A quelques jours de la fête de l’Eid El Kebir, communément appelée Tabaski, beaucoup de femmes sénégalaises achètent des cheveux afin d’en faire des tissages, des extensions ou des perruques. Vue l’offre diversifiée, certaines ne savent plus à qui se fier pour en avoir de bonne qualité, à un prix abordable et surtout sans courir le risque d’être arnaquée. Réussir Business est allée à la rencontre de quelques vendeuses pour aider ces femmes à opérer le meilleur choix.
Le marché du cheveu est florissant au Sénégal. D’ailleurs une femme noire dépense six fois plus qu’une femme caucasienne en produits de beauté et extensions. Le marché de l’exportation de cheveux indiens est estimé à une valeur d’environ 393,5 millions de dollars par an, avec un taux de croissance annuel entre 10 et 30 pour cent. L’Afrique est un marché privilégié. Son marché des tissages, perruques et extensions est actuellement estimé à 6 milliards de dollars par an et en plein essor. Le Sénégal à l’image du Ghana ou du Nigéria en importe beaucoup.
Coco Ndao Dial, qui évolue dans le secteur de la coiffure et de vente de cheveux humains, nous apprend que «la plupart des cheveux humains viennent de l’Inde, où ils sont donnés le plus souvent comme offrande religieuse. Les donateurs, qu’ils soient hommes ou femmes viennent se faire raser dans les temples et donnent cela à leurs dieux comme Shiva ou Murugan».
Ainsi, ce sont plus de 1400 kilos de cheveux qui sont récoltés chaque jour en Inde soit 500 tonnes par an puis exportés à travers le monde. Ils serviront à faire des extensions ou des perruques vendus à prix d’or dans les marchés et salons de coiffure.
A ce propos, Coco Ndao nous apprend que « la vente de cheveux est assez rentable et je ne me plains pas, surtout à l’approche des fêtes comme celle de la tabaski. Les femmes achètent des cheveux pour se coiffer, l’offre est diversifiée il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Ma perruque la moins chère coûte 50000 francs CFA. Cependant il faut éviter d’acheter des cheveux qui sont chers et de mauvaise qualité ».
En effet, lorsque l’acheteuse n’a pas assez d’expérience par rapport à l’achat de cheveux, elle court souvent le risque d’être arnaquée.
Comment reconnaître un cheveu de bonne qualité ?
Hadjara Bonardi Cissé, Propriétaire de Brght R qui a accepté de répondre aux questions de Réussir Business, donne quelques conseils aux acheteuses de cheveux naturels afin de leur guider dans leur choix. Ainsi, elle explique que « pour reconnaitre la qualité des cheveux, la première chose à faire est de se focaliser sur l’aspect visuel qui est très révélateur. Le vrai cheveu n’a pas de fils qui dépassent. Déjà un à deux fils ça va, mais au-delà cela fait douter. Ensuite il y a la texture qu’il faut voir car par exemple cheveux indiens à la base ne sont pas totalement raides et sont assez épais. Les cheveux brésiliens ou chinois sont plus raides que les cheveux indiens. L’autre aspect c’est l’odeur, il faut toujours sentir les cheveux, lorsqu’ils sentent du pétrole par exemple il faut s’en méfier car cela montre qu’ils ont été beaucoup transformés et à la longue ils se gâtent. Ensuite il y a le haut du cheveu qui sert de base pour le tissage qui doit être assez épais. Aucun fil ou cheveux ne dépasse ni à vue d’œil ni pendant le brossage. Ils sont très bien cousus. Enfin Il faut que les cheveux soient doux, si vous en acheter il faut beaucoup les toucher, les agresser à la limite pour voir si les cheveux tombent ou non. S’ils tombent c’est que la qualité reste à désirer ».
Même son de cloche chez Coco Ndao Dial, qui nous apprend qu’il y a plusieurs qualités de cheveux humains « qui se différencient selon le grade, il y a par exemple le grade 5 a ou 9 a. Maintenant le souci en est que parfois, des personnes véreuses peuvent vous vendre du 5 a ou parfois moins au même prix que le 9 a, si la cliente ne s’y connaît pas elle court le risque d’être arnaquée ».
A ce sujet Hadjara Cisse, invite les vendeuses à être honnêtes et à dire la provenance de leurs cheveux à leurs clientes car « mieux vaut vendre des cheveux naturels de bonne qualité à un prix assez abordable que de les vendre à un prix cher avec une mauvaise qualité. Les prix de mes perruques par exemple varient de 75000 francs cfa à 193000 francs cfa ».
Abordables selon Madame Bonardi mais chers pour certaines clientes. C’est le cas de Léna Ndiaye, une adepte des cheveux humains, «on ne peut pas dire que cela ne coûte pas cher, c’est faux. Les cheveux coûtent chers, pour en avoir je suis obligée d’adhérer à des tontines de cheveux organisées par certaines vendeuses ou de les prendre à crédit. Sinon c’est un peu difficile de débourser plus de 100000 francs CFA d’un seul coup. Mais que faire ? La beauté n’a pas de prix je crois».
Elle termine sa phrase, le sourire aux lèvres et la perruque de cheveux bien épinglé sur sa tête. Elles sont nombreuses, ces femmes sénégalaises qui sont prêtes à débourser de fortes sommes d’argent pour avoir des cheveux humains malgré les prix parfois exorbitants pour un pays qui comptait plus de 6 millions et demi de pauvres en 2016.
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