Les TIC : Condition essentielle pour le développement économique
Les TIC sont un outil essentiel du développement. Si elles sont utilisées à bon escient, elles peuvent donner toute la mesure de leur immense potentiel au service du développement social et économique. Toutefois, elles ne constituent pas une fin en soi, mais elles doivent être considérées comme un moyen, un outil pour concourir à la réalisation des objectifs de développement, en particulier l’atteinte des objectifs du millénaire, qui tournent autour de réduction de la pauvreté, de la fracture numérique, de la santé, de l’enseignement et de la préservation de l’environnement.
Au Sénégal, le développement des réseaux a été pris en main depuis au moins une vingtaine d’années, eu égard aux résultats enregistrés. Le réseau d’infrastructures est numérisé à 100% et touche les centres de commutation, les artères de communication et le réseau international. Le Sénégal est en liaison avec plus de 40 pays du monde entier et est bien intégré au réseau mondial des câbles sous-marins de fibre optique.
Cependant, si cette description est optimiste parce qu’elle présage d’un développement du cyberspace et des innovations inhérentes, il n’en demeure pas moins qu’elle est loin de la réalité. En effet, depuis les journées de libéralisation des télécommunications/TIC tenues en 2004, le constat est là : une planification stratégique du secteur orientée vers le développement pour booster l’économie dans son ensemble fait défaut. Un manque d’écoute particulière de la part des Autorités (Ministère des Télécoms et Régulateur ARTP) au secteur des télécoms/TIC est patent.
En réalité, la problématique du développement de ce secteur est perçue par ces Autorités sous l’angle d’un réseau avec des fils, des câbles et des ordinateurs. Or, un pays ouvert à l’économie du numérique, c’est un pays qui partage avec ses citoyens des compétences et des connaissances universelles dont ils ont besoin pour profiter de l’infrastructure du savoir et de l’information qui évolue si rapidement.
Alors, pourquoi l’Etat doit revoir son orientation politique et intervenir ? Pour deux raisons :
- L’Etat doit intervenir ne serait-ce que pour la collecte d’informations qualitatives et quantitatives nécessaires à la conduite des analyses des marchés. En effet, l’Etat doit faire l’inventaire de ses capacités matérielles et financières permettant d’offrir aux populations des services de choix qui ne les priveront d’aucun accès au monde extérieur et au nouvel espace virtuel ;
- L’Etat doit, à travers une réelle volonté politique, développer des stratégies d’accès à cet espace virtuel, lesquelles stratégies ne peuvent s’exercer dans un environnement sécurisé sans une surveillance et sans une planification qui fait appel aux meilleures compétences.
Au Sénégal, c’est le Ministère des Télécommunication et l’ARTP qui sont chargés de veiller à ce que le développement équilibré des télécommunications/TIC, soit une réalité, parce qu’il y a un intérêt pour les particuliers, le secteur privé et les autres organismes publics. Ceci pour deux raisons principales :
1 – l’utilisation et le déploiement des TIC doivent contribuer à faciliter la vie quotidienne des populations dans tous les domaines, à favoriser l’élimination de la pauvreté et le développement économique, social et culturel ;
2 – les TIC doivent également contribuer à établir des structures durables de production et de consommation et à atténuer les obstacles traditionnels, donnant ainsi à tous la possibilité d’accéder aux marchés locaux et aux marchés mondiaux de façon plus équitable. Par conséquent, les applications devraient être plus conviviales, accessibles, abordables, adaptées aux besoins locaux en termes de cultures et de langues et faciliter le développement. C’est tout le sens de l’économie du numérique.
Quel est l’impact de la Régulation du marché des Télécommunications/Tic sur l’économie du numérique
Pour bien comprendre les enjeux des télécommunications/TIC, il faut se situer dans une perspective mondiale. Aujourd’hui, l’ensemble de l’économie mondiale fait face à une crise financière, et les avis divergent sur les répercussions du ralentissement économique sur le secteur des télécommunications/TIC.
Face à cette situation, l’Etat ne doit pas rester inactif. Il doit inventer des moyens d’incitation créatifs pour renforcer la confiance du consommateur et des investisseurs. Son action, dans un contexte de crise économique mondiale, doit être axée sur le renforcement de la confiance, la réduction des risques et la promotion des investissements.
