Une véritable économie derrière les langages de programmation de Pascal à java en passant par le langage C ou encore C++, il suffit juste d’être entreprenant et s’investir pour espérer en tirer profit. Que se soit dans les technologies ou dans d’autres domaines, mais il faut oser l’avenir. C’est la conviction de l’équipe de Genius Family, concepteur de plusieurs applications dont « Ndiarté » et « Sen Ngunu » qui ont fini par se tailler une place sur le marché sénégalais. Aminata Sow, la chargée du Business de cette startup a défendu ce point de vue lors de son passage devant la rédaction de votre site favori.
Pouvez- vous nous faire une brève présentation de Genuis Family ?
Genius Family est une entreprise informatique qui évolue dans la conception d’applications web, mobile & SMS. Elle est présente sur le marché depuis 2014 et accompagne différentes cibles (entreprises, commerçants, écoles de formation, aviculteurs, restaurateurs, hôteliers…) qui évoluent dans le domaine du commerce, de l’aviculture, de l’éducation etc. Genius Family conçoit des applications sur mesure en fonction des besoins de nos clients et met principalement l’accent sur la cible informelle. Genius Family a été créée par trois associés Noumounthi Abdoulaye DIAO ingénieur informatique avec une spécialité en développement mobile et manager de Genius Family, Ousmane CISSE (chef de projet) et moi-même (Aminata Sow) chargée de business. L’objectif de base est de participer au processus de changement dans le mode de gestion (commerce, aviculture, éducation…) des acteurs surtout du secteur informel au Sénégal. C’est le résultat d’un constat fait et qui a montré que le marché sénégalais est rempli d’applications importées souvent d’Europe et ne correspondant pas, la plus part du temps, aux besoins du marché. Le marché sénégalais est assez spécifique avec des pratiques comme le «Wakhalé ». Les prix varient en fonction des affinités et il existe certaines pratiques auxquelles les gens sont attachés et le système commercial est très différent du marché européen. De ce fait, Genius Family a commencé à développer des applications faciles d’utilisation qui répondent aux réalités du marché sénégalais ; et comme la majeure partie de nos clients ne maîtrise pas l’outil informatique et n’a pas fréquenté l’école française, il leur fallait un outil de gestion facile d’utilisation ne nécessitant pas une certaine connaissance de l’outil informatique. Le client doit disposer d’un ordinateur et d’une connexion internet ce qui lui permettra à tout moment d’avoir une vue d’ensemble de toutes les transactions effectuées au sein de son commerce ou entreprise. Une formation du personnel accompagne le déploiement de l’application chez le client.
Comment faites-vous pour disposer de main d’œuvre qualifiée et en quantité dans un domaine où les écoles de formation sont limitées ?
Nous avons noué des partenariats avec certaines écoles de gestion ou d’informatique ce qui nous permet d’avoir une main d’œuvre jeune parce que la technologie évolue assez rapidement et par conséquent il faut recruter des jeunes qui sont bien formés. De ce fait, nous disposons de ressources humaines de qualité selon les besoins de l’entreprise et participons à l’insertion des jeunes dans le milieu professionnel .Nous prenons souvent des jeunes qui n’ont aucune expérience et les encadrons pour qu’ils se familiarisent avec la pratique après la partie théorique dans les universités ou écoles de formation. En dehors des membres fondateurs, Genius Family a grandi et compte aujourd’hui une équipe de dix personnes jeunes et très dynamiques qui portent le flambeau de l’entreprise. Il arrive aussi qu’on ait des stagiaires au niveau du département informatique ou commercial.
Quelles sont les premières applications que vous avez développées et les contraintes que vous avez rencontrées pour sa commercialisation ?
Le secteur informel participe fortement à l’économie sénégalaise. Il occupe plus de 45% de la population active et représente plus de 40% du PIB national. Néanmoins, ils gèrent toujours de manière très informelle leur commerce à travers l’utilisation de registres et blocs notes en plus de cela leur niveau de maîtrise de l’outil informatique est très faible. A la suite des études de marché, nous avons remarqué que les acteurs du secteur informel aimeraient bien informatiser leur gestion mais ils étaient très réticents à l’utilisation d’outils informatiques. C’est à la suite de ces études que notre première application « Ndiarté », une application de gestion commerciale disponible sur une plateforme web et mobile a été mise sur le marché afin d’aider les PME (Petites et Moyennes Entreprises, TPE (Toutes Petites entreprises), entreprises…
Aujourd’hui, « Ndiarté « est utilisée par des commerçants (les Baol-Baol) dont la majeure partie vient des écoles coraniques et n’a jamais eu à utiliser un ordinateur et 3 à 4 ans après ils parviennent à se servir de « Ndiarté »sans problème. Ils font leurs facturations, leur gestion de stock, leurs états financiers et dispose d’un moyen de gestion de leur commerce à distance avec cette plateforme mobile (disponible sur smartphone).
Instaurer la comptabilité moderne chez les acteurs de l’informel a-t-elle été facile ?
Le début n’était pas facile avec des commerçants réticents aux changements et qui sont trop fiers et satisfaits de leurs méthodes de travail. Cependant, il fallait trouver les voies et moyens pour leur faire comprendre que l’utilisation des technologies était incontournable de nos jours. Nous devions insister sur l’importance de l’outil et sa facilité d’utilisation en organisant des ateliers de formation en collaboration avec la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Thiès (CCIAT) pour mieux convaincre les commerçants.
