Mais depuis l’éligibilité du Sénégal aux Fonds du MCC en 2004, le projet a connu beaucoup des soubresauts, dont le plus important fut l’annulation du financement américain de la Plateforme de Diamniadio.
Pour un coût de plus de 270 milliards Fcfa, le MCA a deux principaux domaines d’intervention. Il s’agit dans le Nord du pays, de réhabiliter la Route nationale n°2, entre Richard-Toll et Ndioum sur environ 120 km, désenclaver l’Ile à Morphil par la construction du pont de Ndioum et ses bretelles d’accès. Par ailleurs, pour l’irrigation et la gestion des ressources en eau dans le Delta et la Vallée du Fleuve Sénégal, il s’agit de tirer profit de la disponibilité de cette ressource et assurer une production agro-industrielle et industrielle compétitive et durable. En fait, il s’agit, pour le MCA Sénégal, de réaliser des aménagements hydrauliques structurants pour une accessibilité permanente de l’eau dans des zones à fortes potentialités de production agricole, dans le delta et la moyenne vallée du Fleuve Sénégal, notamment. Au Sud, la mission est de réhabiliter la Route nationale N° 6 (Ziguinchor- Vélingara) sur 280 km de routes revêtues avec une tranche optionnelle de 30 km entre Kounkané et Vélingara. Il est également prévu la construction d’un nouveau Pont à Kolda. Aussi bien au Nord qu’au Sud, la réhabilitation et la construction des infrastructures intègrent la mise en œuvre de programmes sociaux et mesures de recasement des populations affectées par les projets suivant les normes internationales admises ; la prise en compte des aspects sociaux et genre ; l’atténuation des impacts environnementaux, et la sensibilisation sur la sécurité et la santé (Plan VIH/Sida).
Sans doute l’un des projets-phares du Millennium Challenge Corporation au Sénégal, le projet de la Plateforme de Diamniadio n’a jamais répondu aux attentes suscitées. Pour un coût global d’environ 600 millions $Us, la plateforme devait générer, au total, 49 000 emplois permanents et 100 000 autres, à long terme. Hélas, elle ne durera que le temps d’une rose. En effet, les deux gouvernements ont décidé de mettre fin à ce projet, pourtant très porteur. En octobre 2007, le Président Abdoulaye Wade, comparait la Plateforme de Diamniadio à «un serpent de mer». Pire, il disait n’avoir jamais compris la pertinence de cette plateforme. Ambiance… Mais à y voir de plus près, ce retrait brusque du gouvernement sénégalais cachait plutôt des intérêts bien planifiés. En effet, au même moment, certaines autorités sénégalaises réglaient les derniers détails avec la société privée Jebel Ali Free zone (Jafza) de Dubaï pour la construction et le développement d’une Zone économique intégrée spéciale (Zesi), pour près de 400 millions $Us, soit près 220 milliards Fcfa. En d’autres termes, une plateforme bis était en gestation. Mais, pourquoi un tel revirement, alors que les deux projets semblaient offrir quasiment les mêmes avantages ? Dans l’une de ses sorties, Me Wade leva un coin du voile. Selon lui, «les Américains tardaient à financer le projet…». Le groupe DP World avait signé un mémorandum avec l’Etat sénégalais, pour réaliser un Port du Futur, aux normes internationales et une Zone Economique Spéciale à Diamniadio, comprenant des facilités logistiques et un parc industriel pouvant accueillir de nombreux projets industriels et permettant de développer de nouvelles sources de croissance dans le pays. Pourtant, alors que le retrait du MCC du Sénégal semblait évident, le ministre des Affaires Etrangères recadrait les choses. Selon Cheikh Tidiane Gadio, le Sénégal avait plutôt changé d’orientation. «C’était plutôt un choix délibéré du Sénégal de s’orienter vers d’autres projets aussi porteurs, notamment le développement des infrastructures routières et d’hydraulique pour promouvoir l’irrigation. Le MCC laisse l’entière responsabilité aux pays concernés, le choix et la formulation des projets à proposer pour financement ainsi que leur suivi et évaluation.
A ce titre, le Sénégal a orienté son option sur d’autres priorités qui s’inscrivent dans la même dynamique de création de pôles économiques de développement. La seconde option trouve d’ailleurs toute sa pertinence parce qu’au lieu de se concentrer sur un seul site, elle touche plusieurs régions du pays. Les nouveaux projets, retenus par le Sénégal, concernent la réalisation d’infrastructures routières pour le désenclavement et des pistes de production (dans les régions Sud et du Sud – Est), des infrastructures d’irrigation dans la région nord, également», disait-il. Même si l’accent a été très souvent mis sur les 270 milliards Fcfa octroyés par le MCC avec la signature du Compact Sénégal le 16 septembre 2009, force est de préciser que pour y être éligible, des critères très sélectifs sont soumis aux pays. Pour l’année 2009, 5 pays éligibles étaient invités à soumettre des programmes, notamment la Jordanie, le Malawi, la Moldavie, les Philippines et le Sénégal. Seul le Sénégal a pu passer toutes les étapes dans les délais, dans cette rude compétition. Comme l’a rappelé Mme Hilary Clinton lors de sa visite à Dakar. Mais chaque année, les pays sont évalués sur la base de critères portant sur la bonne gouvernance, la liberté économique…
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