Les deux catégories de bourses ont une même finalité : investir dans la prime enfance à travers la famille et l’adolescence terminale à travers des études à l’Etranger.
Oui, l’avenir se construit maintenant et tout ce que les pouvoirs publics y mettent constitue une assomption de la responsabilité à l’égard des générations futures qui ne font pas la décision maintenant mais seront les acteurs de demain.
Cet investissement est la meilleure signature de la responsabilité des hommes qui gouvernent et qui ne cultivent pas le populisme, préservant le futur au détriment des gains politiques immédiats, « courtermistes ».
L’organe « Le Soleil », dans édition du mardi 9 septembre 2014, en page 4, a publié une liste des « Bousiers de l’Excellence », avec préinscription dans une grande école ou en classe préparatoire à l’Etranger.
La publicité faite à ce type de situation est une excellente et juste chose. Personne ne doit en être choqué, au contraire, tous les Sénégalais doivent dire bravo et souhaiter d’excellentes études à nos génies du savoir, la future crème de nos ressources humaines, les dirigeants des destinées de notre pays demain.
Le mérite du savoir doit être célébré, encouragé, récompensé, chouchouté et donné en exemple.
La jeunesse a besoin de modèles positifs et les bosses du savoir juvénile, surtout en ces temps de criailleries, de jérémiades, de sénégalo scepticisme ambiant, méritent d’être donnés en exemples et surexposés médiatiquement afin d’inciter au travail, à l’effort, au succès et avec la manière.
A cet, égard, outre la presse écrite, la presse audiovisuelle, devrait lire la liste des lauréats, avec une photo à l’avantage de chacun, recevoir sur les plateaux cette jeunesse qui porte notre avenir.
Que les ressources financières et matérielles de la nation soient investies dans les meilleurs talents intellectuels de la jeunesse, personne ne doit y redire et a fortiori en médire.
Cela représente le meilleur investissement pour un pays et traduit l’expression de la confiance en l’avenir.
Une question doit être évacuée avant d’aller plus loin.
En effet, des esprits chagrins et obtus peuvent critiquer, objecter ou rejeter l’envoi à l’Etranger des meilleurs élèves parmi nos bacheliers.
Premièrement, les études à l’étranger exercent une fascination énorme sur tous nos élèves. Il y a là en partie de l’exagération, sans doute, mais seulement en partie.
Tous les parents subissent cette pression de leur progéniture, avec plus ou moins de responsabilité et de lucidité. Car étudier à l’étranger coûte cher, aux familles ou à l’Etat. Parfois certains de ceux qui vont à l’étranger font dépenser inutilement l’argent de la famille ou de l’Etat. Par conséquent, l’envoi des étudiants à l’étranger doit obéir à des critères sélectifs et objectifs, surtout si c’est l’Etat qui prend en charge les frais d’étude.
C’est là que l’excellence intervient comme facteur doublement discriminant pour sélectionner les candidats aux études extérieures. Il est objectif et il est sélectif, il n’enfreint en rien la démocratie et l’égalité des chances, il ne reproduit pas une sélection sociale biaisée.
Ajoutons que les établissements où se rendent nos enfants ne sont pas réputés être dans la grève permanente et la violence endémique, sans compter que les conditions pédagogiques y sont généralement meilleures que dans nos établissements.
L’attrait ou plutôt la répulsion de nos établissements supérieurs a augmenté le souhait chez beaucoup de parents et de jeunes d’échapper aux atmosphères sur polluées de nos universités.
Même si notre système d’enseignement était plus performant et plus attrayant, il n’en resterait pas moins le besoin d’envoyer une partie de nos élites intellectuelles se former à l’étranger, en raison du caractère ouvert du monde et de la mobilité des ressources et des humains.
Les « Bourses de l’Excellence », sans être une invention récente, doivent être remises au goût du jour à une échelle plus vaste et plus durable.
Les résultats de fin d’année de toutes les classes des classes des collèges et lycées, à travers la moyenne annuelle, si est dans l’excellence, à savoir Tbien et Bien, devraient donner lieu à une vaste publicité et à une récompense pécuniaire remise à l’ouverture des classes de l’année suivante.
De la sorte, l’intérêt de la nation couplé à l’intéressement de l’élève, devrait participer à la pacification de l’environnement scolaire, par la responsabilisation de l’élève qui apprend ainsi très tôt à escompter une « récompense » méritée, fruit de son effort, de son assiduité et de son application. Il ne faut pas craindre de combiner plusieurs facteurs pour encourager la « méritocratie du savoir », dès les jeunes âges.
Revenant à la publication du « Soleil », toutes les filières de destination de nos jeunes cracks sont légitimes et porteuses. Les hauts cadres qui recevront ainsi leur formation seront d’une utilité certaine à eux-mêmes, à leurs familles respectives et à leur pays, qu’ils reviennent au bercail ou non. La seule chose à retenir à ce niveau est que nos élèves doivent exceller dans leurs études et que personne ne doit s’insérer dans une série ou une orientation par défaut et par paresse.
