Propriétaire du restaurant sénégalais le plus célèbre à Abidjan, La Téranga, Fallou Diop est un compatriote qui a fait honneur à son pays. Retour sur un parcours qui est tout sauf ordinaire.
Il ne faut surtout pas essayer de joindre Fallou Diop entre midi et 15 heures, en semaine, tellement il est submergé par les clients qui viennent manger dans son restaurant, à l’entrée de Treichville, à la sortie du pont qui le relie au Plateau, le quartier des affaires. Là d’où viennent la plupart de ces messieurs et dames, des cadres et opérateurs économiques, pour déguster les spécialités sénégalaises et africaines proposées par Fallou, devenu restaurateur sur le tard. «J’ai beaucoup voyagé et partout où j’allais, je descendais à l’hôtel et je mangeais dans les restaurants», affirme le patron du restaurant sénégalais, le plus couru à Abidjan.
En effet, la bien-nommée Téranga, une table réputée sur les bords de la lagune Ebrié. Quelque fois, il faut même faire la queue… «Je dis un grand merci à la Côte d’Ivoire qui m’a accueilli, les bras ouverts et m’a permis de me réaliser». Très bien introduit dans ce pays où il compte des relations bien placées dans toutes les strates de la société. A midi, la plupart de ses clients, des cadres et VIP, quittent le Plateau, traversent le pont pour venir manger à La Téranga.
Pour mettre sa clientèle assez selecte dans de meilleures conditions, Fallou a agrandi le local et l’a bien réaménagé. Des investissements qui lui ont coûté, au total, une petite fortune, environ 70 millions FCFA. S’il vous plait…, sur fonds propres. «Je n’ai jamais demandé un prêt à une banque» alors que c’est l’offre qui manque le moins, avec tous ces financiers qui viennent manger chez lui… «Je n’ai jamais tendu la main, je ne crois qu’au travail. Aux jeunes qui veulent me prendre comme modèle, je demande de ne jamais baisser les bras, de rester honnête, de ne pas voler, de persévérer dans l’effort, Inchallah, la réussite sera au rendez-vous !».
Il faut dire que Fallou est un produit de l’école coranique (daara), élevé à la dure, qui a pris le chemin de l’émigration, très jeune, à 19 ans. Par le train Dakar -Bamako, puis la route jusqu’à Abidjan. Une semaine de voyage. Il débarqua à Treichville, avec seulement 8 000 FCFA en poche, commença à travailler dans la bijouterie d’un proche parent. Une vie de galère où il ne gagnait que des miettes et ne mangeait toujours pas à sa faim. Mais comme il voulait soutenir sa famille, restée là-bas, dans le Baol. Il n’avait alors d’autre choix que persévérer et réussir…
Depuis 32 ans qu’il est à Treichville, Fallou n’a pas quitté le quartier où il est maintenant un «grand quelqu’un». Comme on dit là-bas. Avec un restaurant qui marche, qui emploie 40 à 50 employés dont seulement 10 compatriotes, le reste étant des Ivoiriens. Sans compter la bijouterie, ouverte là-bas depuis 1985… «Chaque jour, je me réveille à 4h 30 du matin, je prie à la mosquée, je fais mon sport entre 6h 30 et 7h 30 et puis, je suis à mon travail. Je ne rentre chez moi qu’à 18 h», raconte celui qui a réglé sa vie comme un métronome. La preuve, il loge à l’étage où est son restaurant et sa femme, une sénégalaise née en Côte d’Ivoire, gère le local d’à côté avec un grand salon de couture très stylé.
Pour faire tourner son business, Fallou se fait assister par un neveu, qui a un niveau bac+7, et il essaie de voir comment le développer. Comme ouvrir un autre restaurant, dans un quartier résidentiel ou au Sénégal? Il y pense même s’il estime que «dans ce métier, il faut être toujours présent, superviser le service pour que tout fonctionne à merveille afin de satisfaire une clientèle exigeante qui paie bien…». Même si Fallou, mouride convaincu, revient plus souvent au Sénégal, «tous les 2 ou 3 mois, je n’ai jamais raté le magal de Touba, ni celui de Serigne Fallou». C’est le moins qu’on puisse dire…
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