6/La formation des agriculteurs du futur.
Il s’agira de créer un collège agricole dans chaque région agro écologique. Le recrutement se fera sur la base de tests pour les élèves titulaires du BFEM et, pour les jeunes ruraux qui souhaiteraient mener des activités agricoles. Le concours ne sera pas de mise, car, il faudra former un grand nombre d’agriculteurs de type nouveau, pour remplacer progressivement les paysans actuels aux méthodes culturales encore archaïques et, en voie de disparition.
Ces collèges n’auront pas la même vocation que l’ENCR de Bambey qui forme des encadreurs.
L’utilisation massive de main d’œuvre n’a jamais été une solution aux problèmes de l’agriculture.
Depuis sa naissance dans le croissant fertile, l’agriculture s’est toujours inscrite dans une trame de développement de sa productivité par l’apport de nouvelles techniques. Or, dans un secteur donné, plus les moyens matériels et les techniques se perfectionnent, moins le secteur aura besoin de bras.
C’est donc dire qu’au fur et à mesure que la productivité augmente, le secteur de l’agriculture sera amené à libérer de la main d’œuvre pour d’autres secteurs.
Aujourd’hui, en France, les agriculteurs constituent moins de 4% de la population active. Ils nourrissent, tout de même, plus de 66 millions d’habitants. En Inde, pays peuplé d’environ un milliard trois cents millions d’habitants, les producteurs agricoles ne représentent que 55% de la population .Au Sénégal, 70% de la population active, constituée par des paysans, n’arrive pas à nourrir 13 millions d’habitants.
La mission de ces agriculteurs du futur sera, impérativement, dans un délai bien prescrit, de permettre à notre pays d’atteindre l’autosuffisance et de tendre vers la souveraineté alimentaire.
L’État devra les accompagner en mettant à leur disposition des terres, de l’eau, des semences, des intrants et du matériel agricole. Il devra aussi les accompagner pour l’accès au marché.
7/ La création d’activités de micro agro business.
L’État devrait promouvoir un vaste programme d’activités de transformation de produits agricoles locaux. Un matériel adapté aux conditions locales de transformation pourrait être mis à la disposition des paysans et, particulièrement aux groupements féminins, a l’instar de ce qui se fait en Inde.
Le paysan aurait ainsi un double revenu de sa production ; celui tiré de la vente en l’état et celui relatif à la commercialisation du produit qui a subi une valeur ajoutée.
Pour la réussite du programme, l’ITA (Institut de Technologie Alimentaire) et l’ONFP (Office National de Formation Professionnelle) devraient être fusionnés.
La nouvelle structure aura des démembrements à l’échelle régionale et départementale, pour la formation des paysans et, particulièrement les femmes, aux techniques de transformation et de conservation des produits de l’agriculture.
Des activités non- agricoles devraient être suscitées en milieu rural.
8/ La promotion de l’horticulture.
La promotion de l’horticulture devrait être une activité phare du Plan d’Investissement. Le Sénégal disposant d’avantages comparatifs certains dans ce domaine, une politique d’exportation des produits de l’horticulture devrait être mise en œuvre. L’objectif serait de procurer plus de revenus au secteur privé ainsi qu’à l’État, pour renforcer les investissements. Cela devrait aussi permettre à notre pays de réduire sensiblement le déficit de sa balance commerciale.
9/ la modernisation de l’élevage.
L’élevage devrait faire l’objet d’un traitement particulier dans le Plan d’investissement. La base de la solution aux problèmes de l’élevage réside dans la stabulation. Quand nous aurons réussi la stabulation, nous pourrons prétendre avoir trouvé la solution à l’essentiel des difficultés du sous-secteur. Pour cela, une Agence autonome, chargée de la stabulation et de la Modernisation de l’Élevage (ASME) devrait être créée.
L’Agence sera chargée de la construction d’une multitude d’abris couverts, principalement dans les zones à fort potentiel d’élevage. Ces abris seront dotés de systèmes d’approvisionnement en eau et de parcs de vaccination. L’aliment de bétail sera subventionné par l’État et, des espaces pour des cultures fourragères y seront aménagés. L’Agence conclura un accord de partenariat avec des cabinets vétérinaires privés, pour le suivi médical du cheptel.
Le programme d’insémination artificiel sera renforcé pour une production en qualité et, en quantité de lait et de viande. L’Agence procèdera aussi à une réorganisation des circuits commerciaux du marché du lait et de la viande. Elle assurera la formation et l’encadrement des éleveurs. Elle devra en même temps, œuvrer, pour un accord de partenariat avec les mutuelles de crédits et le système bancaire, pour faciliter l’accès au crédit des éleveurs.
10/ un ministère de l’agriculture fort.
Pour piloter cet ambitieux Plan d’Investissement, un ministère de l’agriculture fort devrait être créé.
On pourrait même instaurer un Vice Premier Ministre en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique Rurale. A défaut, le ministre de l’agriculture devrait être le seul ministre d’État du gouvernement. Le ministère serait de souveraineté et premier dans l’ordre protocolaire. Le ministre en charge de l’agriculture devrait avoir une ascendance sur les autres ministres, particulièrement sur le ministre des finances, de la bonne volonté de qui, dépend la diligence dans la mise en œuvre du Plan.
Sur la base de cette vision, le ministère de l’agriculture, sur les instructions du Chef de l’État, devra élaborer une politique de Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal, « Yeesal Mbay Ak Ciaamu Sénégal », et de manière inclusive. Les acteurs du monde rural joueront un rôle de premier plan pour l’élaboration de cette politique. Des espaces d’expression et de contribution seront créés pour les paysans et les éleveurs.
Les partis politiques au pouvoir et ceux de l’opposition seront fortement impliqués.
De par son caractère inclusif et consensuel, cette politique pourrait être consacrée « CONSTITUTION AGRICOLE DU SENEGAL.»
Nous n’avons pas la prétention d’avoir fait le tour du secteur de l’agriculture et du sous-secteur de l’élevage. Mais, nous pensons que ces orientations ci-dessus, peuvent constituer une rampe de lancement pour un Sénégal Nouveau, qui pourrait être construit à partir d’un PIN (Plan d’Investissement National), dont les termes de référence seraient élaborés de façon consensuelle par l’État et les acteurs économiques et politiques de notre pays.
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