Les risques dans le financement du secteur minier, c’est l’objet de l’expertise de Gariel Lopes.
«Le financement minier, comme disait un ami, c’est l’art de financer l’incertitude en espérant qu’elle se traduise par une rentabilité sans fin….».
A l’incertitude, s’ajoute la spéculation boursière qui accompagne souvent les investissements prévus dans ce secteur. Lorsque la crise financière de 2008 a commencé à s’installer et ébranler le monde occidental, on a remarqué que des investisseurs « avisés » avaient choisi d’attendre 3 ans avant d’investir dans des actions de sociétés minières spécialisées dans l’or. Leurs décisions prudentes et sages ont été récompensées car le cours de l’or s’est envolé sur les places financières quand la bulle spéculative sur l’immobilier a éclaté en 2008. Une abondante littérature raconte ces succès, pas évidents au départ, parce que nombreux étaient ceux qui critiquaient ces investisseurs qui ne voulaient pas du tout surfer sur la vague immobilière.
Pour une banque, financer une mine équivaut souvent à accepter de prendre des risques significatifs sans être tout à fait sûr de pouvoir les mesurer et surtout, les maîtriser. Les seuls atouts dont elle dispose sont les études de sol faites par des experts et son appréciation sur la qualité des gestionnaires du projet minier.
Aussi est-il important de bien appréhender les préalables suivants. Comme l’évaluation du projet et le type de financement à mettre en place ; comprendre l’industrie minière que l’on souhaite financer et développer une expertise sans failles. Il n’est pas rare de voir, dans certaines banques mâtures, un spécialiste « Or » ou « Cuivre ». En général, c’est un ingénieur de formation et de métier qui a émigré dans la banque, surtout si la banque a l’intention d’accompagner un projet minier dans un de ces métaux et qui peut parler d’égal à égal avec les porteurs de projets miniers à financer.
Il faut dire qu’on ne finance pas un projet minier comme on le ferait pour un fonds de roulement ou une importation de denrées alimentaires. C’est beaucoup plus complexe parce qu’un projet minier obéit à un cycle de vie très spécifique.
D’une manière générale, on distingue trois stades bien distincts dans un projet minier à financer ; à savoir la phase d’exploration ; la phase de développement et la phase de production.
Cela explique la participation d’un consortium de banques, vu le volume très important des financements à mobiliser et la maîtrise des risques à avoir, selon les diverses phases du projet. Il est très rare de voir une banque « seule bailleur de fonds », compte tenu de la spécificité de chaque étape.
Au stade de l’exploration, la banque doit pouvoir évaluer le potentiel géologique, le type de gisement, analyser la pertinence des informations disponibles. C’est là que réside l’incertitude du financement, le confort de la banque venant souvent de son appréciation positive de l’expertise des équipes chargées de gérer le projet. Les financements mis en place sont souvent très importants alors que les risques encourus sont énormes.
Au stade du développement, les analyses sont plus affinées, le potentiel géologique se précise. La grande incertitude, pour les banques, est de bien « peaufiner » la structure des financements à mettre en œuvre, aussi bien à long, moyen et court terme. Il n’est pas rare de voir les banques s’appuyer sur des expériences similaires dans d’autres environnements pour avancer avec plus ou moins de certitudes.
Au stade de la production, les banques sont, en général, plus à l’aise car, très souvent, le risque majeur à maîtriser est de déterminer, à tout moment, la qualité de l’équipe gestionnaire du projet minier.
Au final, financer un projet minier est un métier en soi qui requiert, pour les banques participantes, d’apporter des ressources longues sous forme de dette et/ou de capitaux (introduction en Bourse, appel aux fonds d’investissement, prêts à long terme, émission d’emprunt obligataire). Au-delà des ressources à mobiliser, il est aussi recommandé d’avoir des cabinets d’avocats d’affaires, rompus aux subtilités du droit minier et aussi des experts « produits ».
Ce faisant, les banques peuvent espérer une rentabilité des projets financés, car les risques encourus auront été identifiés et maîtrisés.
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