L’impact de la crise financière sur les investissements consacrés au secteur des télécommunications/TIC au Sénégal, a eu pour conséquence que les investisseurs les plus actifs ont été amenés à réexaminer de près leurs stratégies. Et même si les investissements ont continué et qu’il ait eu des opportunités – comme la finalisation de la licence Expresso – une attitude de prudence est notée. En effet, la diligence attendue par les investisseurs n’a pas eu du côté des autorités le répondant souhaité, et un des principaux aspects de cette diligence, est le risque réglementaire, que la nouvelle loi votée et qui porte code des télécommunications ne semble pas satisfaire. En l’espèce, des appréhensions existent, quant à l’efficacité de la nouvelle loi.
Une nouvelle réglementation et une réforme dans le secteur des Télécommunications/TIC est nécessaire.
Lorsqu’on cherche à cerner spécifiquement les problèmes du secteur des télécommunications/TIC depuis 2008 au Sénégal, il est manifeste qu’il s’agit principalement d’une crise du financement et de l’investissement. Dans cette situation, ce qui est attendu de l’Etat, ce sont des mesures hardies, capables de s’attaquer au problème du fléchissement de l’économie nationale, pour éviter que le secteur sombre dans une crise dont les répercussions financières seront catastrophiques pour le pays. Pour ce faire, il convient de prendre :
- Des mesures d’appuis financiers qui offrent des mécanismes de financements des investissements potentiels ou existants et en offrant un financement du secteur public, notamment par le jeu de « montages de stimulation » et de partenariats public/privé (PPP) ;
- Des mesures de réduction des coûts de l’activité économique, en reconnaissant la nécessité de réduire les dépenses d’équipements et les dépenses d’exploitation des opérateurs et de relever les marges d’exploitation et les bénéfices par le jeu d’incitation financières directes. Il s’agira de promouvoir des mesures de réglementation axée sur le rendement ;
- Des mesures pour l’élaboration d’un plan de relance économique à travers de programmes afin de stimuler à court terme une dynamique d’investissement dans le secteur. Si l’on considère que le secteur des télécommunications/TIC a une incidence sur la croissance globale, il apparaît impératif face à la crise actuelle qu’un plan de relance soit mis en place afin d’augmenter la part de contribution du secteur sur le PIB ;
- Des mesures de baisse des coûts en adoptant une réglementation des coûts des produits et services offerts ;
- Des mesures encourageant l’innovation technologique. Le Sénégal participe très peu à l’innovation technologique et si on regarde les innovations dans le secteur des télécommunications/TIC, les plus utilisées sont orientées vers les services, et ces services doivent être adaptés aux réalités de notre société ;
- Des mesures encourageant le partage d’infrastructures. Le risque le plus sensible dans l’investissement des télécommunications/TIC est associé au déploiement onéreux des réseaux qui représentent des coûts irréversibles. Il est donc logique que les opérateurs soient encouragés pour le déploiement complet des réseaux, associé à une utilisation complète et efficace des réseaux existants, tout en faisant baisser les dépenses d’exploitation. Le partage des infrastructures est l’une des stratégies qui permet d’y parvenir.
Le marché des télécommunications/TIC au Sénégal, comme dans tous les pays en voie de développement est caractérisé aujourd’hui par l’environnement international et mondial du commerce et des échanges. Au-delà des règles classiques de régulation, les enjeux et perspectives interpellent la capacité d’anticipation et de prospective. Des efforts doivent être orientés vers la recherche de solutions qui peuvent aider à :
- sortir ou à atténuer les effets de la dépression économique actuelle, par la promotion de l’adoption de solutions de facilitation de l’accès au financement des investisseurs ;
- offrir aux acteurs des possibilités visant à attirer l’investissement et à réduire le risque lié à la réglementation par la mise en place d’une politique réglementaire et institutionnel qui soit capable de renforcer la crédibilité du régulateur et qui donne des garanties quant à la bonne gouvernance ;
- à renforcer la concurrence en levant les obstacles à l’entrée sur le marché ou les segments du marché ;
Faciliter l’accès aux TIC pour le développement de l’économie numérique.
Le fossé numérique se creuse entre ceux qui ont accès à l’information et ceux qui en sont exclus. L’Afrique est la principale victime du fossé numérique. Pourtant, les services de télécommunications/TIC ne sont plus un luxe, mais un moyen indispensable pour travailler efficacement et participer à l’activité mondiale.
Le Sénégal, accorde une importance capitale au développement des TIC, qui constitue un des leviers les plus importants pour l’atteinte des objectifs de développement économiques et sociaux. En définitive, la fracture numérique entre le Nord et le Sud n’est pas un simple problème économique, c’est une question de choix de société. Il est donc important d’agir pour mettre le Sénégal en phase de la révolution numérique qui induit l’économie du numérique au service du développement en privilégiant le recours aux TIC.
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