Trois pays accueilleront nos étudiants d’excellence : la France pour 47 d’entre eux soit 94%, les USA pour 2 parmi eux, soit 4% et le Canada pour un étudiant, soit 2%.
La logique est bien reflétée par ce qui précède.
D’abord la logique de la langue des études jusque-là poursuivies dans nos établissements. Celle-ci oriente quasi naturellement nos étudiants vers la France.
La logique des coûts favorise le choix de la France où cela revient relativement moins cher à la communauté nationale ou à la famille.
Pour les temps prévisibles, la France sera la destination étrangère la plus fréquentée par nos ressources humaines. Cette tendance est lourde. Il serait donc pertinent et conforme à nos intérêts de bien former nos élèves à la maîtrise du français, sans état d’âme, langue encore quasi exclusive de notre enseignement secondaire et supérieur.
L’introduction des langues nationales dans le système éducatif sénégalais ne peut pas être repoussée indéfiniment. La célébration de la quinzaine de l’Alphabétisation, venant juste après les Assises de l’Education, en signale l’urgence. Le moment de franchir le cap, en bon ordre de marche et de navigation est arrivé.
Cependant, il serait irresponsable de penser cette introduction comme une condamnation irrémédiable au retrait du français sur un horizon d’une voire deux générations.
Introduisons nos langues, et non pas une langue, dans notre système éducatif et redressons la qualité de l’apprentissage et de l’usage du français. Ces objectifs ne sont pas contradictoires ni incompatibles, au contraire, la vie nous y contraints et faisons-en opportunité. Cela parait complexe, mais ceux qui avancent avec succès dans la vie doivent apprendre à gérer les complexités et les nouveautés. S’adapter en permanence et opportunément est la clé des succès. Quand le changement devient contrainte, il est généralement mal entamé, mal réussi ou trop coûteux.
Les établissements d’origine des « Boursiers de l’Excellence » sont logés dans quatre régions administratives : Dakar avec 35 lauréats et 70 %, suivie par Saint-Louis avec 10 lauréats et 20 %, Thiès avec 3 lauréats et 6 %, enfin Ziguinchor et Matam avec respectivement 1 lauréat et 2 %.
Les autorités publiques de l’Education nationale verront sans doute de ces chiffres un miroir et en feront une lecture qui, combinée aux autres grilles à leur disposition, apporteront des correctifs afin que les bons établissements et les bons enseignants ne soient pas une denrée rarissime dans les profondeurs du pays. Par parenthèses, pour être juste avec le corps enseignant, disons qu’il recèle en son sein des perles de très grande qualité, car sans cela il n’y aurait pas eu des résultats d’excellence. Plus que des perles, il faut aller vers des grappes d’excellence de grande taille parmi les enseignants.
Sous l’angle des séries, les résultats s’établissent ainsi :
1. 10 mentions « Tbien » et 21 mentions « Bien » pour la Série S1 ;
2. 2 mentions « Tbien » et 6 mentions « Bien » pour la Série S2 ;
3. 2 mentions « Tbien » et 4 mentions « Bien » pour la Série L’1 ;
4. 5 mentions « Bien » pour la Série L2.
Les séries S, en dépit de la réputation « difficile » qui leur colle à la peau, n’en produisent pas moins de bons crus. Cela apporte la preuve que le résultat est le fruit d’un dur travail.
En regardant la publication du Soleil sous le regard de l’âge, on a le résultat ci-après :
1. Les cinq (5) plus jeunes « Boursiers de l’Excellence » ont dix-sept (17) ans ;
2. Ceux qui suivent à dix-huit (18) ans sont au nombre de dix-sept (17)
3. Les dix-neuf (19) ans sont au nombre de dix-sept (17) ;
4. Les vingt (20) ans sont, quant à eux, au nombre de neuf (9) ;
5. Enfin, les plus « vieux » de l’Excellence ont, au nombre de trois (3), vingt-un ans.
Un grand bravo à nos Excellences et à leur jeunesse.
Oui, pendant que d’autres de leurs âges s’éclatent dans les dancings ou autrement, nos cracks, eux, s’éclatent dans la maîtrise de leurs leçons, devoirs et matières d’enseignement. On peut même supposer qu’ils ont leur façon à eux d’alterner plaisir d’apprendre et plaisir de se reposer et de s’amuser. En effet, le plaisir doit accompagner l’effort pour que la réussite soit au bout.
Chacun a ses priorités dans la vie et les parents devraient aider leurs enfants dans les choix des chemins de la réussite et de l’avenir.
Sauf si je me suis trompé sur les prénoms, les filles et les garçons sont respectivement, en nombre dix-neuf (19) et trente-un (31) et en pourcentage trente-huit (38) et soixante-deux (62).
Voilà un champ de compétition ouvert et pour la bonne cause.
Mon pari, sans être téméraire, est que les jeunes sénégalaises relèveront au moins le défi de la parité en matière d’excellence, dans des temps pas bien lointains. Elles peuvent compter sur le soutien du vieillard que je suis et les jeunes gens, j’en suis sûr, ne me siffleront pas. Car ils formeront ensemble le Sénégal qui gagne.
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