Peut-on aujourd’hui parler d’un ‘modèle de management Elton’?
Le mot ‘modèle’ ne paraît pas le plus adapté. Cela signifierait qu’on pourrait le reproduire partout. Je ne le pense pas. Ce serait à la limite même prétentieux, pour nous, de penser que nous sommes un modèle. Je dirai plutôt qu’Elton peut être considérée comme un exemple, mais au sens d’échantillon, de ce que l’on peut faire pour créer et gérer une entreprise performante, innovante avec une marque connue et reconnue.
Alors, quelles sont les caractéristiques et spécificités de l’exemple Elton?
Si Elton est citée en référence, c’est qu’elle est perçue comme une entreprise vertueuse, citoyenne qui fait de l’excellence opérationnelle, une obsession. L’esprit d’équipe, qui nous anime, fait que chacun de nous est conscient que sa réussite dépend d’abord de celle de l’entreprise. En ce sens, nous ne mettons pas en avant nos personnes mais plutôt l’Entreprise, nos activités et nos produits. Ce qui n’est, malheureusement, pas le cas dans beaucoup d’autres entreprises où tout tourne autour du patron. En tant que managers, nous devons donner l’exemple par notre comportement en termes de probité, de transparence et d’équité. J’ai la conviction que tout ce qui affecte la tête de l’organisation affecte forcément son corps. J’aime bien cet adage qui dit que ‘‘le poisson pourrit par la tête’’. En tant que patrons, nos forces et nos faiblesses deviennent celles de notre organisation.
Pensez-vous que votre exemple peut être dupliqué ailleurs ?
A mon avis, aucune entreprise ne ressemble à une autre. Chacune a sa propre histoire et ses spécificités et donc, doit trouver sa propre voie. Ceci dit, il y a, quand même, des conditions nécessaires pour mettre une entreprise sur les chemins du succès et de la croissance. Je pense qu’il est absolument essentiel, pour toute entreprise, d’avoir une vision claire, des valeurs partagées avec le personnel, une organisation adaptée et des talents. Après cela, la différence se fera au niveau de la passion, de l’audace, de l’innovation, de l’engagement.
A Elton, quel est le processus de prise de décisions?
En tant que manager, notre job au quotidien est de prendre des décisions, des plus simples aux plus complexes. La difficulté, c’est moins la prise de décisions que l’information imparfaite dont on dispose au moment de décider et aussi l’incertitude qu’il est difficile d’évaluer. La prise de décisions est un acte a priori rationnel, mais elle est toujours influencée par nos émotions et nos expériences. A Elton, nous discutons de tous les problèmes en Comité de Direction et nous essayons de prendre des décisions concertées même si, in fine, la responsabilité m’incombe.
Alors, la collégialité a des limites manifestes?
La collégialité ne signifie pas l’unanimité ou le compromis. A plusieurs, nous avons moins de chance de nous tromper, c’est
une évidence de le dire. La concertation ne signifie pas, non plus, que nos décisions se prennent par vote. Si tel était le cas, nous aurions une dilution de la responsabilité; tout le monde est responsable et le résultat serait que personne n’est finalement responsable. J’ai la conviction que les meilleures décisions ne sont pas toujours l’avis de la majorité. J’essaie toujours d’avoir les avis des autres mais je prends mes décisions dans l’intimité de ma conscience. Si je me trompe, j’assume tout seul.
Peut-on parler de patriotisme économique d’Elton au vu de l’investissement et du management 100% sénégalais ?
Je ne sais pas si on peut le dire comme ça… En tout cas, ce qui nous rend fiers, c’est d’avoir prouvé que les Sénégalais ont bien la capacité de créer et d’opérer une entreprise avec des standards internationaux. Cela donne confiance à tous les jeunes et à tous les porteurs de projets. Nous avons trop bridé nos esprits en nous fixant, inconsciemment, des limites et sans réaliser que nos seules limites sont celles de nos ambitions. Je suis convaincu que si nous mettons, en commun, nos compétences, nos expertises et nos moyens, rien n’est impossible. L’exemple d’Elton a montré que si l’on veut, on peut. Rien n’est écrit à l’avance et il ne faut pas céder aux sirènes de la fatalité.
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