Sur le thème de la «Responsabilité du Secteur privé national dans le développement des pays africains», le 1er rendez-vous organisé par Dakar Business Hub (DBH) a réuni du beau monde, vendredi après-midi, dans la capitale sénégalaise.
Dans l’enceinte de l’hôtel Radisson, les participants ont pu échanger avec les panélistes «sans langue de bois» comme l’a souligné à l’issue des travaux, Cheikh Ibrahima Diong, Président du DBH et modérateur des débats.
Pour réfléchir sur le sujet, les organisateurs avaient convié d’éminentes personnalités : l’industriel Ameth Amar (NNMA Sanders), le professeur d’économie et écrivain, Felwine Sarr, le capital-investisseur Pape Madiaw Ndiaye (AFIG Funds), le professeur de Droit, Abdoulaye Sakho et le Directeur Général du FONSIS, Amadou Hott.
A entendre les interventions des panelistes, le premier constat est de dire que Dakar avait soif de débats sur l’économie, «Enfin, on parle d’économie», s’est exclamé Ameth Amar. Ce dernier, dans son intervention, a campé le décor en soulignant que «le Privé, en réalité, n’avait pas besoin de l’État …».
Précisant sa pensée, l’industriel a indiqué, par exemple, que l’accès au financement, pour le secteur privé, n’est plus un problème aujourd’hui. Il s’agit désormais, pour l’État , de mettre en place un environnement propice aux affaires notamment en garantissant une bonne distribution énergétique. Pour M. Amar, le secteur ne peut pas, tout le temps, être à la botte de l’État .
«Nous avons opté pour créer des entreprises, nous avons pris des risques. Dés lors, on ne peut pas être logés à la même enseigne que les fonctionnaires et recevoir le même traitement. Soit on est homme d’affaires, soit ont est fonctionnaire» a réagi M. Amar avant de déplorer, plus tard dans les discussions, le fait que l’État ne soutenait pas les créateurs d’entreprises.
C’est ce qui fera dire au professeur Felwine Sarr que l’autorité publique avait une position centrale, rappelant au passage que même dans les systèmes ultralibéraux, il arrivait à l’État de jouer ce rôle de régulateur.
Dans la même lignée, son collègue de l’Université, Abdoulaye Sakho, est allé même plus loin en indiquant qu’il s’agit de bien définir les rôles et de faire en sorte de s’y tenir. «Ceux qui doivent réguler doivent réguler, ceux qui doivent légiférer doivent voter des lois et ceux qui doivent créer des entreprises doivent le faire» a dit le juriste.
Par ailleurs, Pape Madiaw Ndiaye de Advanced Finance & Investment Group (AFIG Funds), une société de gestion de fonds d’investissements, a, quant à lui, attiré l’attention de l’assistance sur le fait que bon nombre de personnes décident de se lancer dans l’entrepreneuriat au seul argument qu’il y aurait de la demande dans un secteur donné. «La demande, à elle seule, ne justifie pas que l’on veuille devenir entrepreneur. Elle est importante mais ne suffit pas, sinon on serait tous devenus très riches. Il faut surtout être professionnel et avoir de la compétence», a prévenu le patron du fonds d’investissements.
Quant à Amadou Hott, il est convaincu que «si les projets sont bien ficelés, les dispositifs d’accompagnement sont là, quelle que soit la taille du projet. Le Secteur privé doit profiter de l’exécution du PSE pour qu’à la fin, qu’on n’ait pas seulement que du béton, mais des champions nationaux…».
Cheikh Tidiane Diéye a de son coté, insisté sur la nécessité d’un regroupement du secteur privé national. «Aujourd’hui, si le Secteur privé décide de se regrouper pour parler de ses enjeux, de sa place, de ses perspectives et fasse des propositions, c’est une initiative à pérenniser…».
Alors, un Secteur privé efficace, qui travaille en bonne intelligence avec un État capable de mettre en place le cadre idéal, voilà ce qu’on peut retenir de ce premier rendez-vous de Dakar Business Hub. C’est seulement dans cette optique que seront crées les richesses et les emplois dont le pays a tant besoin.
En attendant, la structure de nos économies, comme l’a souligné le professeur Felwine Sarr, n’est pas propice à la création d’emplois d’où l’importance de mettre en place des politiques, non seulement qui favorisent l’émergence de champions industriels, mais aussi prennent en charge la question cruciale de l’emploi.
Au cours des échanges avec le public, plusieurs points ont été abordés donnant d’ailleurs de bonnes idées aux organisateurs pour le thème du prochain panel, dans deux mois. Il s’agit, entre autres, de la recherche et de l’innovation comme l’a plaidé le professeur Abdoulaye Sakho, ou encore de l’éducation, chère visiblement à Ameth Amar.
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