Rencontrée dans son école, dans le quartier de Niamakoro Cité Unicef, en plein cœur de Bamako, Mme Guindo Mariam, parle de son projet avec passion. Un programme hybride qui met ensemble les programmes de l’éducation malienne et française pour donner plus de choix aux parents d’élèves de Bamako.
Avec une Maîtrise en Anglais, un Master professionnel sur le management des établissements d’enseignement, puis un Master spécialisé en Innovations et Développement de Sociétés, Mme Guido Mariam Maiga a auparavant travaillé au réseau Aga Khan, un organisme de développement, puis à l’Institut d’Ingénierie de formation 2iE, tous deux de renommée avant de comprendre que sa voie était dirigée vers l’éducation.
Plus d’une centaine d’élèves fréquentent l’école, de la maternelle à l’élémentaire. Dans ses projets, l’ouverture d’un collège dès la rentrée 2020, l’accroissement de la capacité d’accueil avec la construction d’un complexe scolaire intégrant le lycée et d’équipement (acquisition d’outils numériques).
Aujourd’hui, l’établissement LES LAUREATS emploie plus d’une vingtaine de personnes à temps plein et ce nombre ne cesse d’augmenter. « J’en suis fière ! », se réjouit Mme Guindo.
Pour REUSSIR, elle a répondu à trois questions :
1- Expliquez-nous en quoi l’entrepreneuriat féminin est un levier incontournable pour l’économie malienne ?
L’entrepreneuriat féminin est un levier incontournable pour l’économie et la société malienne.
Ne dit-on pas que « Quand les femmes avancent, le monde avance avec elles » ! Les femmes sont multitâches et sont prêtes à tout pour faire fonctionner leurs foyers. Cela dénote d’une certaine prédisposition ou capacité à coordonner plusieurs ensembles au niveau familial et je vois bien cette habilité extensible à l’entreprise, avec bien sûr les ajustements nécessaires. Au Mali, la majorité des entreprises féminines sont pérennes et impactent positivement dans l’économie. C’est la proportion qui est encore faible. Pour être brève, je dirais que l’entreprenariat féminin permet aux femmes d’être autonomes, indépendantes, d’avoir plus confiance en elles, et d’être émancipées. Une fois ces valeurs acquises, elles agissent positivement dans l’économie et surmontent plus facilement les obstacles culturels néfastes à leur épanouissement.
2- Quelles sont les contraintes et opportunités rencontrées par les femmes entreprenantes ou dirigeantes dans votre secteur ?
A mon avis, les contraintes rencontrées par mes paires sont d’ordre culturel pour ce qui concerne la mentalité d’auto censure, d’ordre financier pour l’inaccessibilité au financement et d’ordre professionnel pour la formation inappropriée, impertinente qui sont des freins à toute entreprise pérenne.
L’accès au financement reste une des difficultés majeures. Il n’est pas relatif au statut de la femme. Je pense surtout que tout entrepreneur doit absolument mériter ses faveurs ou avantages.
La question de discrimination pour moi est une question de travail et de performance, et j’arrive à débroussailler mon chemin tant bien que mal.
Je conseille aux entrepreneurs de surtout croire en leurs entreprises et de sortir des clichés handicapant sur le Genre. Je suis consciente que les femmes n’ont pas les mêmes chances que les hommes pour démarrer et faire croître leur entreprise. Je suis consciente, aussi, et reconnaissante d’être parmi celles qui ont pu faire le bon pas.
Il y a également la disponibilité des ressources humaines de qualité qui fait défaut. Eh bien c’est l’aspect le plus difficile ; tant pour l’avoir que pour le gérer à bon escient.
3- Selon vous comment promouvoir l’accès effectif et pérenne des femmes battantes aux instances de prise de décisions ?
Selon moi, Il faut résoudre le problème des trois C : manque de confiance, manque de capacités et manque de capital. La promotion de l’accès effectif des femmes battantes aux instances de prise de décisions doit se faire par l’accès au crédit financier (bancaire ou de microfinance), par la formation initiale et continue et par l’information et la sensibilisation.
Nous devons aussi voir le verre à moitié plein car l’entrepreneuriat féminin est en plein développement dans le monde, et les femmes ont de plus en plus l’opportunité de s’exprimer et d’exprimer leur savoir-faire, même au Mali. Ça c’est déjà une avancée !
De notre correspondant à Bamako Diakaridia Dembele
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