L’Afrique n’a plus le choix, elle doit adapter son Agriculture aux changements climatiques. C’est la conviction de M. Seyni Nafo, PDT Groupe des négociateurs africains sur le climat aux Nations unies. Rencontré à l’occasion de la Conférence sur l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine AAA, il revient en détails sur les enjeux du financement.
Quel est l’intérêt de l’initiative sur l’Adaptation de l’Agriculture Africaine AAA?
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à Paris, à l’occasion de la COP21, un certain nombre d’idées ont été émises notamment sur les changements climatiques. Cette conférence qui s’est tenue à Marrakech, est en quelque sorte une continuation. Elle a suscité un grand mouvement sur les financements, sur l’adaptation de l’agriculture plus particulièrement. L’idée c’est d’arriver à la COP22, avec des programmes bien ficelés. Aujourd’hui, l’Afrique a besoin entre 12 et 13 milliards de Dollars/an, alors qu’on en reçoit 2 ou 3 par an, donc on a un gap d’à peu près 10 milliards par an. Aujourd’hui, pour l’adaptation, c’est 62 milliards qui sont disponibles, sur les 100 milliards qu’on entend depuis Copenhague, et c’est 8 milliards qui vont à l’adaptation, c’est à dire entre 16 et 18 pour cent.
Et c’est quoi votre objectif?
Ce que nous voulons et allons mettre sur la table de la COP22, c’est doubler le pourcentage des financements alloués à l’adaptation. L’objectif c’est d’amener sur les trois prochaines années, le taux à un peu moins de 33 pour cent. Ca c’est le premier point, deuxièmement, il y a la question de la formulation des projets. Nous voulons renforcer les capacités pour que les pays puissent présenter des projets et des programmes. D’ailleurs avec le fond climat qui est aujourd’hui le mécanisme de financement le plus important, nous n’attendons même pas Marrakech, nous avons demandé aux ministres de remonter leur portefeuille projets, ça peut même être des notes conceptuelles pour qu’on puisse quantifier les besoins en financements.
Quid du fond vert?
Il est là, il est capitalisé. Il y a 300 milliards de dollars/an pour aider les autorités nationales à se développer. Il y a 300 mille dollars/an pour aider les pays à organiser des dialogues, 3 millions de dollars pour aider les pays à faire leur plan d’action, une facilité de coopération de projets, des financements pour les investissements. Il faut être proactif, nous n’avons plus d’excuses maintenant.
Mais le fait que les pays n’aient pas les mêmes priorités n’est pas un obstacle?
C’est vrai que tous les pays n’ont pas la même priorité, mais l’Afrique c’est 54 pays, notre souci, c’est de créer un cadre ou tous les pays trouvent leur compte. Par exemple, au lieu de demander une cible pour l’Agriculture, pour la Pêche…nous voulons plutôt augmenter le paquet global de sorte que caque pays ait la possibilité de déposer les projets de son choix. Nous nous ne disons pas que l’adaptation, c’est d’abord ceci ou cela.
Mais les analyses ont montré que presque tous les pays ont mis l’agriculture, mais le reste c’est dans la flexibilité des pays à arbitrer. Dans les négociations on évite d’avoir des approches trop sectorielles pour ne pas, Il ne s’agit pas pour nous de tout consacrer à l’agriculture, nous voulons un paquet global. C’est pourquoi on évite d’avoir des approches trop sectorielles pour ne pas créer des discriminations.
Est-ce que les pays sont sur la même longueur d’ondes?
L’objectif premier objectif, c’était de lancer un signal politique fort, le deuxième, c’était de montrer que l’Afrique est unie et le troisième, c’est que nous avons maintenant une feuille de route d’ici à Marrakech. Et pour nous le succès va se passer à cette rencontre avec le fond climat. Si caque pays arrive à s’organiser et à mettre son portefeuille prioritaire sur l’agriculture et le climat, d’ici à 2018 et que nous arrivons à l’intégrer dans le portefeuille africain, ce serait excellent. L’objectif ultime c’est de traduire tout ça sur le terrain.
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