La compagnie nationale Sénégal Airlines traverse actuellement une zone de turbulences des plus critiques avec un seul avion.
La société de transport aérien fonctionne à peine, en raison d’une perte d’exploitation et d’un passif très important ; ses travailleurs sont restés six mois sans salaires. Ce qui constitue un drame économique pour l’entreprise, une tragédie sociale pour le personnel et un manque à gagner pour l’Economie nationale avec de la valeur ajoutée en moins pour le PIB. Sénégal Airlines, presque clouée au sol, traîne aujourd’hui, tel un boulet, une dette massive qui s’élève à plus de 60 milliards de FCFA. Ce qui constitue un véritable obstacle pour son envol !
Toutefois, il est heureux d’apprendre que l’Etat compte restaurer les capacités opérationnelles de l’entreprise par le biais d’une recapitalisation. « On ne peut pas investir autant de milliards de francs CFA dans un aéroport (AIBD) sans avoir un pavillon sénégalais. Sénégal Airlines vivra », avait déclaré à l’Assemblée nationale le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. Son ministre en charge du secteur des transports aériens, Abdoulaye Diouf Sarr, avait dans le même sillage annoncé un plan de restructuration pour le redécollage de la compagnie aérienne. Il s’agira d’un plan de relance en vue de recapitaliser Sénégal Airlines, en partant d’une restructuration financière.
Très bien ! Cependant, chat échaudé craint l’eau froide ! Il nous faudra éviter les erreurs du passé. On se rappelle les faillites successives de la compagnie panafricaine Air Afrique et d’Air Sénégal International, des cendres de laquelle est née Sénégal Airlines qui agonise actuellement.
Sa revitalisation nécessite un audit de fond en comble pour diagnostiquer tous les maux endogènes et exogènes afin de pouvoir repartir sur de nouvelles bases susceptibles de maintenir en altitude Sénégal Airlines.
De même et fondamentalement, il va falloir revoir la gestion de la société, la composition de son capital, son Business plan, la qualité et la quantité de ses ressources humaines pour assurer la rentabilité de l’entreprise. A cet effet, on annonce que les comptes de l’entreprise pour les années 2012, 2013 et 2014 sont en train d’être certifiés par un commissaire aux comptes.
Pour mémoire, rappelons que sur le papier, 64 % du capital est détenu par les privés nationaux, 31 % par l’Etat et 5 % par le personnel.
Lorsqu’elle sera recapitalisée, dans le cadre de son redéploiement, Sénégal Airlines devra aussi mettre davantage l’accent sur les dessertes intérieures où elle peut avoir des avantages concurrentiels et soutenir incidemment le tourisme en berne. Elle devra disposer de plusieurs avions. Monter en puissance et de manière prudente pourrait lui assurer une reprise saine et viable.
Pour ce qui est des vols internationaux, il est utile de nouer un partenariat stratégique avec une grande flotte comme l’a fait, entre autres, la compagnie italienne Alitalia avec Etihad Airways des Emirats arabes unis. Les annonces de partenariat à ce sujet doivent être concrétisées sans occulter l’importance d’une intégration africaine en manière de transport aérien.
Permettre à Sénégal Airlines de revivre passera également par la préférence nationale ou le patriotisme économique en donnant la priorité à l’intérêt national. Il faudra que l’Etat utilise autant que possible la compagnie nationale pour le déplacement de ses agents. Cela va soutenir la viabilité de la compagnie comme cela se fait avec le pèlerinage à la Mecque.
En attendant de mettre en œuvre toute cette stratégie de relance, il est urgent de trouver des solutions ponctuelles pour alléger la souffrance des travailleurs de Sénégal Airlines qui peinent à joindre les deux bouts. Cela pourra les aidera à se réarmer psychologiquement et matériellement pour donner un nouveau souffle et éclaircir le ciel encore sombre de notre compagnie nationale.
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