Discussion à ce sujet post