Après avoir conquis le cœur et le palais des hôteliers de la Casamance avec ses champignons pleurotes, Dieynaba Badiane veut se lancer à la conquête du marché international.
En Casamance, c’est une référence. Elle est de la trempe d’Aline Sitoé Diatta, la grande résistante face à la colonisation. Mais pour Dieynaba Badiane, il ne s’agit de s’opposer à un système d’asservissement, mais plutôt lutter contre le sous-emploi. Dans une partie du Sénégal où les gens se réveillent peu à peu des affres de la crise indépendantiste, elle fait partie de ces rayons d’espoir qui disent à tous les jeunes, hommes ou femmes, qu’une nouvelle Casamance est possible. Une Casamance avec des personnes dignes qui exploitent les riches potentialités de son environnement. Dieynaba Badiane est la présidente du GIE Casa Technologie Alimentaire de Bignona qu’elle a mise sur pied en 2012, avant même de décrocher son BAC S5 en 2013. Convaincue des opportunités que les Champignons allaient lui ouvrir, elle s’est spécialisée dans la production et la mise aux normes de pleurotes comestibles à Bignona. Vous avez bien lu, Dieynaba Badiane produit des champignons et elle ne s’en plaint pas. «Les champignons commercialisés dans ce pays sont importés d’Europe et vendus très cher dans les supermarchés. Le kilogramme de pleurotes coûte 15 mille FCFA. Puisque les pleurotes sont très bons pour la santé et que les populations doivent avoir accès à ce produit, nous avons lancé ce projet. Et depuis lors, tout se passe bien», explique-t-elle.
Mais, tout n’a pas été aussi rose qu’aujourd’hui pour la présidente du GIE. En effet, à ses débuts, elle avait du mal à convaincre ses proches de l’opportunité de son projet. Mais, les expériences vécues avec ses encadreurs à l’Institut Technologie Alimentaire (ITA) avaient fini d’ancrer son projet de production de pleurotes sous son voile. «J’ai démarré avec 10 mille francs comme capital. J’ai eu la chance que l’ITA me soutienne avec des semences gratuites pour commencer. Mais, pour le reste, j’ai dû me débrouiller toute seule. Il fallait ramasser la paille dans les rizières, tout mettre en place dans les unités de production et lancer mon premier lot», se souvient-elle.
Aujourd’hui, Diéynaba est un vrai chef d’entreprise. Elle emploie une vingtaine de femmes qu’elle a formées aux techniques de production de pleurotes.
Dakar, l’Europe, le Monde
Ses rêves d’expansion son tellement grands que Dieynaba songe déjà à déployer et vendre sa production de pleurotes à travers le monde. Inonder le marché de ses bébés qui sont de plus en plus appréciés par les restaurateurs locaux. À cet effet, elle s’est tourné vers le Bureau de Mise à Niveau qui doit lui permettre, avec ses conseils, de se donner les moyens de ses ambitions. «Nous voulons passer de la production artisanale à celle industrielle. La demande est très forte, j’ai sur ma table entre 30 à 50 kg de commandes que je ne peux satisfaire. Comme le Bureau de Mise à Niveau travaille avec les PME, il peut nous accompagner pour des formations dans le domaine de la logistique, marketing, comptabilité, gestion de l’entreprise. Mais aussi par rapport aux financements. Actuellement, on a une petite unité de transformation, mais je rêve d’avoir une grande industrie. J’ai déjà un business plan. Et il faut 29 millions FCFA pour industrialiser le projet», déclare la présidente.
Toutefois, Dieynaba Badiane est consciente qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs en voulant coûte que coûte se lancer à la conquête du marché international. Il faut d’abord assurer une qualité et une quantité de production aux clients locaux avant de déployer ses pleurotes vers le marché mondial.