C’est l’histoire d’un jeune inspiré par son grand-père agriculteur qui avait fini de se faire un nom grâce à ses champs. « Je me suis lancé dans l’agriculture pour faire mon chemin. Car si mon grand-père a su se faire respecter et donner un nom à sa région à travers l’agriculture, je peux à mon tour changer la donne avec notre richesse première qui est la terre », renseigne Souleymane Agne.
Après l’abandon de ses études de Droit, il a suivi une formation de technicien horticole. Durant ses études, il déplorait le caractère trop « théorique » des contenus qui se limitaient, le plus souvent, aux cultures maraîchères et fruitières « classiques » et bien connues des Sénégalais. C’est ainsi qu’en 2011, il a décidé de se lancer dans les cultures rares et, en particulier, de mener des essais pour la production locale de fraises. Dopé par l’idée d’innover à tout prix, il s’est lancé dans une phase d’expérimentation sur 2.000 m². « Cette expérimentation fut un succès. Il fallait juste que quelqu’un décide de s’y mettre, avec tous les risques, pour prouver que c’était possible et j’avais choisi d’être la mascotte pour changer la donne. En 2016, nous avons lancé officiellement FraiSen. De 2016 à 2019, nous nous sommes concentrés sur la perfection de nos produits, nous avons dépensé beaucoup d’énergie à innover pour sortir un produit incontournable. Aujourd’hui, nous avons réussi à trouver la formule magique qui nous permet d’avoir des fraises sucrées, calibrées et parfumées », raconte le promoteur de la startup sénégalaise qui s’investit dans la production et la commercialisation de la fraise.
FraiSen cherche surtout à promouvoir le Consommer local et le Made in Sénégal. Son objectif est de valoriser les fraises sénégalaises et d’avoir un positionnement clair dans la chaîne de valeur.
Culture de la qualité
Conscient des obstacles qui l’attendent dans la conquête du cœur et de la poche des Sénégalais, Souleymane Agne ne se décourage pas pour autant. Il sait que ses compatriotes n’ont pas la culture de la qualité, du perfectionnement et de la valorisation de ses produits locaux. Il faut donc les éduquer à cela à travers des fraises qui peuvent largement concurrencer celles importées. « Nous devons avoir une éducation sur la valorisation de nos produits pour mieux vendre le Made in Sénégal. Nous n’avons pas le droit de nous plaindre, auprès de l’Etat, de l’importation des produits agricoles si nous n’arrivons pas à proposer des produits de qualité qui peuvent rivaliser avec ceux importés. Un produit à fort valeur ajoutée se vend tout seul. FraiSen ne cherche pas à limiter l’importation des fraises, mais plutôt à les supprimer et cela, en proposant des fraises de qualité Made in Sénégal. Et il reviendra aux clients de choisir librement quelle fraise consommer. Car en termes de qualité, nous proposons les meilleures fraises au Sénégal », clame-t-il.
Pour mieux organiser la filière Fraise du Sénégal, Souleymane a participé au lancement, cette année, de FraiSen. Un réseau qui va regrouper l’ensemble des producteurs sénégalais et africains de fraises autour d’un label commun. Le réseau FraiSen est l’une des rares organisations paysannes qui a un potentiel énorme de création d’emplois. 5.000 emplois directs et 10.000 emplois indirects seront créés d’ici à 2025 par le réseau. « Car FraiSen vend plus que des fraises, elle vend des moments de saveur et de délices. Et pour mieux impacter, nous avons pensé créer un réseau afin de partager notre technologie avec les agriculteurs et développer un label commun. Si toutefois les agriculteurs décident de se regrouper, de s’entraider, de partager leurs connaissances et technologies dans des organisations paysannes, ils pourront proposer leurs démarches au gouvernement et imposer les règles du jeu. Le Made in Sénégal a un avenir, mais si seulement nous acceptons de nous unir et de bien nous organiser et de surtout miser sur la qualité », souligne-t-il.
Aujourd’hui, FraiSen compte travailler avec la DER pour atteindre rapidement son objectif d’évoluer vers une production d’une tonne de fraises.
Discussion à ce sujet post