Les ateliers étaient des moments de partage d’expériences avec certains utilisateurs afin de convaincre les prospects réticents à résoudre les inquiétudes, mettre l’accent sur la simplicité et la facilité d’utilisation mais aussi sur le fait que l’application est vraiment adaptée à leur gestion. Ils avaient l’habitude de recourir à un système de gestion physique qui n’est pas mauvais mais avec quelques limites.
Comment avez-vous réussi à pénétrer le marché sénégalais avec la présence des concurrents ?
Pour le déploiement de nos applications sur le marché, nous avons mis l’accent sur la prospection étant donné qu’une partie de notre cible était difficile à convaincre et seule une démonstration de l’application de gestion et des échanges permettraient de bien les convaincre.
La communication de bouche à oreille nous a aussi permis de conquérir notre marché en commençant d’abord à Thiès puis que toute l’équipe de Genius Family habite à Thiès et que notre siège social aussi s’y trouve. C’est par la suite que nous nous sommes déployés dans d’autres régions comme Dakar, Tambacounda, Ziguinchor… pour trouver de nouveaux marchés. Etant donné que nous n’avions pas les moyens de nous déplacer dans tout le pays, nous avons noué des partenariats avec les chambres de commerces régionales, ou l’UNACOIS (Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal). A chaque fois que des prospects manifestent un intérêt par rapport à nos applications, l’équipe commerciale effectuait un déplacement afin d’aller à leur rencontre.
Genius Family travaille aussi avec des entreprises (société de transformation, société de vente de semences, société de vente de produits cosmétiques…) de la place mais aussi avec des institutions financières comme la COFINA. Cette dernière à travers son incubateur COFINA START UP HOUSE mais aussi avec la banque qui accompagne les PME (Petites et Moyennes Entreprises) et TPE (Toutes Petites Entreprises). La communication ou plan media s’est aussi faite à travers les radios, les réseaux sociaux mais le contact physique s’avère plus efficace quand il s’agit de s’adresser directement à la clientèle. Genius Family est aussi présent au Mali où nous accompagnons des entreprises qui évoluent dans la transformation de savon et au Cameroun tout dernièrement.
A part votre application phare « Ndiarté » qui est destinée exclusivement au commerce, y a-t-il d’autres applications que vous avez développées dans d’autres secteurs d’activité ?
En dehors de l’application « Ndiarté », il y’a d’autres applications de Genius Family qui sont sur le marché telles que l’application de gestion avicole dénommée « Sen Ngunu ».
L’aviculture est un secteur qui marche très bien au Sénégal mais nous avions constaté qu’il n’existait pas d’application de gestion avicole. C’est à partir de là que nous avons noué un partenariat avec le Ministère de l’élevage et l’ARTP qui a eu à lancer un concours en 2015 et la l’application « Sen Ngunu » a été primée lors du concours FDSUT (Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications). C’est ainsi qu’on a commencé à accompagner certains aviculteurs. Cette application de gestion prend en compte toute la bande de l’entrée jusqu’à la sortie plus un système de géo localisation des fermes. Elle permet aux fermiers de pouvoir cartographier leurs fermes, d’avoir les cabinets vétérinaires les plus proches mais aussi à la clientèle de s’approvisionner à distance. En se connectant sur la plateforme, une personne lamba pourra voir la ferme la plus proche, sa quantité disponible, ses prix de vente et les contacts du fermier.
Nous avons aussi développé une application de gestion hôtelière dénommée «Ganalé » que nous avons eu à déployer pour la première fois à Ziguinchor. Et notre dernière application en date est « SMART SCHOOL » destinée aux écoles, universités, instituts de formation…. Il existe des applications importées qui sont utilisées pour le système éducatif sénégalais mais ne correspondent pas à nos programmes éducatifs. « SMART SCHOOL » est actuellement utilisée dans les écoles de formation à Dakar et Thiès.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que jeunes entrepreneurs et développeurs au Sénégal ?
Le manque de financement est un problème très sérieux auquel nous sommes confrontés en tant que jeunes entrepreneurs. Les banques et institutions financières ne nous font pas assez confiance pour financer nos activités. En plus, les charges fiscales allouées aux startups ne facilitent pas la tâche aux jeunes de ce pays qui veulent entreprendre. A cela s’ajoute également la concurrence des applications importées qui sont là depuis long temps et qui ont fini par se tailler une place dans certains secteurs d’activité.
Est-ce que vous avez senti l’accompagnement du secteur privé en tant que PME nationale ?
Cette situation connait un léger mieux avec le système d’incubation avec la COFINA et CTIC Dakar qui permettent à travers des partenariats de financer certains projets. L’Etat ne peut pas donner de l’emploi à tous les jeunes, mais doit être un partenaire privilégié pour aider les jeunes entrepreneurs. La banque COFINA a mis en place un incubateur pour accompagner les entrepreneurs sénégalais et Genius Family fait partie de la première cohorte et nous bénéficions d’un accompagnement à travers des séances de coaching et des locaux à l’immeuble Seydi Diamil. Nous sommes arrivés à un stade où c’est nous, jeunes qui devons être plus entreprenants, plus innovants, bien cerner les besoins de notre marché afin offrir à la population des solutions adéquates qui répondent aux besoins du marché.
La Rédaction ( Journalistes: Amayi BADJI, Yanda SOW Bandiaré NDOYE, photo Balla Fall)
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