Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Sénégal est un pays pionnier dans l’implantation de la banque islamique, bien avant l’Arabie Saoudite et tous les pays du Maghreb, à l’exception de l’Egypte et du Soudan. C’était en 1983, il y a 30 ans maintenant, par la volonté politique d’un certain Abdou Diouf et grâce à l’entregent d’El Hadji Djily Mbaye, un homme d’affaires bien introduit dans les cours royales des têtes couronnées du Golfe.
Depuis lors, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont… La finance islamique est devenue aujourd’hui une réalité économique et a pris une ampleur considérable. Surtout depuis la crise financière de 2008 qui a prouvé la capacité de résilience hors normes de cette finance, plutôt adossée à l’économie réelle et reposant sur le principe du partage des risques et des profits.
Cette industrie de la finance islamique, embryonnaire dans les années 70 et 80, est en pleine phase d’innovation, de transformation et de sophistication de son offre pour mieux répondre à une demande encore plus forte, tout en respectant les principes de la Charia en Asie, en Europe et partout ailleurs dans le monde. Des marges de croissance, de l’ordre 20 à 40%, ces dernières années, ont permis d’atteindre un volume des transactions de 1800 milliards $US. Aujourd’hui, la finance islamique présente un réel intérêt au niveau des centres internationaux d’expertises, des places financières et boursières comme la City de Londres, en pôle-position dans ce domaine en Europe.
En Afrique subsaharienne, le phénomène est beaucoup moins prégnant mais avec le concours de la BID et son réseau de banques islamiques, on observe une volonté politique de promouvoir cette finance alternative qui peut répondre efficacement aux besoins d’investissement productif et également de solidarité sociale au bénéfice des populations. La BCEAO, ayant compris les opportunités à saisir, étudie la possibilité de mettre à niveau la réglementation pour ouvrir une fenêtre à cette finance alternative, plus que prometteuse.
Au Sénégal, force est de reconnaitre qu’il y a toujours eu une volonté politique de promouvoir cette industrie. Depuis la Banque islamique jusqu’à l’emprunt obligataire (Sukuk) de 100 milliards Fcfa, en passant par la règlementation qui a évolué pour assimiler la fiscalité des produits islamiques à celle des produits bancaires, sans compter le projet de micro-finance islamique (avec Pamecas), la loi en cours d’approbation pour développer les produits Waqf (fondation islamique)… Récemment, s’est tenu à Dakar un Salon international sur le Business musulman sous la houlette du Professeur Khadiyatoullah Fall (Canada) et aussi la 10ème Conférence de l’Association des dirigeants des administrations fiscales des pays de l’OCI (ATAIC) pour accompagner tout ce mouvement.
Pour dire que le processus est enclenché et on peut s’attendre à des lendemains enchanteurs au Sénégal et dans la sous-région, en s’appuyant sur les résultats formidables de la BIS, sous le management éclairé d’une référence de taille, Babacar Ndoye, dont la trajectoire fait corps avec celle de la Banque, depuis 30 ans maintenant…
Au vu de toutes ces considérations, REUSSIR, votre magazine du business, ne pouvait ne pas jouer sa partition. Celle de contribuer à la promotion et à la vulgarisation de cette finance qui nous est si proche (par la Foi) et qui nous est si utile avec toutes ces perspectives de financement des infrastructures à travers les Sukuk et autres instruments financiers Charia-compatibles si compétitifs…
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