S’il y a qui doit sortir la tête haute et par la grande porte, c’est bien Donald Kaberuka, Président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Retour sur un décennat couronné de succès dans une Afrique en quête d’émergence.
«J’espère à l’endroit des gouverneurs et des chefs d’État, que j’ai été digne de la confiance que vous m’avez faite lorsque vous m’avez élu». C’est ainsi que le Président de la Banque Africaine de Développement s’exprimait, à quelques mois de son départ de cette institution qu’il a dirigée de main de maître, pendant dix années, pour deux mandats. Selon beaucoup d’observateurs, il fait partie des dirigeants qui ont réussi à imprimer leur marque à cette banque africaine. Pour rappel, il avait été élu avec 78,82% des suffrages.
À bientôt 63 ans, cet ancien ministre des Finances du Rwanda, entre 1997 et 2005, et acteur majeur de la relance de l’économie rwandaise, a été bel et bien, l’homme de la situation. Ancien trader à Londres et ancien conseiller économique à l’Organisation interafricaine du Café, à Abidjan, où il a vécu pendant 7 ans, Kaberuka a fait une carrière honorable avant de truster les hautes fonctions politiques. A la présidence de la BAD, il peut se targuer de présenter un bilan qui inspire le respect. En 10 ans, la BAD a financé une soixantaine de de projets d’une valeur de 32 milliards de dollars. Aussi, le successeur du marocain Omar Kabbaj aura réussi, avec brio, à faire traverser à la banque la crise des subprimes sans perdre son triple A. Ce qui n’était pas une mince affaire. Dernièrement, il a pu mener, à bon port, l’opération de retour à Abidjan, aujourd’hui effective.
Sous Kaberuka, la BAD a opéré une profonde réforme institutionnelle. En 2006, pour donner plus d’efficacité à la BAD, il a rapproché, par exemple, les équipes- pays et les équipes sectorielles. Et pourtant malgré toutes ces réalisations, M. Kaberuka se la joue modeste. Interrogé par le site Leaders sur son bilan, sa réponse en disait long sur sa personne. «Je ne ferai pas mon bilan moi-même. Je laisse aux autres le soin de le faire. La marche vers l’efficience doit être permanente, continue. D’autres doivent la poursuivre. Si les actionnaires nous ont toujours suivis, c’est qu’ils voient des résultats. Les ressources du Fonds Africain de Développement, c’est-à-dire le guichet concessionnel de la BAD, reconstitué tous les trois ans par des contributions volontaires des Etats membres, est passé de 3 milliards à 8 milliards de dollars», avait-il dit, avec beaucoup d’humilité.
A l’heure du bilan, force est d’ajouter que c’est avec lui que la BAD a retrouvé une certaine crédibilité internationale. En août 2013, l’agence de notation Fitch avait attribué la note AAA à l’institution panafricaine, confirmant sa place parmi les rares grandes banques,les plus solvables au monde. Une belle stabilité qui a beaucoup joué dans l’attractivité de la BAD. Rassurée par ses indicateurs, la Chine lui a confiéla gestion exclusive de l’Africa Growing Together Funds, un fonds de 2 milliards de dollars, intégralement financé par Pékin.
Aussi, M. Kaberuka sait s’entourer de ressources humaines de qualité. Pour la réussite de sa mission, ce diplômé de l’université écossaise de Glasgow et militant convaincu du secteur privé africain s’est, par exemple, attaché les services l’Américain Joseph Eichenberger, qui a été son vice-président, chargé de la planification, des politiques et de la recherche entre 2006 et 2009 et ancien vice-président de la Banque asiatique de développement. Un duo de choc qui aura permis à la BAD de sortir indemne de la crise financière internationale de 2009. Une année au cours de laquelle elle est devenue la première organisation de financement du développement en Afrique, avec un record de 12,6 milliards de dollars de prêts et de dons approuvés.
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