Le FCFA à 70 ans et son anniversaire est passé inaperçu. Hérité de la colonisation, le Franc des Colonies Françaises d’Afrique regroupe aujourd’hui seize pays: huit pays dans la Communauté Financière Africaine en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et six autres pays d’Afrique centrale dans ce qu’on appelle la Coopération Financière Africaine (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad), s’y ajoute le Franc Comorien pour les Comores et le Franc Français pour la France devenu Euro avec la construction européenne.
70 ans après quel est le bilan de cette monnaie ? Garantie par le trésor public français qui a comme relais la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC) et la Banque Centrale des Comores (BCC), le FCFA est pour beaucoup, une source de stabilité monétaire et un outil facilitant les échanges des pays concernés. Cependant, après un demi-siècle d’indépendance, peut-on comprendre que cette Afrique francophone n’ait pas encore de souveraineté monétaire ? En effet, la France, en siégeant de facto au sein des conseils d’administration de ces banques citées plus-haut, et en exigeant que la moitié des avoirs en devises des pays membres soient déposés dans un compte d’opérations ouvert auprès du trésor français, ne permet pas aux membres de la dite zone de maîtriser leurs politiques de change et tout simplement les orientations économiques. Le plus fou dans tout cela, est que la France exige que ce compte soit constamment alimenté d’où la rigueur budgétaire que Paris impose aux pays de la zone franc. Résultat des courses, ces pays sont obligés d’emprunter pour financer leur développement. C’est véritablement une situation dramatique et triste, tellement triste qu’elle frise l’ubuesque et le risible tant rien n’est fait pour la corriger. Certes, ici ou là, de temps en temps, des Chef d’Etats en perte de crédibilité face à leurs opinions publiques agitent avec une forte dose de populisme l’idée de sortir du CFA : Mais ça ne va jamais plus loin.
A partir de là, il est légitime de se poser la question de savoir : à quoi servent les différents Plans pour l’émergence qui pullulent sur le continent si vous ces pays ne détiennent pas réellement les manettes ? (Plan Sénégal Emergent, Plan Mali Emergent, Plan Gabon Emergent). Arnaque ou saupoudrage ? L’affirmer ou le penser n’est pas de trop.
Oui, que faire face à ce phénomène ? Demba Moussa Dembélé économiste et Président de l’Africaine de Recherche et de Coopération pour l’Appui au Développement Endogène (ARCADE) nous donne un début de réponse : « Aimons-nous d’abord et disons-nous que nous sommes capables de prendre nos propres responsabilités et d’être indépendants dans la gestion de notre économie et de nos ressources ».
Crédit-photo: afrique360.com
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