Présidant mardi, au Centre International de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio, l’ouverture du Forum de haut niveau sur le financement de l’action climat, Mamadou Moustapha Bâ a expliqué que « l’intégration des considérations environnementales dans la politique économique est un sacerdoce pour les plus autorités du Sénégal ».
Concernant l’adaptation, il a rappelé que le Sénégal a élaboré quatre (4) plans dans le domaine pour les secteurs de l’agriculture, de la santé, des infrastructures routières et des inondations.
L’élaboration de trois plans d’adaptation pour les secteurs Elevage, Biodiversité et Tourisme, et Ressources en eau est planifiée pour 2024.
En perspective, Mamadou Moustapha Bâ révèle que le Sénégal, adoptera une nouvelle Contribution Déterminée au niveau National (CDN) en 2025. La mise en œuvre des CDN et leur mise à jour tous les 5 ans avec des objectifs toujours plus ambitieux nécessitent des niveaux de financement à hauteur des besoins, a-t-il soutenu, affirmant que pour répondre à ces besoins de financement, le Sénégal se positionne pour participer aux marchés internationaux du carbone et pour mettre en place un instrument national de tarification du carbone. D’où le Partenariat pour la mise en place de marchés du carbone (PMI) avec la Banque mondiale.
L’objectif de ce partenariat est de soutenir l’accès à de nouveaux financements de la politique climatique avec l’accord signé entre la Banque mondiale et le Sénégal en mai 2023 pour un montant de 2 millions USD sur 2 ans.
La nouvelle CDN du Sénégal en gestation, indique-t-on, devra refléter l’ambition climatique renforcée de sa nouvelle stratégie énergétique visant 40% du mix électrique d’ici 2030 à travers la promotion des énergies propres, clairement déclinée dans la lettre de politique du développement du secteur de l’énergie (LPDSE 2024-2028).
En outre, une vision et une feuille de route pour une stratégie de long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre (SLT) sont en cours d’élaboration.
Par ailleurs, avec l’élaboration du PAP ajusté et accéléré (PAP 2A), le Plan Sénégal Emergent (PSE) vert a été développé pour apporter des réponses pratiques à la problématique de la gestion de l’environnement, des ressources naturelles et de l’économie verte dans six (6) secteurs clés.
Le besoin de financement de ce Programme est estimé à 355,7 milliards de FCFA dont 340,5 milliards FCFA de coût des projets, a révélé Mamadou Moustapha Bâ.
Selon le ministre sénégalais des Finances et du Budget, le besoin de financement est « un des défis majeurs à relever pour que le Sénégal réussisse sa politique climatique dans les prochaines années ».
Récemment, a-t-il rappelé, le 22 juin 2023, le Sénégal s’est engagé dans une dynamique de verdissement de son économie avec l’appui du groupe des partenaires internationaux.
Ainsi, dès 2023 le Sénégal a entamé la mobilisation de 2,5 milliards d’euros de financement pour une période initiale de 3 à 5 ans, dans le cadre du Partenariat pour une Transition énergétique juste (JETP).
Ce partenariat permettra l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et la publication à la COP28 d’une stratégie de long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre.
Au-delà du partenariat sur le JETP, en mai 2023, les autorités du Sénégal et le FMI sont parvenus à un accord de financement du FMI au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). L’accord FRD prévoit de soutenir les objectifs nationaux d’atténuation du changement climatique, d’accélérer l’adaptation du Sénégal au changement climatique et d’intégrer des considérations relatives au changement climatique dans le processus budgétaire.
Ces quelques actions montrent selon lui, à quel point le Sénégal s’est résolument inscrit dans la démarche de prise en compte du changement climatique dans les politiques de développement.
Toutefois, il estime que ces efforts risquent d’être compromis par un manque de financement qui d’ailleurs pourrait entraver la mise en œuvre de l’action climat.
Selon un rapport de la BM, le contexte mondial est marqué par la contraction des financements, et la baisse potentielle des ressources des Partenaires traditionnels, notamment les institutions de Bretton Woods.
Par ailleurs, le Sénégal a publié cette année le « Budget vert ». Un document qui est annexé à la Loi de Finances initiale (LFI) 2024, qui retrace les allocations aux cinq (5) secteurs de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) de 2022 à 2024.
Le Forum vise, entre autres, à mobiliser le Secteur privé national et international pour le financement des actions d’atténuation et d’adaptation des chocs, catastrophes et crises climatiques au Sénégal. Il offre l’occasion aux gouvernants de réfléchir sur les mécanismes de financement innovants des composantes « atténuation » et « adaptation » des économies sensibles aux chocs, catastrophes et crises climatiques.
Avec une contribution d’environ 3% dans le changement climatique, l’Afrique subit de plein fouet les effets du phénomène.
Le Sénégal n’est pas épargné, avec la fréquence des sécheresses, l’érosion côtière, la perte de biodiversité et la dégradation des sols, mais surtout la recrudescence des événements extrêmes, notamment les vagues de chaleurs et les inondations.
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