Avec 16 banques commerciales et 4 établissements financiers, le Sénégal, vu de Dakar, offre une impression de sur-bancarisation. Il se classe 1er pour les prêts aux particuliers dans l’Uemoa en 2011 avec 180 milliards octroyés sur 475 pour toute la sous-région, selon le Bulletin de statistiques monétaires et financières (Bceao, Juin 2013), les chiffres portant sur les crédits aux TPE/ PME/ PMI n’étant pas disponibles.
La banque de détail, segment de l’activité bancaire fondé, il est vrai, sur la collecte des dépôts et l’octroi de crédits, est soumise à la pression d’une réglementation prudentielle contraignante. Cependant, elle reste dominante dans un contexte comme celui de l’Uemoa où les activités de marchés des banques ou de financements structurés font à peine leurs débuts. L’une des difficultés récurrentes sur la relation banque-client de détail au Sénégal est le climat de méfiance. A la base d’un tel manque de confiance, il y a des facteurs socio-économiques : d’abord le faible taux de bancarisation (une moyenne de 6% de la population active) qui s’explique par un faible revenu par tête d’habitant, un taux élevé de non-emploi ; ensuite, l’exigence systématique de garanties avant tout octroi de crédit. Ce qui dénote une conception classique et rigide de la patrimonialisation du crédit : un privilège de clients nantis.
Deux critiques peuvent être faites aux banques. D’abord, les 180 milliards Fcfa, octroyés en 2011 aux clients particuliers, ne représentent que 11% du total des dépôts à vue et à terme de la clientèle Entreprises privées et Particuliers au Sénégal. Ce qui est très faible. A cette faiblesse des montants octroyés, s’ajoute la rigidité persistante des taux d’intérêts débiteurs, autour de 11% l’an pour les Particuliers et 15% pour les PME pour un coût des ressources, tirées des dépôts à terme de 3,5% et de 0% pour les dépôts à vue : de loin les plus importants.
Aujourd’hui, la réforme de la banque de détail au Sénégal s’impose pour desserrer le rationnement du crédit. Elle passe par deux axes : une réorganisation de la relation-client et une reformulation de l’offre de crédit.
D’abord, une réorganisation de la relation-client parce que la proximité devient l’élément essentiel qui reflète des relations au beau fixe. Il est important de ramener l’approche du risque à la notion de revenus courants raisonnablement attendus (cash-flow) et à une meilleure connaissance du client : son parcours professionnel, son historique bancaire, son métier, ses réussites professionnelles, sa réputation, son sérieux, ses commandes en cours, etc.
Ensuite, une reformulation de l’offre de crédit. Cette dernière doit notamment indiquer le taux effectif global du crédit, son coût total, etc. Autrement dit, on peut recommander que les banques, dans le cas, par exemple, des crédits aux Particuliers mettent à disposition, à titre informatif, des budgets-type permettant au demandeur de crédit d’apprécier s’il dispose des capacités financières suffisantes pour y recourir ou pas.
En résumé, le modèle actuel de banque de détail au Sénégal, quoique prometteur, ne suffira pas à financer suffisamment les particuliers et entreprises en vue de relancer la croissance économique. Or, le crédit est un moyen d’action économique. C’est la raison pour laquelle les banques doivent renforcer leur fonction de financement de l’économie pour stimuler la production nationale, notamment la consommation et l’investissement. Dans cette fonction, elles doivent rester des espaces d’échanges plus humanisés c’est-à-dire des lieux d’écoute, d’orientation et de conseil aux clients souvent désemparés. Des clients qui ne demandent qu’une chose : avoir une banque pragmatique, qui puisse les comprendre en toutes circonstances.
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