C’est une liste de neuf difficultés qui a été déposée sur la table du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ par le Président de l’association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal (APBEFS), pour le compte du secteur bancaire le mardi 09 janvier 2018 à l’occasion de la séance de concertation entre la tutelle et l’APBEF. Cette rencontre rentre dans la logique d’installation d’un dialogue fécond avec l’ensemble des acteurs économiques et sociaux du pays, d’où les séances antérieures avec le secteur des assurances et celle avec la microfinance.
Dans sa plaidoirie au nom de ses pairs directeur généraux d’établissements financiers, le président de l’APBEFS, Mamadou Bocar Sy a d’abord fait le focus sur le rôle que les structures financières jouent dans le renforcement de l’économie. «La banque a comme principal socle l’économie du pays dont nous saluons les performances. Nous sommes partie prenante et maillon important du dispositif avec, au 31 décembre 2017, 28 établissements financiers, 5150 collaborateurs permanents, 412 agences à travers le pays et 1,000.597 comptes bancaires. Nous portons sur 2016 des engagements de 3331 milliards contre 2954 milliards en 2015. Certes, nous pouvons et devons mieux faire, c’est une performance encourageante dans un contexte de faible taux de 18% de bancarisation, mais avec un taux brut élevé de dégradation de portefeuille de 18% quand la norme dans certains pays est à moins de 10%. Ces chiffres nous interpellent tous pour atteindre une inclusion à hauteur de nos attentes respectives. Cela passera aussi par la formation et la sensibilisation de la population d’où l’importance des bureaux d’information pour le crédit (BIC) entre autres» a informé Bocar Sy.
Listant les contraintes auxquelles font face les établissements financiers, Bocar Sy insiste sur le calendrier chargé des banques d’où même le retard accusé dans la réponse à la sollicitation des équipes du MEFP à les rencontrer. «Nos agendas ont été surbookés du fait de la préparation des projets Bâle 2 et 3, et du nouveau plan comptable (Pcb). Et nous étions aussi pris dans la recherche de ressources pour le financement du Pse» a motivé M. Sy
Avant d’exposer, ce de manière subtile, les problèmes des institutions financières. Entre les lignes du speech de Mamadou Bocar Sy, il est laissé entrevoir que les banque souffrent des impayés, des procédures pénales pour des affaires commerciales, entre autres. «Tout en poursuivant nos efforts de maîtrise du risque, nous nous préoccupons du niveau élevé des impayés dont la gestion contentieuse est source d’une grande inquiétude de la part de notre profession et des directeurs généraux. Il nous arrive, dans le recouvrement de nos engagements, d’être attrait personnellement en procédure pénale pour des affaires commerciales. C’est la loi certes, mais elle expose les soldats de l’économie que nous sommes, et peut fragiliser le financement de nos économies. Tout de même nous apprécions les efforts de l’Etat à travers les réformes judiciaires engagées dont la création d’un tribunal de commerce n’est pas la moindre. Nous souhaitons la poursuite de ces réformes car elles permettront, entre autres perspectives, de renforcer le financement de la PME, moteur de notre croissance économique» a indiqué le président de l’APBEFS.
Au plan réglementaire, Mamadou Bocar Sy informe que les banques ont démarré à la date du 1er janvier 2018 la mise en œuvre du plan comptable bancaire révisé et la transposition à la réglementation Bâle 2/Bäle 3. Et tout en saluant les mesures de résiliences visées, elles suivent de prés les impacts que ces réformes peuvent avoir sur le crédit, la bancarisation, la fiscalité, le traitement des créances en souffrance, et plus généralement les performances des institutions. M. Sy a ainsi suggéré que les charges de mise à niveau des systèmes d’informations fassent l’objet d’un amortissement étalé pour réduire l’impact sur leurs charges et sur le coût du crédit. Pour ce qui concerne la sécurité, les banques continuent de s’organiser par des actions de dissuasion et d’anticipation. «Sans négliger la sécurité physique de nos sites, de leurs occupants et de leur contenu, notre inquiétude intègre de plus en plus les cyber attaques. Néanmoins nous comptons sur vos moyens et réseaux mondiaux pour conforter la cyber sécurité de notre environnement national» a soutenu M. Sy.
L’APBEFS n’a pas manqué de rappeler l’amélioration de sa communication avec la clientèle et les efforts déployés pour réduire les contentieux en amont, à travers une collaboration avec l’observatoire de la qualité des services financiers (ODSF).
Hisser le secteur bancaire à la hauteur des ambitions d’émergence
Venu présider l’événement, le ministre de l’Economie des Finances et du Plan, Amadou Bâ a signalé que l’objectif du gouvernement est de renforcer le cadre d’exercice de la profession bancaire et la confiance entre partenaires afin de hisser le secteur à la hauteur des ambitions d’émergence du pays. C’est d’ailleurs pour cela qu’Amadou Bâ a indiqué que cette concertation devrait servir à mettre à niveau la profession bancaire sur la situation économique du pays et porter ses préoccupations ainsi que celles de l’Etat relativement aux questions économiques en général et au financement de l’économie en particulier. «Les banques constituent un des maillons importants du secteur financier et leur contribution majeure dans le financement de l’économie en fait des interlocuteurs privilégiés du gouvernement. L’émergence économique vers laquelle nous tendons suppose l’existence d’un système bancaire fort, dynamique, résilient et inclusif qui accompagne l’activité de création de richesse au niveau des secteurs prioritaires et stratégiques définis par l’Etat» a défendu le ministre.
Analysant cette concertation sous l’angle du financement du PSE, le directeur du financement et de la compétitivité, Papa Amadou Sarr, par ailleurs délégué en charge du Fonds de financement rapide, est revenu sur la dynamique d’asseoir un cadre permanent de dialogue public privé en vue d’une meilleure collaboration entre la tutelle et les professionnels du secteur économique et financier. «Dans un contexte de lancement de la phase 2 du Pse, il est important et opportun de renforcer la synergie entre les acteurs du secteur économique afin d’améliorer la croissance économique. C’est d’ailleurs pour cela que la tutelle mettra tous les efforts nécessaires pour accompagner les établissements financiers car nous comptons sur le secteur privé, plus particulièrement le secteur bancaire, pour prendre le relais des financements des projets du PSE» a lancé Papa Amadou Sarr.
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