Axé sur le thème : « Promouvoir une gouvernance foncière durable en Afrique pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) », l’évènement qui va durer quatre jours, « est au cœur des préoccupations de bon nombre d’entre nous », a estimé le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, (CEA) , Claver Gatete, soulignant que « l’Afrique s’est engagée dans l’agro-industrialisation pour la création de valeur ajoutée et la diversification économique, en tant que base pour renforcer les avantages de La ZLECAF »
Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, la ZLECAF vise à sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté, d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards d’USD, tout en connectant 1,3 milliard de personnes.
Dans un discours lu par Robert Lisinge, Directeur par intérim de la Division du développement du secteur privé et des finances, de la CEA, Claver Gatete souligne que « cela est important compte tenu de l’explosion de la jeunesse et des possibilités offertes par une numérisation toujours plus rapide, y compris dans les secteurs basés sur la terre tels que l’agriculture ».
La bonne gouvernance foncière
Grâce à la numérisation, les jeunes ont donc un grand potentiel à exploiter dans le secteur croissant de l’agriculture et de l’agro-industrie, qui devrait représenter 1 000 milliards de dollars américains d’ici à 2030, a-t-il poursuivi, relevant qu’il s’agit là d’un fruit à portée de main, étant donné que la plupart des jeunes Africains, soit environ 40 à 60 % d’entre eux, sont déjà engagés dans l’agriculture et l’agro-industrie.
Le Secrétaire exécutif de la CEA a en outre indiqué que « des systèmes de gouvernance foncière sains sont essentiels pour permettre aux jeunes, aux femmes, aux communautés et au secteur privé de s’engager et de bénéficier de La ZLECAF et de la numérisation ».
A son avis, la bonne gouvernance foncière favorise l’accès sécurisé à la terre et crée un environnement propice aux investissements qui sont essentiels pour libérer les capacités productives de l’Afrique.
Hans Lundquist, Ambassadeur de la Suède en Ethiopie et Djibouti, et Représentant Permanent à l’UA, a l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en Afrique de l’Est et la CEA, a réaffirmé l’importance de la gouvernance foncière pour la réalisation de l’Agenda 2063 de l’UA et des Objectifs de développement durable (ODD).
« Le futur de l’Afrique se dessine na travers la mise en œuvre de la Zlecaf et d’une bonne application des reformes foncières », note-t-il.
La ministre des Terres, du logement et du développement urbain de l’Ouganda, Judith Nabakooba, a pour sa part salue la tenue de la Conférence, soulignant qu’elle démontre la volonté commune des dirigeants africains « d’élaborer des politiques qui façonneront l’avenir de la gestion des terres sur notre continent ».
Elle a invité les participants à « trouver des solutions innovantes aux défis auxquels nous sommes confrontés dans le domaine de la gouvernance foncière ».
« Une gestion efficace des terres n’est pas seulement une question de politique ; c’est la pierre angulaire d’un développement durable qui a un impact direct sur les moyens de subsistance de nos concitoyens », a-t-elle assurée.
L’utilisation durable des ressources foncières
La Commissaire de l’Union africaine chargée de l’Agriculture, du développement rural, de l’Economie Bleue et de l’Environnement durable, Josefa Sacko, intervenant par visioconférence depuis Luanda (Angola) a déclaré que des avancées significatives ont été réalisées en matière de politiques foncières dans les États membres, ajoutant que la mise en œuvre des politiques visant à encourager les pratiques d’administration foncière durable a connu un élan notable.
« L’engagement et l’effort collectif de toutes les parties prenantes ont contribué à la formulation et à l’application de politiques visant à promouvoir un accès équitable à la terre, à protéger les droits fonciers et à garantir l’utilisation durable des ressources foncières »,a-t-elle dit, relevant à ce propos les progrès significatifs enregistrés par les femmes dans la promotion des droits fonciers, conformément à l’agenda de l’Union africaine sur la terre.
Elle a révélé que le Centre africain de politique foncière (ALCP, sigle en anglais) a entamé le processus d’élaboration de la stratégie continentale pour l’intégration de la dimension de genre dans les secteurs fonciers nationaux.
Parallèlement aux progrès acquis en matière de droits fonciers des femmes, Mme Josefa Sacko a déclaré que l’organisation continentale continue de se pencher sur la dynamique des investissements fonciers à grande échelle en Afrique.
« L’intérêt croissant des investisseurs nationaux et étrangers pour l’acquisition de vastes étendues de terres a suscité des efforts concertés pour veiller à ce que ces investissements soient conformes aux principes de l’investissement agricole responsable et respectent les droits fonciers des communautés locales et des petits exploitants agricoles », a-t-elle assuré.
A cet égard, a-t-elle poursuivi, il est impératif que ces investissements contribuent au développement durable, à la réduction de la pauvreté et à la croissance inclusive, tout en préservant les droits de tous les utilisateurs des terres.
Soulignant le « défi mondial pressant « que représente le changement climatique, elle a plaidé pour l’intégration de pratiques de gestion des terres résilientes au climat dans les politiques publiques, notant que « le changement climatique constitue une menace importante pour la productivité agricole, la gestion des ressources naturelles et la stabilité générale des moyens de subsistance des populations rurales ».
Le commerce intra-africain
Relevant le « lien intrinsèque » entre les politiques foncières et l’intégration économique régionale La Commissaire de l’Union africaine chargée de l’Agriculture, du développement rural, de l’Economie Bleue et de l’Environnement durable, affirme que « la ZLECAF représente une opportunité de transformation pour le commerce intra-africain, l’industrialisation et la croissance économique, et une gouvernance foncière cohérente est fondamentale pour réaliser son plein potentiel ».
Parlant au nom de la Banque africaine de développement (BAD) Mme Kanziemo Leontine, Conseillère, Gestion des Ressources naturelles a donné l’assurance que l’institution financière multinationale de développement continuera à veiller à ce que tous les pays membres régionaux intègrent la terre au centre de leur développement national et de leurs cadres politiques. La BAD, a-t-elle ajoute, continuera à plaider pour le développement de processus d’élaboration de politiques foncières favorables aux pauvres, à renforcer les capacités des institutions foncières nationales et à soutenir des droits fonciers inclusifs pour la mise en œuvre des stratégies et des programmes de réduction de la pauvreté dans les pays.
Egalement, l’institution financière multinationale de développement est déterminée à mettre en œuvre la déclaration foncière de l’UA, à entretenir et à favoriser le partenariat avec la CEA et la Commission de l’Union africaine en renforçant l’initiative tripartite qu’est le Centre africain de politique foncière (CPLA).
Organisée tous les deux ans par le Centre africain sur les politiques fonçières, une initiative conjointe de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de la Banque africaine de développement (BAD), le thème de la conférence s’aligne sur le thème de l’Union africaine de 2023 : « Accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf ».
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